Rendre compte. C’est un principe fondamentalement éthique. Il est tout aussi une valeur de gouvernance démocratique. Vouloir s’y soustraire reviendrait à refuser de se faire régir par les règles de la bonne gouvernance. Malheureusement, c’est ce qui arrive à l’université, temple du savoir. On tombe des nues lorsqu’on entend le syndicat national des enseignants chercheurs et chercheurs du supérieur (SNECS) refuser que ces règles de bonne gouvernance soient appliquées à l’université. L’Etat qui accorde la subvention aux universités publiques a l’obligation de s’assurer que l’argent public est bien géré. Il doit également veiller à ce que les politiques publiques en matière d’enseignement supérieur et de recherche sont effectivement prises en charge par les universités publiques.
Les enseignants chercheurs peuvent ameuter le monde entier parce que les recteurs et vice recteurs sont nommés par l’Etat mais restent étonnamment sourds et aveugles lorsque les étudiants passent trois ans dans une même classe. Il y a des cas où il y a au moins trois générations d’étudiants de première année dans un même département parce que les étudiants ne sont pas évalués et les résultats rendus publics. Cela se constate particulièrement à l’université de Niamey. Ils restent particulièrement insensibles sur la qualité de l’enseignement supérieur, et semblent être fiers lorsqu’il y a un taux élevé d’échecs. Pourtant ces échecs massifs doivent leur être imputés parce que certains enseignants font du semblant. Comment peut-on considérer des enseignements et évaluations comme faits lorsqu’ils ne le sont pas parce que les enseignants veulent leur grève ? Une grève qui tend à prendre les étudiants et l’institution universitaire en otages. Ils veulent prendre le raccourci. C’est pourquoi, ils refusent obstinément de se faire évaluer comme s’ils sont omniscients. C’est pourquoi aussi, les méthodes d’enseignement et d’évaluation des étudiants sont encore archaïques.
Le gouvernement doit refuser le surplace que veulent lui imposer les enseignants chercheurs au détriment de l’intérêt du pays et des étudiants. Il y a donc nécessité de savoir comment l’argent public est géré par l’université, qui est loin d’être un modèle en matière de bonne gestion, tout comme il faut savoir comment les étudiants sont tenus. C’est au gouvernement de déterminer sa politique en cette matière pour éviter de sacrifier l’intérêt général au profit des intérêts de groupes.
Le SNECS a tort de prendre la posture va-t’en guerre qu’il a prise pour refuser tout débat sur ces questions.
Du reste, un grand débat sur l’université est même nécessaire pour définitivement crever l’abcès et imposer des réformes comme celles que nous avions connues pendant le gouvernement de transition, en 2010-2011 ; des reformes qui ont été faites contre la volonté des enseignants chercheurs, des réformes qui sont aujourd’hui unanimement saluées.
Tiémago Bizo