Cette conférence organisée par le National Democratic Institute à Niamey a surtout permis de crever l’abcès sur l’épineuse question de la limitation des mandats présidentiels. Trois jours durant, anciens Chefs d’État africains, leaders de la société civile et professionnels des médias ont discuté sur le Constitutionnalisme et le renforcement de la démocratie. D’importantes recommandations sont issues de cette importante rencontre.
La conférence a examiné les concepts de Constitutionnalisme, la consolidation de la démocratie et le transfert pacifique du pouvoir exécutif sur le continent africain. Dans une déclaration rendue publique, dénommée »déclaration de Niamey », les participants ont émis au moins trois recommandations. La première est de promouvoir et de défendre les principes du Constitutionnalisme, de l’État de droit et du respect de la limitation des mandats. Ensuite faciliter le transfert pacifique du pouvoir.
La troisième recommandation est d’encourager un processus national et continental sur le respect des limites du mandat présidentiel. Un sujet qui fâche souvent. La limitation des mandats, puisque c’est de ça qu’il s’agit, » était un tabou, une question sensible », selon l’ancienne Présidente de la République de la Centrafrique Madame Catherine Samba-Panza. C’est en cela qu’il faut susciter l’intérêt des citoyens sur cette question afin que toutes les couches sociales se l’approprient. Également faire comprendre aux Chefs d’État actuellement au pouvoir que le principe de la limitation des mandats et de l’alternance présente plusieurs avantages pour eux-mêmes et pour le pays.
Si ce principe fait aujourd’hui défaut au sein de la gouvernance politique de plusieurs États africains, c’est surtout dû au manque de volonté politique de ceux qui sont au pouvoir. Aussi mettre à l’esprit que la gestion du pouvoir n’est pas un héritage familial, mais plutôt un bien qui appartient à tous. C’est pour cela que l’ancien Président Goodluck Jonathan du Nigéria a déclaré que les dirigeants doivent mettre à l’idée que nul n’est indispensable à la tête d’un État. Les Chefs d’État doivent choisir entre » écrire une bonne page de l’histoire ou bien écrire une mauvaise ».
Dans l’espace CEDEAO (Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest), il existe selon l’ancien Président du Bénin Nicéphore Soglo une disposition légale qui interdit toute modification substantielle de la Constitution à moins de 6 mois avant les élections. Cependant elle n’est pas du tout respecté par les signataires, c’est à dire les Chefs d’État. Aujourd’hui, affirme le Commissaire de l’Union Africaine Calixte Mbari, une étude a été demandée sur la limitation des mandats et qui sera présentée au Conseil de Paix et de Sécurité entre Octobre et Novembre 2019.
Enfin, dans son mot de clôture, Dr Christopher Fomunyoh, le Directeur Afrique du NDI a formulé le vœu » d’œuvrer pour que ce qui a été dit dans la déclaration de Niamey soit mis en œuvre » tout en espérant que l’Afrique de demain sera meilleure que celle d’aujourd’hui. Le choix de Niamey pour abriter cette conférence n’est pas fortuit au regard de la détermination du président de quitter le pouvoir dans un an à la fin de son second mandat dans le respect de la constitution du Niger.
Koami Agbetiafa