Suite aux mauvais traitements subis par de petits enfants dans une école coranique à Diffa, Dr Félicité Tchibindat, Représentante au Niger du Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), a rendu publique, ce 9 juin 2020, une déclaration pour faire part de toute son indignation. Une façon à elle de témoigner sa sympathie aux nigériens consternés par les images insupportables des petits enfants torturés par un maître-marabout avec tant cruauté que de nombreuses traces de coups sont partout visibles sur leurs petits corps fragiles.
L’UNICEF étant un organisme des Nations Unies qui « condamne vigoureusement tous les actes de violence commis contre des enfants, a été horrifié par les sévices dont des enfants ont été victimes dans la région de Diffa. Nous sommes particulièrement troublés par les images qui nous sont parvenues et qui montrent des enfants qui ont été atrocement maltraités, voire torturés », explique la Représentante au Niger.
Il est vrai que « le même type de violence peut exister ailleurs mais qu’elle peut être dissimulée des regards ou tolérée par des normes sociales et culturelles. L’UNICEF condamne vigoureusement tous les actes de violence commis contre des enfants, où que ce soit », ajoute Dr Félicité Tchibindat.
C’est un véritable supplice que vécurent, en effet, des enfants à très bas âges aux mains de leur maître-marabout avant qu’ils ne soient secourus. Les cris de douleur qu’ils poussaient ont fini par attirer l’attention du voisinage qui, au bout du compte, a alerté la gendarmerie. Celle-ci s’est rendue sur place à l’école coranique pour constater les faits et appréhender le marabout en question. Elle a, ensuite, conduit les enfants battus à l’hôpital de Diffa où ils reçoivent, actuellement, les soins qu’ils méritent.
Le calvaire ainsi enduré par ces enfants est à tout point de vue inacceptable. Une situation qui ne doit pas rester sans un traitement judiciaire. Evidemment, c’est leur droit d’être éduqués, mais, cela ne doit pas servir de prétexte pour leur faire subir d’indicibles méchancetés. Il faut les faire entrer dans ce qui est leur droit à la justice.
Pour se faire, la Représentante de l’UNICEF demande avec insistance « aux autorités de mener une enquête minutieuse, de veiller à ce que les auteurs de ces actes odieux soient traduits en justice et de s’investir davantage pour prévenir ces genres de pratiques qui affectent le développement et le bien-être des enfants du Niger. Aucune violence à l’encontre des enfants ne peut se justifier en tout temps et en tout lieu. Nous remercions les autorités au niveau régional pour les actions et les mesures déjà prises à ce jour et celles en perspective ».
C’est le lieu pour elle de rappeler que « la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant garantit le droit, pour les enfants, d’être protégés contre « toute forme de violence, d’atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d’abandon ou de négligence, de mauvais traitements ou d’exploitation » ».
Le Niger est un pays qui a ratifié la Convention relative aux Droits de l’Enfant et ses protocoles additionnels. Par conséquent, il s’est comme engagé à mettre en œuvre tous les droits des enfants.
Dr Félicité Tchibindat saisit l’occasion de cette déclaration de presse pour nous signaler que « le code pénal prévoit des peines aggravantes pour les coups, blessures ou violences à l’endroit d’un enfant. Nous avons tous été enfants. Nous avons tous cela en commun. Beaucoup d’entre nous ont des enfants ou sont impliqués dans la vie des enfants d’une manière ou d’une autre ».
Le 16 juin de chaque année est la Journée de l’Enfant Africain. Sa célébration aura lieu bientôt. En lien avec cette journée, la Représentante de l’UNICEF au Niger nous invite à faire de « la prévention des violences sur les enfants plus que jamais une priorité ». Pour y parvenir, elle recommande « à toutes les parties prenantes de ne ménager aucun effort pour soutenir le plein épanouissement de chaque enfant, y compris la promotion de son éducation, particulièrement les plus défavorisés et exposés aux abus et à la violence ».
D’après elle, le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance a toujours considéré les enfants comme le présent et le futur à la fois. « Ils représentent la prochaine génération de parents, enseignants, médecins, policiers, juges, responsables communautaires, responsables religieux, politiciens et décideurs. La manière dont nous traitons la violence touchant les enfants aujourd’hui aura des conséquences directes sur les familles et sociétés futures et la consolidation d’une paix durable. Nous devons préserver l’intégrité des enfants aujourd’hui et dans le futur ».
Il importe de souligner qu’il est de coutume de voir des jeunes enfants errer à longueur de journée de maison en maison ou sur les grandes artères de nos villes en train de quémander. Ils sont généralement issus des milieux ruraux et ont été contraints de suivre un marabout dans le but d’approfondir leurs connaissances religieuses. Généralement soumis à de multiples sévices, leur pitance et celle du marabout relèvent de cette errance sans fin. Dans le silence et à l’abri de certains regards, ils restent les seuls témoins de ce qu’ils endurent chaque jour. Un prix à payer pour devenir un bon croyant.
Pourtant, d’après l’UNICEF, cette atmosphère faite de violence sur les enfants « n’est pas inévitable, on peut la prévenir si nous refusons qu’elle reste dans l’ombre. Il est possible de briser le cycle de la violence envers les enfants, et il est impératif, au nom de la morale et des droits de l’homme, d’agir maintenant. Nous pouvons prévenir la violence et nous pouvons commencer aujourd’hui. La violence envers les enfants ne peut plus être tolérée et ne peut être éliminée que grâce aux efforts collectifs de tous, à tous les niveaux. L’UNICEF réitère son engagement et sa disponibilité à accompagner le gouvernement du Niger dans ses efforts de promotion et de protection des droits de l’enfant. » »
Il faut préciser que les enfants malmenés et torturés par leur marabout à leur école coranique sont tous originaires d’Assaga, un village pas très éloigné de Diffa, sur la route de N’Guigmi.
Bassirou Baki Edir