Vendredi 02 avril 2021, le président élu, Bazoum Mohamed, a prêté serment, en présence d’une dizaine de chefs d’État africains, au Centre international de conférences Mahatma Gandhi de Niamey. D’autres personnalités de haut rang représentaient leurs pays. Ces sommités sont venues honorer le Niger et encourager le nouveau président de la République. À l’heure où le pays souffre d’attaques jihadistes contre les populations civiles, cette solidarité et cette amitié revêtent une importance particulière.
Dix pays étaient représentés à l’investiture de Son Excellence, Monsieur le Président Bazoum Mohamed, par leurs Chefs d’État respectifs : le Burkina Faso, Les Comores, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, la République islamique de Mauritanie, le Sénégal, le Tchad, et le Togo. Le Président du Haut-Conseil d’État de Libye était là, de même que le vice-président de la Turquie. Le Président du sénat du Rwanda a fait le déplacement de Niamey. L’Algérie et le Gabon ont envoyé leurs Premiers ministres. Le Congo-Brazzaville, la Côte-d’Ivoire, la France, la Gambie, le Grand-Duché du Luxembourg, ainsi que la République fédérale du Nigéria étaient présents, à travers leurs ministres des Affaires étrangères. Le Mozambique a dépêché son ministre de la Défense dans la capitale nigérienne. Des quatre coins du continent, ont donc afflué des délégations de haut niveau. Et ce n’est pas tout. Un ancien chef d’État du Bénin et un autre du Nigéria n’ont pas souhaité se faire conter l’événement et sont venus. Les présidents des Commissions de l’Union africaine et de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), ainsi que la vice-présidente de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEMAC), étaient de la partie. Enfin, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations-Unies pour l’Afrique de l’Ouest, la Secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et le Secrétaire général adjoint de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) se comptaient parmi ces invités de marque. À cette liste, on peut ajouter les diplomates en poste à Niamey, qui ont représenté leurs pays à cette cérémonie grandiose, en guise de rappel de soutien au nouveau président.
Contexte sécuritaire préoccupant
Quarante-huit heures après une tentative de coup d’État, et au moment où le pays est frappé par les pires attaques djihadistes de ces dernières années contre les civils, la présence, à Niamey, de cet aéropage de dirigeants sonne comme un réconfort moral pour les Nigériennes et les Nigériennes. Leur venue est aussi un avertissement implicite à l’endroit de ces ennemis des pays sahéliens : le Niger n’est guère seul, dans son combat implacable contre eux. L’autre message, subliminal, celui-là, s’adresse à l’ensemble des acteurs politiques nigériens : la campagne électorale est finie parce que le nouvel ordre établi est acté par la communauté internationale. Tous ces pays amis ont tenu à rendre hommage au Président sortant, Issoufou Mahamadou, entre autres, pour les diverses actions de leadership qu’il a menées, tout au long de ses deux mandats, au profit du continent africain. La mise sur rails de la Zone de libre échange continentale africaine (ZLECAf) n’est pas le moindre des chantiers menés à bien.
Alternance historique
Les dirigeants de ces pays amis sont venus aussi célébrer l’Alternance pacifique et le premier passage de témoin d’un président élu à un autre, dans l’histoire du Niger. Ils sont venus, enfin, féliciter et encourager le tout nouveau Président, SEM Bazoum Mohamed. En effet, ils connaissent les grands défis qui l’attendent. Le premier est la nécessité de maintenir le contact permanent avec son rival, Monsieur Mahamane Ousmane, qui n’a toujours pas concédé sa défaite, en dépit de l’arrêt de la Cour constitutionnelle le plaçant dans cette position. Tant que les deux hautes personnalités se parlent, l’espoir est permis qu’une issue pacifique soit trouvée à la situation ambiante. Le deuxième est l’urgence de recoudre le tissu social, déchiré par une campagne électorale calamiteuse et empreinte de violence, verbale et même physique. Dans son discours d’investiture, ce 02 avril, le nouveau président s’est, effectivement, déclaré « disposé à un dialogue constructif » avec son rival en vue de parvenir à « un climat politique apaisé ». Les attaques contre les civils, qui se sont multipliées depuis le début de cette année, constituent le troisième défi majeur. Plus de 300 personnes tuées dans trois attaques contre des villages et des campements, dans l’ouest du pays. D’ores et déjà, le Président Bazoum accuse ces jihadistes, affiliés à l’État islamique au Grand Sahara (EIGS) et à Al-Qaïda, de crimes de guerre. Concernant le combat contre ces groupes jihadistes, essentiellement basés au Mali, il « sera très difficile, aussi longtemps que l’État malien n’aura pas exercé la plénitude de sa souveraineté » sur les régions de Gao ou Ménaka (Nord-Est), a jugé M. Bazoum. »La situation actuelle du Mali a un impact direct sur la sécurité intérieure de notre pays », a-t-il insisté, ajoutant : « C’est pourquoi notre agenda diplomatique sera centré sur le Mali ». Le Président de la Transition du Mali, Bah N’Daw, colonel major à la retraite et, par ailleurs, ancien ministre de la Défense et des Anciens Combattants, aura enregistré le message. Le Niger fait face, également, dans le Sud-Est, frontalier du Nigeria, aux attaques du groupe jihadiste nigérian Boko Haram. Au lendemain de la prestation de serment du Président Bazoum, une double attaque y a provoqué la mort de quatre soldats et fait des blessés.
Fort de ce soutien mobilisé à Niamey, à l’occasion de son investiture, le Président Mohamed Bazoum va pouvoir s’attaquer à ces grands défis et à plein d’autres. Que Dieu l’assiste !
André Marie POUYA
Niger Inter Hebdo N°15