En début de semaine, apprend-on, la direction d’Orange Niger est allée à Canossa. Elle a fait contre mauvaise fortune bon cœur. Allant droit vers sa fermeture définitive au Niger, Orange a capitulé de sa posture intransigeante et paternaliste. La DGI avec le soutien des plus hautes autorités a contraint Orange Niger à se reprendre en se conformant aux injonctions du fisc nigérien. Retour sur cette prouesse du gouvernement du Niger.
Depuis quelques semaines, il s’est passé un véritable bras de fer entre Orange Niger et la Direction générale des impôts (DGI). Sommée de payer ses impôts, la compagnie de téléphonie Orange Niger avait eu recours au dilatoire dans une vaine tentative d’échapper au fisc nigérien. Ironie du sort, de la même façon qu’Orange Niger fait payer d’avance le consommateur (prépayé), la DGI avait opposé à cette compagnie le principe du fisc qui consiste à payer une partie de ce qu’on doit avant tout recours en justice. Ce qui fut fait finalement par Orange en dépit des manœuvres infructueuses initiées par la Direction d’Orange Niger.
La semaine dernière, l’opinion publique était témoin d’un message de la police émettant un avis de recherche du Directeur général d’Orange. Ce qui en dit long sur la détermination des autorités nigériens à mettre le trésor national dans ses droits. Il faut rappeler qu’en amont, le gouvernement a déjà ramené la TATTIE subséquemment au non-respect des engagements des compagnies de téléphonie d’investir la contrepartie à la suite de la loi des finances 2018. Dès que le ministre des finances Massoudou Hassoumi avait découvert la supercherie, le gouvernement avait rectifié le tir avec la loi des finances 2019.
Dès le début de cette épreuve de force, nous avons en temps réel alerté sur la nécessité de soutenir la DGI sur toute la ligne. Nous écrivions dans une de nos éditions : « La Direction générale des impôts force l’admiration des Nigériens. Elle est en train de soulager les Nigériens d’une certaine manière face aux intrigues de ces malins génies que sont les compagnies de téléphonie qui se la coulent douce en abusant de la confiance de leurs clients. Mais les temps sont durs pour ces arroseurs en passe d’être arrosés. Depuis quelques jours, la DGI les intime l’ordre de payer leurs factures ou de fermer boutiques ! »
Nous avons soutenu que « Si les organes de presse ont été fermés avec empressement pour se soumettre aux injonctions de la DGI, on voit mal comment Orange Niger et Airtel pourront échapper. Qui plus est, le ministère des finances doit sévir contre toutes les compagnies de téléphonie pour avoir failli au respect de leur engagement d’investir en compensation de la Tattie et la Turtel au bénéfice de la loi de finances 2018. Il y a là des milliards à récupérer ne serait-ce que pour régler définitivement les problèmes de bourses des étudiants et contractuels de l’enseignement ».
C’est désormais chose faite. L’argentier national et son équipe, Massoudou Hassoumi comme les limiers de la police nationale viennent de gagner une grande bataille pour le bien du trésor nation al. On ne peut que les féliciter et les encourager à persévérer en s’intéressant à poursuivre tous ceux gros poissons en embuscade pour échapper aux mailles du fisc.
Dans un monde libéral où en principe le consommateur s’attend à en avoir beaucoup plus pour son argent, il y a lieu de se demander si nos compagnies de téléphonie n’abusent vraiment pas de nous ? Que de vols, d’escroqueries et abus se plaignent au quotidien les clients de leurs fournisseurs.
« Sans nul doute des millions et des millions de Nigériens qui subissent chaque jour les méfaits d’une société qui se croit en territoire conquis. Tous les abonnés de ce réseau maléfique ont au moins une fois au cours de leur vie étaient victimes du vol des unités et de la qualité de plus en plus médiocre des services… », s’indignait un client.
Nous disons qu’il s’agit là d’un problème réel. La mauvaise qualité du service et les désagréments subis par le consommateur perdurent. Impuissants face à ces sangsues, les clients attendent au moins qu’on leur offre le minimum pour leur argent. La société civile et le régulateur ont encore du pain sur la planche au Niger. Combien d’entre nous passent des journées entières à attendre la connexion d’un service qu’ils ont payé d’avance ? Combien de fois ces petits revendeurs de ‘’chap chap’’ de quartiers et leurs clients croisent le fer pour un service dont le mystère désoriente tout le monde ?
Au Niger comme ailleurs, il faut certes saluer l’avènement de la téléphonie, mais force est de constater que nos compagnies de téléphonie n’en font qu’à ‘’leur tête’’ tant le respect du consommateur et des valeurs ne sont pas leur première qualité. Nos sociétés de téléphonie sont bien à mille lieues du constat de cet expert : « Dans les faits, pouvoir offrir aux consommateurs beaucoup pour leur argent est difficile et suppose que la firme soit extrêmement efficiente partout, voire qu’elle se réinvente ». Loin de se réinventer, nos ‘’firmes’’ font du sur place qui frise de l’arnaque aux yeux du consommateur. Ce dernier subit la communication de façon unilatérale visant à l’amener toujours à consommer plus. C’est en cela qu’il urge de mettre en selle la compagnie Nigertélécoms pour qu’elle puisse inverser cette tendance ultra mercantiliste d’Orange Niger, Airtel et Moov Niger. C’est aussi cela ‘’consommons nigérien’’.
On le voit, face aux actions citoyennes de la DGI à l’encontre de nos ‘’bourreaux’’ modernes les Nigériens sur les réseaux sociaux sont loin de s’apitoyer sur leur sort. Bien au contraire. Ils sont nombreux à apporter de l’eau au moulin de la DGI pour mettre l’Etat dans ses droits et par ricochet qu’ils sentent bien qu’ils ne sont pas dans un no man’s land. Mention spéciale à la DGI pour cette prouesse.
Elh. M. Souleymane