Hier, 4 décembre 2020, c’était le tour du candidat du MPN Kiishin Kassa qui a répondu au face à face aux étudiants. L’ancien syndicaliste et altermondialiste a retrouvé un cadre approprié face à une jeunesse engagée où il a su décliner de façon surréaliste son programme et la phraséologie altermondialiste. L’ancien laudateur puis opposant du régime d’Issoufou s’en est plutôt bien tiré de ce grand oral.
Pour l’essentiel, Ibrahim Yacoubou a répondu comme les autres candidats aux thématiques suivantes : l’éducation, l’économie, la sécurité, la gouvernance, la démographie, l’emploi et le statut de la femme.
Dans un mot de bienvenue, le Secrétaire général de l’Union des étudiants à l’université de Niamey (UENUN) a rappelé au candidat les attentes de jeunesse nigérienne qui constitue l’avenir de pays. ‘’Le système éducatif est en dégringolade’’, a martelé le leader de l’UENUN. A la place AB, ‘’nous priorisons le débat et la contradiction’’, a-t-il précisé.
Dans son exposé liminaire, Ibrahim Yacoubou a tenu a salué d’emblée l’idée de ce débat qu’il qualifie comme ‘’une des initiatives des plus pertinentes sur l’exercice démocratique’’. Il a également demandé d’observer une minute de silence à tous les martyrs et à Mamadou Tandja qui vient de rejoindre le royaume des ancêtres.
Evoquant son programme ‘’le Niger autrement’’, le candidat du MPN a déclaré que si les élections sont bien organisées, c’est la première fois qu’un président démocratiquement élu va transmettre le pouvoir à un autre démocratiquement élu. Ce qui est de nature à consolider les acquis démocratiques dans un contexte très difficile pour notre pays, selon lui.
Le programme ‘’le Niger autrement’’ comprend deux parties : un volet programme stratégique prioritaire qui serait une sorte de programme spécial où les besoins sociaux de base (éducation, santé, sécurité et monde rural) seront priorisés sur les 12 premiers moi de la gouvernance MPN KK.
Le deuxième volet du programme ‘’Le Niger autrement’’ vise à stabiliser le pays. Dans ce sens, Ibrahim Yacoubou entend réduire le gouvernement à un niveau le plus minime possible (environ 20 ministres) ; il procédera à des états généraux dans 4 domaines : éducation, santé, armée et monde rural ; Iyac entend investir beaucoup d’argent pour redresser l’économie impactée par le covid-19 ; et il envisage ‘’le retour sécurisé’’ des populations déplacées dans leurs villages.
Abordant la question de l’éducation, Ibrahim Yacoubou a dit que ‘’l’éducation c’est une question prioritaire pour toutes les sociétés qui voudraient avancer’’. C’est pourquoi il prône une éducation équitable et inclusive gratuite à tous. Pour le candidat altermondialiste, le premier problème de l’éducation c’est l’accès d’où il importe de savoir comment faire en sorte que chaque nigérien en âge d’aller à l’école accède effectivement à l’école.
Dans cette optique, il envisage de revaloriser l’école en agissant sur 3 environnements : la famille, l’école elle-même en créant les infrastructures (classes, amphithéâtres, ….). « Dans le Niger de 2020, il y a des nigériens qui prennent leurs cours sous les arbres’’, a dénoncé le leader du Front patriotique.
Il a également dénoncé le fait que le régime sortant n’a pas pu honorer son engagement d’allouer 27% du budget dans l’éducation. Selon lui, dans le meilleur des cas le régime d’Issoufou n’a réalisé que 17% du budget dans l’éducation selon les années.
Pour IYAC, si les problèmes de l’école persistent c’est par manque de volonté politique pour faire en sorte que les ressources destinées à l’école soient effectivement investies dans l’école. Pourtant, à partir de 2010, l’idée que tous les nigériens se mettent ensemble pour réinventer leur école avait germé dans le cadre du Conseil consultatif de transition (NDLR : dont il était le rapporteur) avait germé, a-t-il rappelé.
Aux questions de savoir pourquoi IYAC n’a pas choisi un département ministériel dédié à l’éducation, pourquoi après le second tour de 2016 est-il revenu accompagné le PNDS Tarayya qui l’avait exclu ou bien pourquoi il ne fait que critiquer sans faire des propositions, Ibrahim Yacoubou a dit qu’il n’avait rien négocié, son mouvement a tout au plus exigé une gouvernance dans les règles de l’art. Et à propos du soutien au candidat du PNDS Tarayya, il a dit que c’était une décision du MPN à laquelle il n’a eu aucune influence.
Et Iyac de préciser aux étudiants qui lui ont reproché son inconstance, son déficit de rassemblement au regard des défections des députés du MPN ou son appartenance à la douane qui serait un des terreaux de la corruption, que le MPN KK est le seul parti parmi les alliés de 2016 qui a fait constamment montre de sa liberté de ton depuis la première de l’alliance. A l’en croire, le MPN KK est le seul à dénoncer ce qu’il appelle la dérive dans la conduite du processus électoral.
En ce qui concerne la gestion des députés MPN, il dit que contrairement à ce qui se raconte sur les 5 députés 3 sont toujours solidaires au MPN et les 2 autres ont été exclus dans la mesure où ils ont prétendu garder leurs postes de députés en soutenant le régime en place en porte-à-faux avec la ligne politique du parti.
S’agissant de sa corporation d’origine à savoir la douane, il a reconnu que c’est des études statistiques de Transparency International qui ont mis en évidence les pratiques corruptives dans la douane et bien d’autres institutions. Il pense avoir contribué à la lutte contre la corruption dans ce secteur en tant que leader syndical au Syndicat des agents des douanes (SNAD). Pour freiner la corruption dans les services de douane, il préconise de ‘’dématérialiser les procédures pour éviter le contact entre les agents et les opérateurs économiques, entre les agents et l’argent’’.
A propos de l’esprit de critique qui lui est reproché par un étudiant, Ibrahim Yacoubou a répliqué en ces termes : « Nous faisons les deux : nous condamnons, nous critiquons et nous proposons ». Il y a des moments où il faut critiquer et il y a des moments où il faut proposer dans la marche d’un pays, a-t-il soutenu.
Il y a eu également des moments d’envolées populistes notamment sur les questions de la justice, les bases militaires, le scandale du ministère de la défense, l’affaire Mala Bagalé, le quota des femmes ou la démographie. On peut citer quelques piques à relent populiste (Lire di-dessous ‘’citations fortes d’IYAC’’).
En substance, c’était un exercice très convivial où de par son accoutrement Ibrahim Yacoubou s’est fait passer comme l’un des candidats le plus proche des étudiants. Très séduit, un étudiant a déclaré qu’il se sent être avec un camarade parmi eux.
Le face à face IYAC et étudiants, c’est un moment des vérités crues et du populisme célébrés à la place AB. Un moment du débat d’idées et contradictoire.
Tout le mérite à l’UENUN qui, à travers cette initiative, a damé le pion à tous. Vivement pour l’érection des amphis, des bibliothèques, des enseignants suffisants et des bourses et aides sociales conséquentes….au grand bonheur des étudiants des Universités publiques du Niger.
EMS
Citations fortes d’IYAC
-« Le Niger sur le plan sécuritaire se porte très très mal »
– « Moi je ne serais pas un président qui donnerait des ordres pour tirer sur des manifestants »
– « Une démocratie ne maintient pas l’ordre avec des balles réelles »
– « Il faut rendre justice à Mala Bagalé et tous les martyrs »
– « la seule personne de trop c’est Malthus »
– « Ce n’est pas la démographie qui crée la pauvreté, c’est la mal gouvernance qui crée la pauvreté »
– « Nous sommes le seul parti qui peut donner des leçons aux autres »
– «Nous allons gagner la guerre et la paix »