Au Niger, le débat démocratique doit être sain. La politique concerne tous les domaines de la société, elle est essentielle pour son organisation et son fonctionnement. Les idéologies la traversent et l’orientent en mettant en jeu les intérêts des classes sociales, des Etats et des régions. Elle obéit donc conséquemment au rapport de forces et va de pair avec la conquête et l’exercice du pouvoir.
Les politiciens, évoquent, ressassent et encensent toujours le peuple. La pratique politique les révèle et les distingue. Elle permet au peuple de les découvrir et de comprendre qui peut le servir et qui peut se servir de lui pour se servir. En dernier ressort, c’est lui qui tranche, car la souveraineté lui appartient. C’est d’ailleurs en connaissance de cause que les Nigériens ont fait le choix de la démocratie et l’ont obtenue de haute lutte. Par conséquent, nous devons faire de la politique en respectant les principes démocratiques, les valeurs républicaines et en combattant les antivaleurs.
Pour enrichir et élever le niveau du débat, la culture, la rhétorique appropriée, l’acceptation de la contradiction et l’humilité sont nécessaires. Seules les vraies informations, les bons arguments, les analyses bien faites peuvent persuader. Les fausses informations, les chantages, les menaces, les insultes et autres impertinences ne font pas de quelqu’un un bon politicien ou un bon défenseur d’une cause quelle qu’elle soit.
Si à ce stade de l’évolution socio-politique de notre pays, certains rament à contre-courant, c’est parce que malgré leur farouche volonté d’étouffer les luttes démocratiques du début des années 90, certains Nigériens se sont battus et se sont sacrifiés avec courage et sagesse pour leur permettre aujourd’hui, d’user et de souvent abuser des droits et libertés que leur confèrent la République et la démocratie. Ces individus n’ont d’ailleurs jamais cessé de dévoyer et de vouloir fossoyer la démocratie au Niger.
La politique ne doit pas s’accommoder de l’irrévérence et de la violence. Ces derniers temps, certains politiciens au crépuscule de leur carrière politique et leurs thuriféraires se répandent dans les médias et sur les réseaux sociaux avec des propos excessifs et exécrables. Dans leur désespoir, sous prétexte d’être opposants, plus nous nous approchons des élections, plus ils incitent à l’intolérance et aux affrontements. En toute chose, il y’a des barrières à ne pas franchir. Pour ce faire, l’Etat à un grand rôle à jouer. Il est de son devoir d’assurer la jouissance des droits et des libertés dans le strict respect de nos lois et règlements en vigueur.
Notre histoire prouve à suffisance que le peuple nigérien est un peuple épris de civilité, de paix et de fraternité. Les honnêtes citoyens ne céderont pas au chant des sirènes de ces politiciens belliqueux qui cherchent des prétextes pour assouvir leurs desseins funestes. Le plus grand nombre de Nigériennes et de Nigériens n’ont jamais été dans une logique d’agressivité et d’hostilité. Ce sont des gens qui veulent la paix et le bien vivre ensemble. Ils aspirent à une bonne éducation, une bonne alimentation, une bonne santé, à la sécurité et la prospérité. Bref, ils aspirent à la justice sociale et à une vie meilleure dans un monde meilleur.
S’il est vrai que certains politiciens croient en l’expression de souveraineté populaire, ils doivent s’assagir et se départir de la légèreté et de la platitude. Ils ont intérêt à faire usage de la force des arguments et non des arguments de la force. Les Nigériens ne peuvent accorder leur confiance qu’à des citoyens qui sont porteurs de programmes politiques ou de projets de société susceptibles de développer notre pays.
Zakaria Abdourahaman