Crise politico-institutionnelle en Guinée Bissau : Les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO en Session Extraordinaire à Niamey

Le Palais de Congrès de Niamey a servi de cadre, ce vendredi 8 novembre 2019, à l’ouverture de la Session Extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO avec à l’ordre du jour la crise institutionnelle qui secoue la Guinée Bissau. Cette rencontre a vu la présence des Présidents du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Niger, du Togo, du Sénégal, de la Sierra Léone, du Ghana et du Libéria, les Vice-Présidents de la Gambie et du Nigéria et de nombreuses autres personnalités de marque.

C’est au Présidents de la République du Niger, Issoufou Mahamadou, Président en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, qu’est revenu l’honneur de présider la session extraordinaire.

Dans le discours qu’il a prononcé à cette occasion, il a, d’abord, expliqué, « si nous avons convoqué ce Sommet Extraordinaire, c’est parce que la Guinée Bissau, un Etat membre de notre communauté, vit une situation de crise politique et institutionnelle grave, avec des conséquences désastreuses pour ce pays et pour notre sous-région ».

Le Président Issoufou a, aussi, rappelé que «  la Crise politique que la Guinée Bissau traverse n’est pas nouvelle… La CEDEAO s’est beaucoup investi depuis 2015 pour y soutenir la normalisation socio-politique et garantir la paix et la sécurité ».

En effet, pour ramener la paix dans ce pays notoirement instable, de nombreuses médiations ont été engagées par les Etats membres de l’institution sous régionale, médiations ayant abouti aux Accords de Conakry en octobre 2016. Pour mettre en œuvre ledit accord, une Feuille de Route a été établie, mais qui, apparemment, fait face à certaines difficultés en lien avec les derniers évènements politico-institutionnels qui secouent le pays.

En rappel, la mise en œuvre des décisions contenues dans l’Accord de Conakry, avec le soutien technique et financier de la CEDEAO et bien d’autres partenaires, a abouti aux élections législatives de mars 2019.

Pour le Président Issoufou, « la tenue de ces élections législatives revêtait une importance cruciale pour remettre le pays sur la voie de la stabilité, dès lors que ces élections avaient été jugées transparentes, crédibles et respectées par tous les acteurs ».

Le Chef de l’Etat nigérien a ensuite souligné que « sur la base du résultat de ces élections législatives et d’un consensus obtenu au niveau de toutes les parties en conflit et en conformité avec les décisions prises par notre conférence au sommet tenu le 29 juin 2019 à Abuja, un Premier Ministre a été nommé, un gouvernement mis en place et la date des élections présidentielles fixée au 24 novembre 2019. Dans le cadre de ce consensus le Président de la République dont le mandat était arrivé à terme depuis le 23 juin 2019, a été maintenu en poste jusqu’à la fin du processus électoral ».

Malheureusement, en octobre 2019, le Président bissau-guinéen limoge le Premier Ministre et son Gouvernement pour nommer un nouveau à sa place. Pour le Président Issoufou, cette « décision est de nature à remettre en cause le calendrier électoral cité plus haut, à créer un blocage politique des institutions, et surtout, à accroitre les risques de confrontations entre les différentes forces de défense et de sécurité nationales, sans oublier la Force d’Appui à la Paix de la CEDEAO (ECOMIB) ».

Evidemment, un comité ministériel de suivi a été mandaté sur place par l’institution sous régionale, lequel comité « a réagi avec fermeté en dénonçant ce dérapage et a demandé, au nom de notre organisation, de poursuivre le processus électoral suivant le calendrier consensuellement arrêté », a expliqué le Président nigérien.

« Le comité ministériel de suivi nous fera rapport de son évaluation de la situation, ce qui va nous permettre d’en débattre, d’apprécier les différentes recommandations et de prendre les décisions idoines en vue d’une sortie rapide de cette crise », a-t-il laissé entendre.

C’est avec une très grande fermeté que le Président Issoufou termina ses propos en martelant : « en tout état de cause notre sommet doit envoyer aux protagonistes un message clair : la CEDEAO ne peut tolérer, pour quelque raison que ce soit, la déstabilisation d’un Etat membre ».

Le Président de la Commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou, a, de son côté, souligné à l’adresse des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’institution sous régionale que « les recommandations du comité ministériel qui vous seront présentées ont pour objectif de nourrir votre réflexion sur les voies et moyens d’aider la Guinée Bissau à sortir de l’impasse dans laquelle elle a été engagée. Une issue heureuse contribuerait nécessairement à la préservation de la paix et de la stabilité dans notre sous-région ».

La Session Extraordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement a pris fin par un communiqué final dans lequel plusieurs mesures ont été prises pour remettre le processus électoral bissau-guinéen sur les rails.

Des sanctions ont été aussi prévues à l’encontre de tous ceux qui remettront en cause la paix et la stabilité du pays. Aux dernières nouvelles, nous apprenons la démission du premier ministre nommé par le Président José Mario Vaz.

Abdoul Aziz Moussa