A 90 km à l’Ouest de Tahoua, le mardi 10 mars 2020, les populations présentes au marché hebdomadaire de la Commune Rurale de Tébaram ont été témoins d’un évènement plus qu’inattendu. En effet, c’est avec surprise et stupeur qu’elles assistèrent à l’arrestation de nombreux jeunes gens qu’elles côtoient au quotidien.
Avec émoi, elles furent l’amère découverte qu’elles vivent sous l’ombre insoupçonnée d’un grand danger, celui du terrorisme. Plus d’une quarantaine de jeunes gens complices des terroristes furent appréhendés ce jour-là, pas seulement à Tébaram, mais aussi à une trentaine de km de là, au sud-ouest, à Bagaroua, un autre Département de la Région de Tahoua.
Tout a commencé quand nos braves FDS, dans leur mission de garantir notre sécurité de jour comme de nuit, furent informées du comportement un peu moins orthodoxe d’un ‘’dillali’’ ou intermédiaire qui s’occupe de la vente à petite échelle de bétails sur pieds.
En dehors de ses rares petites rentrées d’argent que lui reconnaissent les populations, rentrées d’argent qui ne sont possibles que les jours de marché, ce ‘’dillali’’ n’a pas d’autre activité assez rentable qui lui permettrait de posséder certains biens ostensibles jusqu’à grimper à l’échelle des petits richards ruraux. Tout ‘’dillali’’ qu’il est, il s’est, quand même, acheté une voiture avec laquelle il crâne en longueur de journée.
Mais comme la nature n’aime du tout des changements brusques et brutaux du quotidien économique de tout un chacun sans base légale connu de tous, elle a vite créé les conditions de sa dénonciation. Des éléments de nos FDS se sont présentés à notre nouveau riche, lui ont présenté sa propre photo et lui ont demandé si c’est bel et bien lui. Ne s’en rendant pas compte du filet qui lui est tendu, il n’a pas hésité de répondre par l’affirmative. Nos braves soldats lui demandèrent aussi de leur montrer son véhicule. Ce qu’il fit sans l’ombre d’une hésitation.
C’est alors qu’ils sortirent leur appareil de détection des armes à feu qui, rapidement, se mit à clignoter et trépigner une fois approché de la voiture. Les portières de celle-ci furent rapidement ouvertes et sous les sièges qu’ils soulevèrent, les éléments des FDS découvrirent une arme bien cachée.
C’est alors qu’ils menottèrent le ‘’dillali’’ de Tébaram et, sur place, se mirent à l’interroger. Avec professionnalisme, ils le conduisirent à leur poste de commandement où il finit par dénoncer tous les collaborateurs des djihadistes.
La Commune Rurale de Tébaram fut, alors, vite bouclée par les FDS qui procédèrent à l’arrestation d’une quarantaine de complices des terroristes. Ces arrestations ont été conduites jusqu’à Bagaroua grâce aux aveux du fameux ‘’dillali’’.
Avec lui, elles apprirent le mode opératoire qui permet aux terroristes de s’approvisionner en carburant. Des jeunes gens du village faisaient rentrer de l’essence et du gasoil du Nigéria par la fraude. Ils en font des cargaisons montées sur deux à trois véhicules qu’ils conduisaient à la frontière malienne à des endroits que leur ont indiqués les terroristes.
De retour à la maison, ils attendent deux à trois jours avant de retourner sur place où ils trouvent en contrepartie de leur carburant, soit de l’argent, de l’or ou d’autres objets de valeur mais aussi des armes qu’ils ramènent chez eux ou au niveau d’autres marchés où sévissent des personnes prêtes à acheter des objets de recèle aussi prohibés soient-ils.
C’est grâce à ce commerce d’un autre genre que s’est enrichi notre fameux ‘’dillali’’. C’est, aussi, grâce au carburant que leur vendent des villageois ignorants que les terroristes font le plein de leurs motos pour attaquer nos FDS.
Face à cette situation, l’Etat doit tout mettre en œuvre pour combattre la fraude de carburant. C’est la fraude de carburant qui est la véritable source d’entretien du terrorisme. Sans le carburant fraudé, il sera difficile aux terroristes de se déplacer si nombreux pour semer la désolation dans nos villes et villages.
Bassirou Baki Edir