Les députés nationaux ont adopté hier lundi 17 juin 2019, la loi portant Exercice du Culte en République du Niger par 125 voix pour, 32 contre et 2 abstentions.
Après près de 10 heures de travaux, le Projet de loi relatif à l’Exercice du Culte en République du Niger a été voté avec une majorité écrasante à l’Assemblée nationale.
« Je voudrais vous remercier pour le calme et la sérénité avec lesquelles vous avez discuté de ce texte qui aurait pu occasionner une certaine polémique », s’est félicité après le vote, Bazoum Mohamed, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique, de la Décentralisation et des Affaires coutumières et religieuses.
« Mais sachant que les dispositions de la loi sont toutes de nature totalement évidente qu’elles ont fait un consensus total de l’Assemblée nationale », a-t-il ajouté.
Initié par le Ministère de l’Intérieur et adopté en Conseil des ministres du 29 avril 2019, la loi portant Exercice du Culte en République du Niger a pour objet de doter le Niger d’un cadre juridique général relatif à la pratique du culte.
Il s’agit de donner à l’Etat des moyens d’un plus grand contrôle des pratiques qui ont cours dans la sphère religieuse afin de prévenir les risques des dérives constatées dans d’autres pays.
Pas de consensus dans le rang des associations islamiques
Sur 105 Associations islamiques, 8 ont rejeté ce projet de loi. « Ce projet de loi que rien ne justifie dans le contexte sociologique du Niger, est de nature à créer une fitna, en exacerbant le sentiment d’injustice des populations nigériennes par des contrôles aussi inutiles que contre-productifs sur ces lieux de culte, ses imans et autres oulémas prêcheurs », estiment ces 8 associations dont un des leaders a été interpellé et « éconduit à la Cellule anti-terroriste ».
« Pour nous l’arrestation de Cheick Chaibou démontre les objectifs cachés du projet de loi, nous y comprenons une application anticipée de l’esprit des dispositions de cette loi dont l’essentiel du contenu sera matérialisé par des décrets et arrêtés qui échappent totalement au contrôle des représentants du peuple », déclarent-ils.
« Ce projet de loi a été participatif », a déclaré Yahouza Sadissou, ministre de l’Enseignement représentant du gouvernement à l’issue de la rencontre tenue dimanche entre le Premier ministre et les représentants des associations islamiques après les émeutes de Maradi nées de l’arrestation d’un imam à la Police Judicaire. « La réunion a eu un large consensus sur toutes les questions qui sont contenues dans ce projet de loi », a-t-il ajouté.
En amont de la gestation de la loi adoptée hier, il y a un colloque avec la participation des oulémas d’ici et d’ailleurs. Il faut déplorer des dégâts inutiles provoqués par des émeutes à Maradi inhérents à une manipulation à partir d’un tract. L’imam interpellé a dénoncé les auteurs de la manœuvre qui doivent s’expliquer devant le juge d’avoir ourdi un complot de nature à créer des troubles dans le pays.
Dans un appel au bon sens, le prédicateur Cheikh Boureima Abdou a déclaré : « Au moment où chaque pays appelle ses fils à se souder, au moment où plus que jamais on a besoin de faire la paix et l’unité, nous interpellons les uns et les autres à plus de responsabilité et à mettre tout en œuvre pour éviter à notre pays d’autres problèmes. Je condamne les réactions et les arrestations spontanées comme je condamne le fait de se prendre aux lieux de culte des chrétiens. Avec le dialogue et la concertation on peut surmonter toute difficulté », a martelé Cheikh Boureima.
EMS et A. Amoustapha