Mort du Maréchal Idriss Deby : La lutte contre le terrorisme au sahel orpheline d’un grand chef de guerre

D’après un communiqué lu à la télévision nationale tchadienne, le Maréchal Idriss Deby Itno est mort ce mardi, 20 avril 2021. Il a été mortellement blessé lors des combats entre son armée qu’il commandait et les rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (FACT).

Le communiqué annonçant sa mort a été lu par le Général Azem Bermandoa Agouna, porte-parole de l’armée tchadienne sur la télévision d’Etat, TV Tchad. Il nous apprend que « le Président de la République, Chef de l’État, Chef Suprême des armées, Idriss Déby Itno, vient de connaître son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille. C’est avec une profonde amertume que nous annonçons au peuple tchadien le décès ce mardi 20 avril 2021 du maréchal du Tchad ».

Le Général Azem Bermandoa Agouna était entouré pour la circonstance par un gratin d’officiers de l’armée tchadienne parmi lesquels on reconnait le fils du Maréchal, le Général de Corps d’Armée Mahamat Idriss Deby, âgé de 37 ans.

Désormais, c’est à ce dernier que revient la charge de diriger la transition qui conduira à un retour à une vie constitutionnelle normale dans son pays.

Il préside dans ce cadre aux destinées du Conseil Militaire de Transition(CMT) mis en place peu après le décès de son père. Ledit Conseil Militaire de Transition est composé de 15 membres. Son premier acte a consisté à dissoudre toutes les institutions de la République du Tchad.

Le défunt père du Général de Corps d’Armée Mahamat Idriss Deby était au pouvoir depuis une trentaine d’années. Le Maréchal Idriss Deby Itno était un militaire de carrière venu à la tête de l’Etat tchadien après avoir chassé du pouvoir le Président Hissène Habré le 2 décembre 1990. Il était arrivé à N’Djamena à la tête du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), un mouvement rebelle qu’il a créé des suites de sa brouille avec ce dernier.

Depuis qu’il ait pris la place du Président Habré, il s’était incrusté au pouvoir pendant 5 mandats présidentiels. Natif de Fada dans le nord-est tchadien, il est issu de la tribu des Zaghawas. Sa mort à l’âge de 68 ans rend orpheline la lutte contre le terrorisme au Sahel. Ses soldats ont partout fait preuve d’héroïsme dans ce cadre et 1200 d’entre eux sont actuellement déployés dans la zone des 3 frontières à Téra au Niger, une zone en proie à de récurrentes attaques terroristes.

Le Maréchal Idriss Deby Itno a eu ses gallons de Maréchal après avoir conduit son armée à une victoire éclatante face aux terroristes de Boko Haram.

Après que ces derniers aient massacré près d’une centaine de ses soldats à Boma, une île du Lac Tchad, le Maréchal a pris sa canne de chef de guerre et a lancé une opération de grande envergure pour laver l’affront.

Plus d’un millier de terroristes ont, alors, été neutralisés par l’armée tchadienne, des centaines ont été faits prisonniers, leurs bases disséminées dans les îles du Lac Tchad ont été détruites et des milliers et des milliers d’armes leur appartenant ont été saisies au cours de cette opération connue sous le nom de ‘’Opération Colère de Boma’’.

Ce haut fait d’armes du Président tchadien l’a auréolé d’une grande renommée qui dépasse les frontières de son pays et du continent africain.

Avant sa mort, il était le Président en exercice du G5-Sahel, une institution composée de 5 Etats africains du Sahel dont la principale vocation est la lutte contre le terrorisme.

Le Maréchal Idriss Deby Itno venait d’être élu pour un 6ème mandat quand la mort le surprit. Il a été mortellement blessé pendant qu’il commandait son armée contre les rebelles du FACT.

Le FACT, un front rebelle dirigé par Mahamat Mahdi Ali, un franco-tchadien de la tribu Goranne, âgé de 57 ans et réfugié en France depuis plus de 25 ans.

Ce dernier est un habitué du coup de feu dans le Sahara qui a été plusieurs fois insurgé contre le régime central de N’Djamena, à travers plusieurs fronts rebelles. C’est dans le but de chasser le Maréchal Idriss Deby Itno qu’il a lancé sur plusieurs fronts une grande offensive sur la Capitale tchadienne. Aux dernières nouvelles, son mouvement a pris plusieurs villes dans le nord du pays de Toumaï.

Bassirou Baki Edir