La violence prend de l’ampleur dans le Nord central du Nigeria, en l’occurrence dans les Etats de Kano, Katsena, Sokoto et Zanfara, tous frontaliers du Niger. Cette violence est imputée aux groupes terroristes qui cherchent à prendre pied dans la région, si ce n’est déjà fait puisque de nombreux actes terroristes ont été enregistrés ces derniers temps qui vont des combats armés entre ces groupes et les Forces de Défenses et de Sécurité du Niger et du Nigéria aux enlèvements de personnes et des meurtres en tout genre.
Face à l’insécurité de plus en plus grandissante dans cette zone, de nombreuses personnes prennent la fuite pour se réfugier au Niger. En exemple, l’arrivée massive, la semaine dernière, de plus de 3000 personnes dans la région de Maradi plus précisément à Dan Kano I et II, deux villages du Département de Guidan Roumdji.
Ces réfugiés proviennent de Sabon Birni dans l’Etat de Sokoto frontalier avec le Niger. Ils viennent s’ajouter au lot de personnes à qui le village de Dan Issa et les villes de Maradi et de Madarounfa servent de dortoirs, les nuits, de peur d’être enlevées ou tuées par des bandits armés. Ces personnes sont, essentiellement, de riches commerçants qui mènent leurs affaires à Djibia dans l’Etat de Katsena qui fait frontière avec la région de Maradi.
En effet, de nombreux enlèvements souvent suivis de meurtres ont été signalés ces deniers temps dans cet Etat, mais aussi, dans ceux de Sokoto et de Zanfara. Les groupes djihadistes qui se sont installés dans la région sont, principalement, à l’origine de ces meurtres et enlèvements.
Ces terroristes se sont, souvent, affrontés avec l’armée nigérienne qui ne leur laisse aucun répit afin de les éloigner de nos frontières à plus forte raison pouvoir s’installer dans nos villes et villages. Celle-ci a perdu, d’ailleurs, cinq de ses éléments dans un affrontement qu’elle a conduit contre ces criminels le 1er Janvier 2019 et a déploré cinq blessés au Sud du département de Madarounfa, toujours dans la région de Maradi.
L’on se rappelle aussi que nos FDS ont mené, entre fin 2018 et début 2019, des opérations de ratissages anti-terroristes dans certaines localités du Département de Konni dans la région de Tahoua. Ces opérations ont eu un succès tel qu’elles ont permis de déloger et mettre hors d’état de nuire des cellules de djihadistes qui cherchaient à s’installer dans notre pays.
Les spécialistes des questions de sécurité ont souvent alerté nos Etats sur les risques de création de nouveaux foyers de terrorismes islamistes dans le Nord central du Nigeria à la frontière avec le Niger. En effet, face aux trafics d’armes qui s’accentuent en direction du Nigéria en provenance de la Libye, les soupçons de naissance de nouveaux foyers de terrorisme sont devenus de plus en plus sérieux.
D’ailleurs, les enlèvements et meurtres à grandes échelles de personnes civiles se perpètrent de manière presque quotidienne dans le Nord central du Nigéria qu’il est for à craindre que ce soit tous les pays du Sahel notamment Ouest-africains qui risquent d’être victimes d’un embrasement généralisé.
Seulement connu dans les pays autour du Lac Tchad essentiellement dans l’Etat de Borno dans l’extrême Nord-est du Nigéria avec des actions sporadiques au Niger, au Tchad et au Cameroun, mais aussi dans les pays comme le Mali et le Burkina Faso, le terrorisme islamiste a pris de l’ampleur ces derniers temps par des assauts meurtriers dans des régions où il est presque un fait nouveau.
C’est le cas dans ces zones du Nord central du Nigeria frontalières des régions de Maradi et de Tahoua dont les populations vivent sous la menace permanente de ces nouveaux foyers de conflits qui peuvent déborder jusqu’à chez nous si l’on n’y prend pas garde.
Les récents assauts terroristes à Dolbel, Koutoukalé, Mangaïzé et Tongo Tongo qui ont fait une trentaine de morts au sein de nos propres troupes peuvent aussi être pris en compte dans la généralisation du terrorisme djihadiste en Afrique de l’Ouest.
Cette généralisation du terrorisme islamiste a atteint certainement le Bénin, voisin du Niger, du Nigéria et du Burkina Faso. Celui-ci a, de tout temps, été épargné par les islamistes. Mais, pas plus tard que ces dernières semaines, au Nord de ce pays, deux touristes français ont été enlevés et pris en otage par des éléments terroristes. Ils ont été secourus par l’armée de leur pays après d’âpres combats avec les ravisseurs. Ce qui a coûté la vie à deux militaires des forces spéciales françaises impliquées dans le sauvetage.
Bassirou Baki Edir