Tout a été fait par le gouvernement pour éviter l’opération « justice morte », lundi dernier, initiée par le syndicat autonome des magistrats du Niger (Saman) et soutenue par le barreau de Niamey, le syndicat des agents de la justice et les jeunes avocats. À l’origine de la fronde des acteurs de la justice, c’est l’issue à réserver au rapport d’audit du ministère de la défense nationale. Un rapport ordonné par le président Issoufou Mahamadou, qui est encore provisoire.
Les frondeurs ont eu l’impression que le gouvernement veut soustraire ceux qui ont remboursé de toute poursuite pénale. Faux, rétorque le gouvernement pour qui le remboursement est sans préjudice des poursuites pénales. En d’autres termes, ils vont payer, et les juges ont la faculté d’engager des poursuites pénales.
Le gouvernement a donc tout fait pour éviter la grève des toges noires et rouges. Deux jours de suite, les vendredi et samedi derniers, c’est le Premier ministre lui-même qui a supervisé les échanges entre gouvernement et acteurs de la justice. Les deux « parties ont convenu de la nécessité de poursuivre le traitement des infractions économiques et financières conformément aux lois et règlements de la République », a t-on appris de sources proches du dossier. A un pas de signer le communiqué conjoint, tout s’effondre comme un château de cartes. Les interlocuteurs du gouvernement remettent en cause ce qu’ils ont accepté quelques minutes auparavant. Rien à faire, il faut suspendre les échanges pour leur permettre d’aller réfléchir.
Le hic, c’est que l’essentiel a été convenu à savoir le traitement des infractions économiques et financières suivant les lois et règlements de la République. Quoi d’autre faut-il chercher ? Personne ne doit échapper à la justice. C’est ça le plus important. Les acteurs de la justice ont certainement voulu que le gouvernement perde la face avant de signer le communiqué conjoint. C’est une forme de chantage qui ne dit pas son nom.
Tiemogo Bizo