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Réactions d’indignation de 3 acteurs de la société civile nigérienne sur les actes xénophobes en Afrique

C’est un truisme de dire que  ce qui passe en Afrique du Sud est sidérant et inadmissible. Les actes xénophobes perpétrés contre les africains par les sud-africains ne sont que la traduction des antivaleurs qui tirent l’Afrique vers le bas. Niger Inter a recueillis les propos de trois acteurs de la société civile nigérienne notamment : SANOUSSI Mahaman, Inoussa Saouna et Elhadji Idi Abdou.

SANOUSSI Mahaman, acteur de la société civile nigérienne

‘’Comme vous le savez, depuis le Lundi 02 Septembre 2019, nous assistons à une exacerbation des violences, sur fond de xénophobie, contre des migrants africains en Afrique du Sud. Je note comme bien d’autres observateurs que ces violences sont inadmissibles.

Selon un bilan non exhaustif, on a enregistré 45 étrangers morts vifs, des blessés graves, des centaines de magasins appartenant à des étrangers pillés et saccagés. La situation est déplorable et elle a choqué l’humanité entière.

En effet, les sud-africains ne sont pas à leur premier coup. En 2008 et 2015, ils avaient porté atteinte à la vie, à l’intégrité physique et aux biens des africains vivant dans leur pays.

Suite à cet événement malheureux, des cas de représailles ont été enregistrés contre les ressortissants sud-africains résidant dans les autres pays africains. On peut souligner le cas de pillage des supermarchés appartenant aux sud-africains dans la ville de Lagos au Nigeria.

En Zambie et dans d’autres pays africains, des marches de protestation ont été organisées devant les ambassades de l’Afrique du Sud.

Aussi, des incidents diplomatiques entre l’Afrique du sud et certains États se multiplient.

Si l’on ne  prend garde, cette triste situation peut se généraliser et devenir un conflit international.

Il est important pour apaiser les cœurs et esprits, que les autorités sud-africaines présentent leurs excuses, condoléances et compassions aux peuples africains profondément choqués par cette tragédie.

L’Union africaine doit convoquer d’urgence une réunion sur les violences en Afrique du sud et les représailles subséquentes.

Aussi, les organisations panafricaines non gouvernementales  doivent intensifier les déclarations et les appels au calme.

Nous devons nous ressaisir car les défis pour l’Afrique sont nombreux.

Du coup, la xénophobie doit être bannie sur notre continent et dans le monde entier au moment où nous appelons à l’union africaine de tous nos vœux.

Nos frères sud-africains, compatriotes de Nelson Mandela, prix Nobel de la paix et symbole de lutte contre l’apartheid, doivent revoir leur copie en interpellant leur conscience surtout dans un contexte où les peuples africains aspirent à une intégration politique, économique et culturelle au niveau continental.

En espérant que ces actes ignobles seront immédiatement cessés, que Dieu le tout puissant guide nos peuples dans l’unité, la paix et la prospérité.’’

Inoussa Saouna, président SOS-Tabagisme Niger

‘’La situation en Afrique du Sud est en vérité la preuve de l’échec de l’ANC. C’est le résultat de l’échec des leaders de ce mouvement historique depuis le départ de Mandela. C’est aussi le résultat des fausses promesses à la jeunesse désœuvrée par cette bande d’affairistes qui ont hérité de la lutte des prédécesseurs qui ont sacrifié leur vie. Aujourd’hui cette situation est une honte pour l’Afrique. Je constate avec peine le silence de l’Union Africaine et des chefs d’Etat. J’appelle nos frères sud-africains à se ressaisir et aux politiques de s’assumer. C’est révoltant et impensable ce qui se passe dans le pays de Nelson Mandela. Il importe que les africains des 4 coins du continent disent une bonne fois pour toutes aux sud-africains qu’ils doivent se reprendre. Ce qui passe chez ne les honore en rien. Bien au contraire. Nous appelons à confrères des OSC en Afrique du Sud et toutes bonnes volontés de se mobiliser que de tels actes ne se reproduisent plus dans ce pays frère. ‘’

Elhadji Idi Abdou, acteur de la société civile

‘’Je suis outré par une telle barbarie. Qu’est ce qui arrive  à ce peuple sud-africain, celui-là même qui a le plus bénéficié du panafricanisme, de la solidarité et de la fraternité de l’Afrique afin de se départir de l’odieux système d’apartheid.

Comment se sont- ils réveillés avec cet énorme trou de mémoire en développant cette xénophobie criminelle contre leurs propres frères et sœurs africains, c’est à dire, le nigérians,  les zimbabwéens, les zambiens, les kenyans, les swazilandais, les tchadiens, les togolais, les maliens, les congolais, etc qui avaient consenti d’énormes sacrifices pour les libérer du système d’apartheid. Sont- ils incapables, ces sud-africains de comprendre la raison de leur misère ? Une misère qui résulte de la mauvaise gouvernance de leurs dirigeants. Au lieu de demander des comptes, comme font quotidiennement les autres jeunes africains responsables dans leurs pays respectifs, à leurs dirigeants, ces jeunes sud – africains ont préféré la quête de boucs émissaires  et l’ingratitude en organisant, lâchement, le massacre de leurs innocents  frères et sœurs africains. Malheureusement, cette quête de boucs émissaires ne change rien à leur situation de misère, au contraire, l’Afrique a découvert un peuple qui ne méritait pas sa solidarité et sa fraternité et qui doit être isolé. L’Union Africaine (UA) a, du coup, le devoir de suspendre l’Afrique du Sud provisoirement, afin qu’elle réfléchisse et comprenne qu’elle a dépassé toutes les limites acceptables. Tous les pays africains doivent manifester leur intolérance vis à vis de cette barbarie en rappelant leurs ambassadeurs en Afrique du Sud en attendant une réunion extraordinaire de L’UA consacrant sa suspension de l’Union. Stand up for panafricanism.’’

Propos recueillis par Elh. M. Souleymane