DISCOURS DE SEM KALLA ANKOURAO, LORS DE LA CONFERENCE DIPLOMATIQUE ORGANISEE DANS LE CADRE DE LA PRESIDENCE DU NIGER AU CONSEIL DE SECURITE DES NATIONS UNIES

Mesdames et Messieurs les Ministres,

Mesdames et Messieurs les membres du Corps Diplomatique et Représentants des Organisations internationales,

Madame et Messieurs les membres de la Cellule d’Appui à la Mission Permanente du Niger au titre de son mandat au Conseil de Sécurité des Nations Unies,

Mesdames et Messieurs les Responsables du Ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l’Intégration Africaine et des Nigériens à l’Extérieur,

Mesdames et Messieurs les Anciens Ambassadeurs et Consuls du  Niger,

Mesdames et Messieurs les anciens fonctionnaires internationaux nigériens aux Nations Unies,

Mesdames et Messieurs, 

Distingués invités.

 

Quarante ans après son premier passage au Conseil de Sécurité, le Niger accède de nouveau à la qualité de membre de  cette auguste institution depuis le 1er janvier 2020 en qualité de membre non-permanent pour la période 2020-2021

A cet égard, je voudrais une fois de plus remercier tous les pays qui ont contribué par leur soutien et leur vote, à cette élection consacrée par 191 pays sur 193.

Il convient de souligner que ce résultat est le produit de l’action menée au plus haut niveau de l’Etat par le président de la république, S.E.M. Issoufou Mahamadou qui a fait de notre diplomatie un axe majeur de sa politique en déployant des efforts soutenus tout au long de ses deux mandats.

Ce mois de Septembre, au cours duquel nous assurons la présidence du Conseil de Sécurité, m’offre l’opportunité de revenir sur les préoccupations majeures de notre pays et sur les diverses initiatives que nous entendons mener.

Ces préoccupations et les initiatives qui en découlent, pourraient se décliner autour de quatre (04) axes majeurs :

  • Le terrorisme et l’insécurité dans la région Sahélo-saharienne et la région du Lac Tchad, situation aggravée par la crise libyenne et ses multiples conséquences au Mali, dans le Liptako-Gourma, ainsi que dans le Bassin du Lac Tchad ;
  • La crise humanitaire résultant des actions terroristes des groupes armés djihadistes, qui se traduit par des déplacements internes des populations locales et une masse importante de réfugiés dans la région. Cette situation a un impact négatif sur les activités socioéconomiques des populations locales ;
  • Les crises africaines  et le recours privilégié aux mécanismes de règlement des différends prévus par l’Union Africaine ;
  • L’impact des changements climatiques, les défis migratoires et à la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive et de petit calibre.

Afin d’obtenir des résultats tangibles, deux (02) principaux leviers ont été retenus :

 

  • La concertation sur les principales questions africaines y compris les préoccupations sous régionales comme celles émanant de la CEDEAO et du G5 Sahel, qui sont des organisations essentielles dans l’approfondissement de l’intégration sous régionale, la stabilité et le développement de l’Afrique ;
  • La préservation de la gouvernance multilatérale à laquelle notre pays, membre de plusieurs organisations internationales est fortement attaché comme outil essentiel dans la résolution des conflits et les crises dans le monde.

Il est important de relever que cette Présidence du Conseil de Sécurité du mois de septembre est une occasion idéale pour évoquer devant vous certaines de ces initiatives qui se déroulent tant à New York qu’à Niamey et qui sont concentrées autour de la  lutte contre le terrorisme et les organisations criminelles, l’insécurité au Sahel et dans le Bassin du Lac Tchad.

Notre pays voudrait également contribuer à faire avancer au Conseil de Sécurité les questions liées aux changements climatiques et à la réforme au sein du système des Nations Unies visant à améliorer la gouvernance mondiale. A cela s’ajoute le nouveau contexte de la covid-19 dont le monde n’a pas encore fini de prendre la mesure.

Mesdames et Messieurs,

Chers invités,

Notre rencontre d’aujourd’hui rentre dans le cadre de ces activités qui revêtent une importance diplomatique majeure.

Je voudrais par conséquent vous remercier pour votre participation aux présentes assises, qui me donnent l’occasion de m’adresser à vous dans ce format spécial, regroupant les acteurs de premier plan et les partenaires de l’action diplomatique du Niger.

Mesdames et Messieurs du cadre diplomatique nigérien

Vous êtes à la base de notre action diplomatique concluante et, votre engagement nous permet de revivifier notre diplomatie et d’assumer de nouveau les éminentes responsabilités de membre non-permanent du conseil de sécurité des Nations Unies. Par conséquent, vous êtes aussi les artisans de ce nouveau succès diplomatique que connaît le Niger

Je note la présence parmi nous, d’anciens Ambassadeurs du Niger qui, pour certains, avaient travaillé à New York, dans le cadre de notre premier mandat au Conseil de sécurité des Nations Unie pour la période 1980-1981.  Je tiens à leur rendre hommage et à leur dire que le travail que nous faisons aujourd’hui est facilité par les jalons qu’ils avaient posés pour que la diplomatie nigérienne  marque de son empreinte, l’échiquier africain et mondial.

Mesdames et Messieurs les représentants des Institutions et organisations partenaires du Niger

Je voudrais rendre justice à votre implication et à l’accompagnement de vos Etats dans la mise en œuvre de ce mandat et d’une manière générale dans les politiques et programmes initiés par mon pays.

Mesdames et Messieurs,

J’ai tenu à vous inviter à cette conférence diplomatique pour partager avec vous le travail que mène le Niger au sein du Conseil de sécurité des Nations-Unies.

Il est en effet indiqué que le Gouvernement nigérien échange avec tous les acteurs de la diplomatie nigérienne et avec ses partenaires sur ses activités au sein de cet important organe.

Celles-ci couvrent aussi bien les aspects organisationnels que les questions de fond, avec notamment les dispositifs qui ont été mis place à Niamey et à New York.

Il convient de rappeler que la Charte des Nations Unies confère au Conseil de Sécurité la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales. L’institution qui compte quinze (15) membres est compétente pour constater au premier chef l’existence d’une menace contre la paix et la sécurité internationales. Le Conseil est compétent pour promouvoir le règlement pacifique de différends, y compris, si nécessaire, l’imposition de sanctions, voire l’autorisation de l’emploi de la force pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales.

La participation du Niger aux activités du Conseil lui confère donc des responsabilités mondiales de premier plan, qu’il exerce au nom de l’ensemble du continent africain, pour cette année 2020, la Tunisie et l’Afrique du Sud. Et c’est pour mener à bien cette lourde mission que nous avons créé ici au Niger, une Cellule Centrale d’Appui à la Mission Permanente du Niger auprès des Nations Unies, tout en renforçant, de façon substantielle, les effectifs de notre Représentation Permanente à New-York. La Cellule comprend douze (12) experts pluridisciplinaires de très Haut niveau dont le rôle, complémentaire, est, entre autres, d’élaborer une feuille de route pour un mandat réussi, de veiller à sa mise en œuvre, de mener des réflexions sur tout sujet de préoccupation internationale en vue de renforcer les capacités d’initiative des autorités compétentes. Quatorze (14) autres experts ont été mis à la disposition de notre Mission Permanente à  New-York pour renforcer le personnel diplomatique.

A travers ces dispositifs, nous avons participé depuis huit mois aux activités du Conseil, en y prenant une part active dans la coordination des négociations et des réflexions sur les questions de paix et de sécurité internationales.

Le Niger est de ce fait un décideur à part entière au sein du Conseil de Sécurité.  Il assure l’animation et la coordination du groupe des trois pays membres africains du Conseil (l’Afrique du Sud, le Niger et la Tunisie) et Saint-Vincent et les Grenadines, appartenant à la région des Caraïbes, constitué pour défendre leurs intérêts communs au sein du Conseil. Dans le jargon onusien,  ce groupe est dénommé A3+1. Cette solidarité des A3+1, permet de renforcer davantage nos positions régionales ou nationales au sein du Conseil de sécurité, en générant davantage de soutien autour de celles-ci.

Par ailleurs, le Niger est le porte-plume du Conseil de Sécurité en ce qui concerne la situation en Guinée-Bissau où sa position de Président en Exercice de la Commission Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) l’a conforté dans l’examen de cette question par le Conseil. Le Niger préside également certains comités spécifiques se rapportant aux missions du Conseil de Sécurité, notamment le Comité sur les sanctions en République Centrafricaine et le  Groupe de travail sur la République Démocratique du Congo.

D’une manière générale, le Niger, seul ou avec les pays qui lui sont associés, est partie prenante à d’intenses consultations non seulement avec les cinq membres permanents du Conseil, mais aussi avec des pays ou des groupes de pays, des organisations internationales et de beaucoup d’autres acteurs du processus multilatéral mondial.

Ceci, a permis au Niger de jouer un rôle important dans la prise en charge de plusieurs questions au Conseil de Sécurité telles que le conflit du barrage de Renaissance entre l’Ethiopie, l’Egypte et le Soudan ; le mandat de la MINURSO-Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental, le projet de résolution sur la covid-19, la problématique du nucléaire iranien, les enquêtes sur les atteintes aux droits de l’homme, les situations en Libye, en Guinée Bissau, au Mali, en Syrie,  en Palestine, au Sud Soudan, et plus particulièrement au Sahel, avec la MINUSMA.

Mesdames et Messieurs,

Notre rencontre d’aujourd’hui participe des activités prévues pour marquer l’évènement. C’est pourquoi, sous l’instigation de la Cellule Centrale d’Appui à la mission permanente du Niger au Conseil de Sécurité, plusieurs activités ont été prévues à Niamey et à New-York.

Ainsi, pour tenir compte des préoccupations actuelles de notre monde, la présidence nigérienne du Conseil de sécurité organisera un débat présidentiel le 24 Septembre 2020, dont le thème est «La Gouvernance Mondiale Post-COVID19 dans le maintien de la paix et de la sécurité internationale». Ce sera l’occasion pour les leaders du monde entier de questionner le système actuel de gouvernance mondiale et d’approfondir les réflexions sur les  questions de paix et de sécurité mondiale qui sont, comme on le sait, confrontés aux épreuves imposées par la COVID-19. Ce qui était vu à juste titre comme un danger planétaire pourrait être une occasion à saisir par la communauté internationale pour engager de profondes réflexions orientées vers l’avènement d’un ordre économique mondial plus démocratique, plus juste et plus stable. La COVID 19, dans l’entendement du Niger, pourrait constituer le déclic qui permettra de saisir en profondeur les forces et les faiblesses de notre monde  pour le rendre plus résilient aux chocs qui le menacent.

Plus que jamais, la pandémie nous aura montré que la communauté internationale a besoin de plus de solidarité économique, d’équité et de responsabilité, de coopération régionale accrue et de réformes de la gouvernance mondiale qui favorise la participation égalitaire des nations et qui protègent les plus vulnérables de nos communautés. Cette réunion du Conseil de Sécurité sera présidée par Son Excellence, Monsieur Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger.

Une autre activité à relever au titre de la présidence du Niger, c’est le débat ouvert du Conseil de sécurité sur la « Coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales : Rôle de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF)». Ce premier débat ouvert du Conseil de sécurité s’est tenu le  8 septembre 2020 et vise entre autres à faire un état des lieux de la coopération entre les Nations Unies et l’Organisation internationale de la francophonie, afin de renforcer la coopération entre les deux institutions dans les domaines de la prévention des conflits, du maintien de la paix, et de la consolidation  de la paix et de la sécurité internationales.

En outre, le 10 septembre passé, le Niger a présidé un autre débat du Conseil de Sécurité sur les enfants et les conflits armés avec pour thème « Enfants et conflits armés : les attaques contre les écoles comme violations graves des droits de l’enfant ». Ce troisième débat a permis de réfléchir sur l’épineuse question des attaques contre les écoles, qui sont perçues comme des violations graves des droits de l’enfant. C’est une occasion de faire l’état de la mise en œuvre de la résolution 1998 (2011), en prévision de la commémoration du 10ème anniversaire de ladite résolution et en marge de la première Journée internationale pour la protection de l’éducation contre les attaques. Au cours de ce débat, les discussions ont porté notamment, sur les attaques contre les écoles dans la région du Sahel Central où les groupes terroristes et les groupes armés non-étatiques s’attaquent de plus en plus aux écoles selon le dernier rapport annuel du Secrétaire général de l’ONU sur les enfants et les conflits armés.

Dans le même élan, et pour tenir compte de la situation générale d’insécurité dans notre sous-région, la présidence du Niger organisera demain 17 septembre 2020,  un débat du Conseil de Sécurité sur le thème du « Maintien de la paix et de la sécurité internationales : effets humanitaires de la dégradation de l’environnement, paix et sécurité ». Ce quatrième débat du Conseil de Sécurité va donner l’occasion aux membres du Conseil de sécurité d’aborder les liens entre les effets humanitaires de la dégradation de l’environnement, y compris la désertification et l’érosion des sols, les conflits armés et leur règlement. Je présiderai ce débat qui sera virtuel et dont les discussions porteront sur les conséquences de la destruction de l’environnement naturel dans les conflits armés et les mesures à prendre par les Nations Unies et les États membres pour lutter contre ces effets.

Plusieurs autres activités sont organisées ici au Niger par la Cellule Centrale d’Appui à la mission permanente du Niger à New-York pendant notre Présidence. Je citerais notamment une Exposition dans le hall du Palais des Congrès sur l’action des Nations Unies en matière de paix et de sécurité internationale et le rôle du Niger dans les opérations de maintien de paix.

Je vous exhorte vivement à visiter cette Exposition où vous apprécierez les 60 ans d’engagement du Niger avec les Nations Unies.  Je vous accueillerais à l’occasion de l’ouverture de cette Exposition qui aura lieu demain, 17 Septembre 2020 au Palais des Congrès.

En plus des assises de la présente conférence diplomatique, une conférence à l’attention du grand public sera organisée le 19 septembre 2020 sur les 3 piliers des Nations Unies, à savoir le maintien de la paix, le développement et les droits humains. Cette conférence sera animée par les membres de la Cellule Centrale avec la participation de plusieurs experts des Nations Unies, des diplomates et des spécialistes. A cela s’ajouteront des interviews et conférences de presse des plus hautes autorités nigériennes avec les médias nationaux et internationaux.

C’est dire, Mesdames et Messieurs, que le Niger est pleinement engagé  dans ses missions en qualité de membre non permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Nous travaillons étroitement avec tous les membres du Conseil que nous consultons et écoutons sur toutes les décisions qui sont prises au sein de cet organe. Nous sommes satisfaits des résultats que nous enregistrons, qui font de notre pays un interlocuteur crédible et un acteur de premier plan dans le traitement des sujets sensibles intéressant la paix et la sécurité internationales.

Le Niger continuera de partager l’information sur ses activités au Conseil chaque fois que de besoin avec les représentants des pays amis et de manière générale avec ses partenaires extérieurs.

Pour finir, je tiens à vous remercier tous d’avoir répondu à mon invitation et vous exprime ma profonde gratitude pour votre participation effective à la présente conférence.

Je vous remercie de votre attention