Depuis Londres la Capitale Anglaise, Hama Amadou, ex-Président de l’Assemblée Nationale, a donné libre cours à son exercice habituel qui consiste à faire des révélations sur le pouvoir actuel dans l’espoir bien entendu de le déstabiliser. Pour amuser la galerie, un confrère a même dans un bidonnage annoncé la demande de retraite anticipée du Général étoilé’’. Juste une spéculation provoquée par le leader de Lumana pour attirer l’attention des médias sur lui qui s’intéressent désormais plus qu’à ses ouailles après son revers judiciaire. Commentaire.
En effet, face à des militants ébahis de sa formation politique, le Mouvement Démocratique Nigérien pour une Fédération Africaine (Moden FA – Lumana Africa), il a déclaré dans une production vidéo que le Président Issoufou aurait bénéficié d’un deal avec le Général Salou Djibo, comme dans un jeu de chaises musicales, pour accéder à la Magistrature Suprême de notre pays.
A l’en croire, l’ex-Président du Conseil Supérieur pour la Restauration de la Démocratie (CSRD), Salou Djibo, aurait donné un coup de pousse à Issoufou Mahamadou lors des élections présidentielles et législatives de 2011, coup de pousse qui a facilité son accession au pouvoir.
Hama Amadou chercherait-il là à rejeter la légitimité du premier mandat du Président actuel et au passage celui des députés de l’époque ? Dans ce cas, il se serait délégitimé comme député et Président de la première législature de la 7ième République.
Peut-être chercherait-il aussi à expliquer à ses militants que sans le coup de pousse de Salou Djibo, ni Issoufou Mahamadou, ni personne n’aurait été le Président de la République au cours du précédent mandat et ne saurait l’être pendant celui qui est en cours que lui ? Cela s’entend qu’il aurait gagné les élections de 2011 et en toute logique, cela aurait créé les conditions de gagner celles de 2016.
Est-ce un cri de désespoir pour un homme à qui la chance de devenir Président de la République a échappé dès les présidentielles de 2011, chance qui s’est éloignée davantage en 2016 pour se dissiper le 19 Juin 2018 suite à l’Arrêt n° 04/CC/ME de la Cour Constitutionnelle portant sa déchéance de son statut de député ?
Pour rappel, l’Arrêt de la Cour Constitutionnelle portant déchéance de Hama Amadou stipulait ceci : « Considérant que la condamnation à la peine d’un (1) an d’emprisonnement ferme prononcée contre Monsieur Hama Amadou est devenue définitive ; Considérant que la déchéance suite à une condamnation telle que prévue par l’alinéa 1 et l’article 147 de la loi organique n° 2017-64 du 14 août 2017 portant Code Electoral du Niger découle de l’application des dispositions des articles 143 et 8 de la même loi ; Considérant qu’au regard des développements ci-dessus Monsieur Hama Amadou se trouve frappé d’une condamnation emportant déchéance et est, de ce fait, déchu de plein droit de sa qualité de membre de l’Assemblée Nationale ; Considérant qu’il ressort de l’alinéa 3 de l’article 147 de la loi organique n° 2017-64 du 14 août 2017 portant Code Electoral du Niger que le député déchu est remplacé d’office par son suppléant ; Considérant qu’au regard de tout ce qui précède, il y a lieu de constater la déchéance de Monsieur Hama Amadou de sa qualité de membre de l’Assemblée Nationale et de dire, par conséquent, qu’il est remplacé par son suppléant, Monsieur Garba Hima ; Par ces motifs, Reçoit la requête de Monsieur le Vice-président de l’Assemblée Nationale ; Constate la déchéance de Monsieur Hama Amadou de sa qualité de membre de l’Assemblée Nationale ; Dit qu’il est remplacé d’office par son suppléant, Monsieur Garba Hima ».
Le Garba Hima en question ici dans l’Arrét de la Cour a tôt pris sa place au milieu de ses pairs députés à l’hémicycle de l’Assemblée Nationale.
D’où la débandade exacerbée de Hama Amadou, un homme à qui, pourtant, tout réussissait jusqu’à une date récente. Un homme qui se particularise par un exercice très simple dont il est le seul maître dans la sphère des hommes politiques nigériens, un exercice qui consiste à fuir vers des pays tiers après la commission de quelque forfait.
En effet, il a toujours choisi de se retrancher au Burkina Faso alors que se tenaient sur la voie publique les manifestations du FRDD (Front pour la Restauration et la Défense de la Démocratie) dont il était un des principaux animateurs pendant les années de lutte face au Régime du feu Président Baré. Une autre fois, il a pris la fuite alors même que Tanja cherchait à lui mettre la main dessus suite à l’affaire de détournement des fonds d’aide à la presse. En 2O14 suite au scandale des bébés importés, il a pris la poudre d’escampettes en direction de la France où il resta jusqu’à son retour mouvementé de Novembre 2015 au Niger. Suite à ce retour, il fut pris à sa descente d’avion et jeté en prison à Filingué où il resta jusqu’à la fin des élections présidentielles et législatives dont il est pourtant candidat. Malade et sous le choc de sa défaite au deuxième tour de ces élections, il fut évacué par avion médicalisé vers Paris.
De la Capitale française, il n’a de cesse mené une campagne de communication dont il espère être fatale au régime du Président Issoufou. Pendant ces années noires de sa carrière politique, Hama Amadou a souvent fait des déclarations dignes des feuilletons brésiliens. « On veut me tuer », « on veut m’empoisonner » ou « on a tiré une balle sur mon domicile », etc. Tout dernièrement, il a raconté d’un ton menaçant à qui veut l’écouter : « personne ne m’empêchera d’être candidat ou il sera lui-même empêché », candidat aux élections présidentielles de 2021 s’entend. Et quand on prête attention à ce que disent ses lieutenants, l’on comprendra aisément qu’il se plait bien dans sa posture d’être aux antipodes de la République et de ses instituions. En effet, ses militants n’ont pas manqué d’annoncer que « le MODEN-FA LUMANA AFRICA réitère tout haut que S.E.M Hama AMADOU est son unique candidat aux prochaines élections présidentielles. Quiconque voudra l’empêcher trouvera le MODEN-FA LUMANA AFRICA, ses militants et sympathisants sur son chemin ».
Annonce faite peut après l’arrêt de la Cour Constitutionnelle mettant fin à son statut de député. On le voit, c’est un homme en posture de fauve blessé qui prend des vessies pour des lanternes. Ne pouvant plus combattre par les lois, Hama Amadou opte résolument pour le ‘’après moi le déluge’’. Il est permis de rêver, dit-on.
Bassirou Baki Edir