Billet : De l’inclusivité, parlons-en !

Au Conseil National du Dialogue Politique (CNDP), s’il y a une notion qui empêche le consensus entre l’opposition et la majorité c’est bel et bien la notion d’inclusivité.  La déclaration universelle des droits de l’homme, art.21 stipule que : « La volonté du peuple est le fondement de l’autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s’exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote ».

La question essentielle est de savoir s’il faut compétir aux élections sans conditions ? En la matière, le législateur nigérien n’a pas été muet. Il existe un arsenal législatif qui définit en amont qui peut être électeur et éligible. Au Niger la loi électorale comme le code pénal sont, on ne peut plus, clairs sur cet aspect de la chose électorale.

Il se trouve qu’un citoyen condamné à plus d’un an de prison pour un crime bien défini par la loi (article 8 du code électoral et art.39 du code pénal) ne saurait être ni électeur ni éligible ni même apte à diriger un parti politique. Et le chef de file de l’opposition et leader de Lumana FA alias Hama Amadou se trouve dans ce cas de figure.

Nul n’est au-dessus de la loi et nul ne saurait se prévaloir de sa propre turpitude, dit-on. Des principes républicains connus de tous. Et pour peu qu’on respecte l’éthique de la discussion, il n’y a pas de débat avec celui qui nie les principes. Si chaque citoyen pourrait demander la révision de la loi après l’avoir violée, on va droit à l’impasse. La négation de la République.

C’est ainsi que par mauvaise foi de l’opposition, les membres du comité de la révision du code électoral se sont entendus sur 43 articles sur les 47 du code électoral à débattre (exception des articles 8, 12, 80 et 81). La majorité est disposée, apprend-on,  à faire des concessions sur  les articles 12, 80 et 81 mais les délégués de l’opposition notamment FRDDR qui étaient  motivés uniquement par la révision de l’article 8 ont sabordé le dialogue politique de manière fallacieuse.

En effet, si la loi empêche à Hama Amadou d’être candidat aux élections, elle n’a pas empêché à son parti d’avoir un autre candidat. C’est en cela que l’ inclusivité de notre processus électoral ne souffre d’aucune ambiguïté.  Un individu ne saurait s’ériger tous les droits d’un parti politique. Et vouloir faire une tempête dans un verre d’eau pour cette cause perdue, ce serait vraiment se gausser des Nigériens.

Lorsqu’on pose les choses relevant de l’individuel, du singulier et de  l’éphémère sur la même balance que l’universel, le général c’est la voie la plus sure pour ‘’assassiner’’ notre République. Le sort de Hama Amadou est scellé par la loi, si son parti est réellement un parti démocrate et républicain alors il n’y a pas 36 solutions : soit il se donne un autre candidat soit il se met résolument hors la loi comme il l’a du reste promis par serment.

En un mot comme en mille, l’inclusivité du processus électoral nigérien n’est pas en cause mais Hama Amadou en tant qu’individu se retrouve dans une posture d’incapacité d’être électeur et éligible en vertu de la loi de la République du Niger.   C’est aussi simple que cela.

EMS