DISCOURS DE SEM TINNI OUSSEINI À L’OCCASION DE LA CLÔTURE DE LA 1ère SESSION ORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE AU TITRE DE L’ANNÉE 2020

Excellence Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement,

Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions de la République ;

Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,

Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des Organisations internationales,

Honorables collègues Députés,

Honorables Chefs traditionnels et Chef religieux,

Mesdames et Messieurs,

Je ne puis cacher ma joie de voir notre hémicycle retrouver son ambiance habituelle des cérémonies de clôture ! Avec moi, tous les députés sont heureux de constater qu’à l’extrême sobriété de l’ouverture de notre session succèdent ces chaleureuses retrouvailles où nous avons grand plaisir à retrouver les personnalités dont la présence rehausse le prestige de nos rendez-vous solennels. Je voudrais donc, à l’entame de ce propos leur dire notre amitié et tous nos remerciements pour la considération qu’ils témoignent à l’Assemblée nationale et, au-delà, à l’ensemble des Nigériens.

Distingués invités, si aujourd’hui nous pouvons nous retrouver ici, célébrer la République et la Démocratie, c’est parce que nous sommes en passe de gagner un combat épique contre l’ennemi de l’humanité tout entière, la pandémie du corona virus !

Pour autant, nous ne pouvons oublier ceux-là que cette pandémie a ravis à notre affection. Ce fut le cas de notre collègue ISSOUFOU AMADOU MAIFADA, ce fut le cas du Ministre OMAR BEN MOHAMED, ce fut le cas d’autres compatriotes moins connus mais tout aussi chers au cœur de la Nation et de l’Etat. Pour toutes ces victimes du funeste virus, je vous demande de réciter une prière pour leur éternel repos. Je vous remercie.

Distingués invités, l’hécatombe annoncée à cors et à cri ne s’est pas produite ! Nous en rendons grâce à Allah, le Tout puissant, le miséricordieux, protecteur des croyants qui placent leur confiance en lui.

Nous en sommes reconnaissants au Président ISSOUFOU MAHAMADOU dont la capacité d’anticipation nous a permis de faire face, avec beaucoup d’efficacité, aux premiers chocs de l’arrivée du virus dans notre pays. Jamais, pouvons-nous dire, le mot d’Adolphe Thiers, qui affirme que ‘’Gouverner, c’est prévoir’’, n’a revêtu autant de sens et de contenu !

L’Etat a pu rester serein, la population apaisée et les professionnels ont pu se mettre à la tâche. Ensuite, lorsqu’en dépit de toutes les précautions prises, des cas ont été enregistrés, sans panique, avec un sang-froid remarquable, ceux-ci ont été pris en charge avec des moyens humains, matériels et financiers dont on ne nous pensait pas capables. Il y avait surtout cet engagement et ce courage déployés par le Gouvernement et toutes les équipes qu’il a mises en place. Nous leur en sommes tous redevables aujourd’hui.

Distingués invités, il faut remercier les plus hautes autorités de l’Etat pour nous avoir épargné du chaos annoncé par les cassandres. Cependant, nous devons avoir une pensée forte, une reconnaissance émue pour le corps médical qui continue à être en première ligne de la riposte. Ainsi, comme à la guerre, le salut de la multitude a reposé sur l’engagement d’un petit groupe…

Dans l’exercice de leurs nobles métiers, les membres de ce corps ont été contaminés, ils ont connu le stress, la fatigue, l’impatience des malades et de leurs familles. Mais, en professionnels accomplis, ni doute ni découragement n’ont pu les distraire de leurs engagements. Ni stigmatisation ni peur ne les ont empêché de poursuivre la mission salutaire de protéger leur pays et leurs semblables.

Pour nos vaillants soldats de la santé dont l’acharnement au travail permet à tout un pays d’espérer et de poursuivre sa marche en avant, les remerciements ne suffisent pas ; il faut plutôt un triomphe !

Mesdames et Messieurs, il y a certainement des leçons à tirer de cette pandémie ; pour moi, la première est celle qui doit nous pousser à ramener le monde autour des fondamentaux de la vie humaine qui sont notamment la solidarité, la générosité, la fraternité et la tempérance. La mondialisation et le multilatéralisme doivent être revisités pour créer de nouveaux paradigmes économiques, sociaux et écologiques capables d’assurer la sauvegarde générale face aux défis imprévisibles.

Il est également urgent que l’économie réelle surclasse l’économie spéculative ; il est aussi temps d’apprendre à nos enfants à distinguer le vrai du superficiel et de les orienter vers des rêves studieux et de grandeurs, des rêves de sacrifice et d’abnégation, des rêves d’altruisme !

Monsieur le Premier Ministre, je viens de le dire, votre Gouvernement a pu faire face avec efficacité à la pandémie. Pour la suite, la Représentation nationale compte sur la même efficacité pour que les dispositions les plus appropriées soient prises pour relancer l’économie nationale, renforcer la résilience des populations vulnérables et maintenir la vigilance.

Par ailleurs, à l’avenir, pour mieux préparer notre pays à faire face à toute menace sanitaire de grande ampleur, la Représentation nationale, demande instamment au Gouvernement de créer, à la lisière de tous les grands centres urbains de notre pays, des centres d’isolement permanents pour pallier toute éventualité de maladies de haute contagiosité.

Distingués invités, Mesdames et Messieurs, la pandémie du corona virus, en dépit de la place qu’elle occupe encore dans nos esprits n’a pas été l’unique élément du contexte ayant marqué le déroulement de cette session qui s’achève.

Ainsi, la question du terrorisme reste encore d’actualité. Mais, l’on notera pour s’en féliciter que les forces du mal reculent de plus en plus sur tous les fronts. Il faut en savoir gré aux Forces de Défense et de Sécurité et à la détermination des plus hautes autorités de l’Etat. Il faut également saluer l’engagement de plus en plus décisif de nos partenaires extérieurs dont l’efficacité des moyens d’action a permis récemment de frapper l’ennemi au sommet de son commandement.

S’agissant de la saison agricole, la Représentation nationale soutient les objectifs du plan de campagne agropastorale tels que déclinés par le ministre en charge du secteur à l’occasion d’une question d’actualité. En effet, si les intrants agricoles et les équipements nécessaires sont rendus disponibles et accessibles aux producteurs, la moitié du chemin est faite, pourvu que la bonne pluviométrie soit au rendez-vous !

Cependant, comme cela a été dit et répété, notre souveraineté alimentaire véritable dépend des réformes structurelles dont l’agriculture a besoin pour être définitivement à l’abri des aléas climatiques et des méthodes culturales archaïques.

A cet égard, la Représentation nationale réitère son soutien franc et massif à l’initiative 3N dans sa vision prospective.

S’agissant de l’école, la Représentation nationale encourage vivement le Gouvernement dans sa volonté de sauver l’année en cours, en dépit de la longue perturbation induite par la riposte contre la Covid19. Aussi en appelle-t-elle à la sagesse et au sens de responsabilité de l’ensemble des acteurs afin que les solutions pratiques envisagées puissent être appliquées avec succès. Elle demande également au Gouvernement et aux partenaires sociaux de trouver un point d’équilibre permettant d’éviter que la situation scolaire et académique, déjà préoccupante, n’empire.

Distingués invités, Mesdames et Messieurs, pour en venir au bilan de la session qui s’achève, je dirai qu’en dépit du contexte ayant rendu son démarrage très laborieux, cette session aura atteint d’excellents résultats. Ainsi, au total, ce fut plus d’une trentaine de projets et propositions de loi qui furent examinés et adoptés, sans oublier la tenue du traditionnel Débat d’Orientation Budgétaire.

Pour ce qui est de ce débat, nos échanges furent de grande qualité !  En commission comme en plénière, le Document de Programmation Budgétaire et Economique Pluriannuelle 2021-2023 a été disséqué afin de livrer aux députés les moyens d’appréhender les soubassements de la prochaine loi de finances ainsi que les perspectives économiques nationales pour les trois prochaines années. Ce faisant, c’est un aperçu général de la situation de l’économie nigérienne qui leur était apparu, avec ses potentialités comme en ses contraintes.

A cet égard, au cours du débat, se réjouissant des bonnes performances que les finances publiques ont enregistrées au cours de la période antérieure 2017 et 2019, en dépit du contexte sécuritaire assez tendu, les députés ont particulièrement insisté sur les mesures qui s’imposent pour renverser la conjoncture assez peu favorable de l’année 2020.

En effet, comme je viens de l’évoquer, si en matière de santé publique, les conséquences de la covid19 restent assez maîtrisables, en matière économique, en revanche, les impacts se traduisent par une décélération de la croissance de l’ordre de 5 points.

Mais, rassurés quant à la perspective du retour à la croissance dès l’année prochaine, sur la base d’hypothèses réalistes, les députés ont dans leur grande majorité approuvé l’orientation que le Gouvernement se propose de donner au budget sur la période 2021-2023.

Pour les députés, le défi majeur est de développer une chaine de valeur dans les secteurs porteurs à travers notamment une réforme profonde du secteur primaire qui reste peu productif au regard des importants investissements réalisés depuis plusieurs décennies.

Cependant, dans l’immédiat, ils encouragent vivement l’allègement de la fiscalité sur les intrants agricoles afin d’accroitre la production.

Distingués invités, s’agissant de l‘aspect législatif, de notre session, outre une douzaine de ratifications, il y avait des lois structurantes comme la modification du code pénal, la création d’un statut des sapeurs-pompiers, le projet de loi relatif à la Cour des comptes etc.

Il faudra sans doute faire une mention spéciale au projet de loi portant première rectification à la loi de finances 2020. Il s’agit d’une des conséquences directes de la pandémie que j’ai évoquée tantôt. En effet, avec le ralentissement de l’économie induit par l’ensemble des mesures de ripostes contre la fameuse pandémie, des contrecoups sur les finances publiques étaient inévitables. D’aucuns s’interrogeaient même quant aux voies et moyens pouvant éviter à notre pays de graves tensions financières sur de longues périodes. Fort heureusement, grâce aux efforts méritoires de mobilisation des ressources à l’interne comme à l’extérieur, le spectre du déficit abyssal a pu être conjuré. Ainsi, le Gouvernement, à travers le collectif budgétaire a pu trouver les moyens de pallier des pertes de recettes de l’ordre de cent quatre-vingt-dix-neuf  milliards par rapport aux prévisions du budget initial.

S’agissant des lois relatives à la prorogation de l’état d’urgence dans certaines parties de notre pays, les députés, tout en les adoptant de bonne grâce, ont conduit des missions spéciales d’évaluation pour s’assurer de leur efficacité sur le terrain.

Quant aux débats sur la loi relative à la répression des infractions en matière de gestion des engrais, ils ont été l’occasion pour les députés de développer des plaidoyers afin que la gouvernance des engrais se fonde sur la situation réelle des besoins et du pouvoir d’achat des producteurs ruraux.

Distingués invités, pour ce qui est de la loi portant sur l’interception de certaines communications émises par voie électronique, je pense que l’on aurait pu faire l’économie de la polémique qu’elle a suscitée.

En effet, comme chacun d’entre nous le sait,  le droit à la liberté ne saurait être un obstacle incontournable aux missions d’intérêt général, notamment celles relatives à la sûreté nationale, à la préservation de l’ordre public, à la sécurité sanitaire.

Dans le contexte sécuritaire qui est le nôtre aujourd’hui, où le défi est de débusquer et combattre les pires ennemis de la liberté, l’on se doit d’encadrer certaines libertés de manière à n’oublier aucune faille d’où l’on peut s’infiltrer pour nuire à l’Etat et aux populations.

Distingués invités, quant à la loi se rapportant au système de transport des hydrocarbures par canalisation entre le Niger et le Bénin, elle fut accueillie et examinée avec grand enthousiasme par les députés en raison de la charge émotionnelle que porte le projet pétrolier au Niger. Cette loi répond à l’impatience légitime de nos compatriotes de voir l’exportation du pétrole contribuer de manière décisive aux efforts d’ensemble qui nous conduisent résolument vers l’émergence. En effet, ce projet et celui du barrage de KANDADJI qui nous tiennent en haleine depuis bien longtemps cristallisent le ferme espoir des Nigériens de voir leurs conditions de vie s’améliorer de manière irréversible.

Distingués invités, Nous pouvons donc dire qu’en dépit des pesanteurs que la COVID19 a eues sur notre session, dans l’ensemble, ses résultats restent globalement dans la norme habituelle de nos assises. Aussi, voudrais-je, remercier très sincèrement tous les députés pour leur assiduité et pour le sens élevé du devoir qui leur a fait accepter les conditions assez particulières dans lesquelles nos travaux se sont déroulés.

Je voudrais également remercier le personnel administratif qui, malgré la limitation de ses effectifs a tenu le pari de l’efficacité. Je voudrais enfin saluer vivement la presse qui nous a accompagnés malgré les conditions difficiles de travail auxquelles nous avions dû soumettre ses animateurs.

A présent, il me reste à souhaiter que la campagne agricole soit bonne pour l’ensemble des producteurs ruraux afin que les conséquences de la pandémie au corona virus soient rapidement   endiguées et que notre croissance économique retrouve son dynamisme.

Avec ce souhait, distingués invités, chers collègues, je déclare close la première session ordinaire de l’année 2020.

Vive la République,

Vive le Niger,

Je vous remercie.