Le permis biométrique fait débat au Niger. En effet, les conditions de passation de ce marché, les connexions prébendières qui ont été détectées et le coût élevé du précieux document ont fait réagir vigoureusement l’opinion qui a réussi à faire suspendre la procédure par le gouvernement. Les odeurs malodorantes de corruption présumée ont intéressé la Haute Autorité de Lutte contre la corruption et les Infractions Assimilées (Halcia). L’enquête qu’elle a diligentée a mis au jour des indélicatesses et du népotisme dans l’entourage familial même du ministre chargé des Transports. Le coût a été considérablement revu à la baisse. Le trop perçu a été remboursé aux tout premiers clients qui s’étaient empressés dans les guichets de la société.
Depuis lors, plusieurs fonctionnaires du Ministère des Transports gardent prison en raison du rôle qu’ils auraient joué dans cette arnaque. L’infraction est bien localisée. Elle n’engage pas le gouvernement. Le ministre Karidio reste encore à son poste.
Le secteur des hydrocarbures a aussi fait l’objet d’examen. Des filières mafieuses ont également été démantelées.
Le fait de diligenter une enquête qui a permis de détecter des indélicatesses est en soi un progrès dans notre quête d’une gouvernance de qualité. Le fait que la Halcia soit renforcée dans ses attributions au point où les dossiers de délinquance économique et financière ne peuvent pas être classés sans suite est également une autre avancée. Car les nigériens ont soif de justice. Ils ont soif de traitement équitable face à la justice. Les nigériens refusent que des bandits au col blanc soient protégés suivant un système hideux d’omerta, et que des auteurs de larcins soient embastillés. La justice doit être égale pour tous.
En tous cas, les dossiers sulfureux du permis biométrique et du trafic des hydrocarbures n’ont pas fini de livrer tous leurs secrets. Nul doute que tous ceux qui ont une part de responsabilité seront obligés de l’assumer. C’est cela aussi la redevabilité.
Il est donc malsain que certains acteurs cités dans ces dossiers cherchent à diluer leurs propres responsabilités en laissant croire qu’il s’agit simplement d’une cabale contre eux. Pourtant, personne n’a rien dit à leur propos lorsqu’ils n’avaient pas mis leurs mains dans ces opérations mafieuses. Ils n’auraient jamais été cités s’ils avaient observé les règles d’éthique nécessaires.
La Halcia doit poursuivre ses investigations. Des suites diligentes doivent leur être accordées dans le respect des lois et règlements de la République. C’est le vœu aussi du président de la République, qui, selon certaines sources, entend renforcer davantage la Halcia dans ses attributions. A ce sujet, une loi serait actuellement sur le bureau de l’Assemblée nationale. Tout porte à croire que la grande « salubrité » annoncée est presque là.
Tiemogo Bizo