Communiqué de la CNDH sur le cas Ali Idrissa

COMMUNIQUE DE PRESSE

Suite aux informations relatives à la détérioration de l’état de santé de Monsieur Ali Idrissa et pour couper court à toutes spéculations à ce sujet, la Commission Nationale des Droits Humains (CNDH) a, le lundi 07 mai dépêché une mission sur Filingué.

Ainsi, il ressort de l’entretien que les membres de la mission ont eu avec le Médecin Chef du District sanitaire de Filingué que le détenu Ali Idrissa est effectivement malade et qu’il devrait subir des examens médicaux notamment l’examen de sang (pour déterminer le taux de glycémie) et la radiographie de l’orteil du pied gauche. Toutefois, lesdits examens n’ont pas pu être effectués à Filingué pour les raisons suivantes :

– manque d’un manipulateur (spécialiste) concernant l’appareil de radiographie ;

– indisponibilité de l’appareil d’examen de sang pour raison de maintenance à Niamey.

Aussi, eu égard à cette situation, le Médecin Chef du District a-t-il émis l’avis selon lequel, Monsieur Ali Idrissa doit être évacué sur Niamey. A cet effet, un dossier a été ficelé.

Concernant cette évacuation, suite aux rencontres de la mission de la CNDH avec les différents responsables du département dont le Préfet, le Président du Tribunal et le Régisseur de la Maison d’Arrêt, il s’est avéré que le véhicule devant acheminer Monsieur Ali Idrissa en l’espèce la Toyota Pick – Up de la maison d’arrêt a un problème de pneumatique.

Néanmoins,  à l’initiative du Président du Tribunal et du Préfet un véhicule a été réquisitionné, celui de la Préfecture et mis à la disposition du détenu Ali Idrissa qui s’est opposé à son évacuation. Il explique qu’au début il était d’accord pour aller faire des examens à la demande du Régisseur avec lequel il s’est entendu pour le vendredi 04 mai 2018. Mais le jeudi 03 mai 2018 il a été réveillé à 04 h du matin pour aller à Niamey faire les examens et passer la nuit à la prison civile de Niamey pour être ramené sur Flingué le vendredi 04. Il a marqué son refus, lorsque le Régisseur et le Président du Tribunal lui ont dit que le Ministère de la Justice a pris toutes les dispositions pour son évacuation à Niamey dés le 03 mai. Il trouvait suspect le changement de date, il n’a pas confiance aux Autorités et ne souhaite aucune faveur de leur part. Tant que c’était avec les techniciens (Président du Tribunal, Régisseur), il était prêt à quitter Filingué. C’est ce qu’il considère comme une immixtion du politique qui l’aurait amené à se rétracter. Il avait même proposé de faire le déplacement dans son véhicule personnel qui fait la navette entre Niamey et Filingué et de se prendre en charge pour les examens.

La mission de la CNDH a tenté de le convaincre d’accepter la prise en charge de l’État qu’il ne doit pas confondre avec le Gouvernement. Il s’agit d’un dispositif qu’on mettrait en place pour n’importe quel détenu. Il a maintenu sa décision de refuser tant que ce sont les Autorités politiques qui devraient organiser son voyage : il ne considère pas cela comme une évacuation, car il s’agit de se déplacer pour des examens qui pourraient se faire en une journée.

Que l’intéressé éprouve la crainte pour sa sécurité et pour sa vie, c’est légitime. Mais pour notre part, nous estimons que l’implication du Président du Tribunal de Filingué, de la CNDH à travers ses Commissaires tous assermentés sont autant de garantie pour le détenu Ali Idrissa pour qu’il accepte de se faire évacuer par les moyens de l’Etat.

La CNDH ne peut se substituer aux services compétents de l’Etat dans la présente occurrence à savoir le Ministère de la Justice pour l’évacuation de Monsieur Ali Idrissa.

D’ailleurs dès le retour de la mission, la CNDH a saisi le Ministre de la Justice pour voir dans quelle mesure les insuffisances constatées à l’Hôpital du District de Filingué pourraient être corrigées.

Le mercredi 09 Mai déjà, le Ministre de la Justice a informé la CNDH que les dispositions ont été prises pour le contrôle de la glycémie sur place à Filingué.

Fait à Niamey, le 15 Mai 2018

Pr.  KHALID  IKHIRI