Le cadre de concertation et d’actions de la société civile nigérienne a annoncé, le 16 août dernier, dans une déclaration rendue publique, la reprise, à partir du dimanche 9 septembre prochain, de ses manifestations de rue contre la loi des finances 2018. A cet effet, le cadre invite ses militants à se mobiliser partout dans le pays pour « obtenir des autorités en place, l’abrogation des mesures antisociales contenues dans la loi de finances 2018, l’annulation des cadeaux fiscaux faits aux compagnies minières, aux sociétés de téléphonie mobile implantées au Niger, la réduction du train de vie de l’État, entre autres ».
Un nouvel appel à mobilisation contre la loi des finances 2018 qui intervient au moment où plusieurs manifestants de la journée d’action citoyenne du 25 mars dernier continuent à garder prison après leur condamnation à un an de prison ferme dont six mois avec sursis par le Tribunal de grande Instance Hors Classe de Niamey qui les a reconnus coupables d’« organisation et participation à une manifestation interdite, attroupement non armé et complicité de dégradation de biens publics et privés ».
Condamnés également par le même tribunal mais à une peine de prison de trois mois avec sursis dans le cadre de ce dossier, Nouhou Arzika du MPCR, Ali Idrissa du ROTAB et Moussa Tchangari de l’AEC, aujourd’hui libres de leur mouvement, donnent l’impression d’avoir déjà oublié le calvaire (privation de liberté) que vivent les jeunes innocents qu’ils ont envoyés en pâture, le 25 mars 2018. N’est-ce pas eux qui les ont appelés à sortir ce jour-là, malgré l’interdiction des autorités compétentes, pour marcher et saccager des biens publics et privés ?
Laissés à leur triste sort, ces jeunes « sacrifiés » par Nouhou Arzika et ses camardes du cadre de concertation et d’actions de la société civile nigérienne ne vivent que du regret dans les prisons où ils sont gardés. Seules leurs familles se soucient de leur situation. Pour preuve, depuis que les trois leaders de la société civile ont recouvré leur liberté, combien de fois ils ont rendu visite à leurs codétenus ? Apparemment, ils ne soucient guère de leur situation.
Alors, comment dans ces conditions, le cadre de concertation et d’actions de la société civile nigérienne indépendante pourrait-il convaincre, pour sa journée d’action citoyenne du 9 septembre prochain, d’autres jeunes à sortir pour manifester à nouveau contre la loi des finances 2018 ou encore la présence sur le territoire national des forces amies qui appuient le Niger dans la lutte contre le terrorisme ? Ce qui est sûr, au vu de la situation de ceux qui restent encore en prison après la manifestation du 25 mars dernier, aucun autre jeune n’acceptera plus jamais d’être utilisé dans un combat dont il ignore les vrais enjeux.
Oumar Issoufa