Société civile/Opposition : Entre désillusions et lamentations…

Après le revers judiciaire de Hama Amadou et la lassitude de la société civile dans leur tentative du ‘’dégagisme’’ du régime en place, il importe de savoir que faire ? Le parti Lumana FA étant dans l’impasse totale se rend compte à l’évidence que son cheval de Troie qu’est la société civile est aussi dans une posture inopérante. Le stratagème d’Ulysse n’a pas marché sous nos tropiques et la réalité s’avère plus que complexe. Commentaire.

L’Opposant principal Hama Amadou, après avoir soutenu sur toute la ligne que l’affaire des bébés importés n’est qu’une machination pour le liquider politiquement,  il a partagé ses preuves tardives en ces termes via VOX Africa TV : « Par contre désormais j’ai entre les mains les preuves que tout cela était un montage. Ils ont dit que c’est en coopération avec Interpol Nigéria qu’ils ont fait l’enquête. J’ai une correspondance d’Interpol Nigéria qui dit très clairement qu’ils n’ont jamais participé à une enquête avec le Niger au cours de laquelle mon nom ou celui de mon épouse a été prononcé. Ensuite ils ont dit mon nom a été cité dans un rapport présenté par NAPTIC c’est-à-dire l’agence qui s’occupe de la lutte contre le trafic des personnes au Nigéria. Au Nigéria également la clinique dans laquelle ma femme a fait son accouchement a produit son rapport obstétrique pour décrire les conditions dans lesquelles ça a eu lieu. Le médecin qui a examiné ma femme lorsqu’elle avait 6 mois de grossesse à Dakar au Sénégal vient de me fournir un certificat et prêt à témoigner sur n’importe quel livre saint, qu’il l’a examinée et qu’elle était en grossesse avancée » ! Des arguments tirés par des cheveux, comme qui dirait.

A cette trouvaille inopérante puisque tardive, il faut dire que Hama Amadou avait raté une occasion de se taire du moment où il continue toujours de refuser le test ADN qui aurait été pour lui la voie royale pour se laver à jamais de cette scabreuse affaire. Mais c’était sans tenir compte de la justice nigérienne qu’il voudrait discréditer chaque fois que ses décisions ne l’arrangent pas. La posture du mauvais perdant a amené son parti à défier l’autorité de la chose jugée en faisant de lui son candidat malgré la décision de la Cour de cassation. Les républicains et démocrates nigériens se posent mille et une questions sur cette bévue d’un parti politique censé comprendre que nul n’est est au-dessus de la loi tout comme nul ne saurait se prévaloir de sa propre turpitude. Après le baroud d’honneur de Hama Amadou et toutes ses tentatives de discréditer et/ou d’influencer la justice nigérienne, aujourd’hui il n’y a aucun doute qu’il doit prendre son mal en patience. Il doit se ressaisir et  accepter cette loi cosmique : on ne pas forcer le destin. Les jérémiades de Nicolas Beau de MondAfrique et autres apprentis sorciers relèvent plus de la géomancie que de la rationalité. Hama Amadou doit se dire que ‘’the game is over’’ car force doit rester à la loi.

Le temps du désenchantement général…

Les leaders de la société civile en bravant la loi le 25 Mars dernier avaient l’illusion qu’il ne suffisait que le pouvoir les arrête pour qu’il soit dégagé par des forces dont eux seuls ont le secret. Certes pour les observateurs avertis, avant leur arrestation, certains leaders du Cadre de concertation de la coordination de société civile dite indépendante avaient des relents d’illuminés ou de messies. Ils étaient trop sûrs d’eux-mêmes pour accepter la réalité. Mais à l’évidence, ceux-là se rendent comptent à l’évidence qu’ils se sont trompés de perspective. Du moins ils étaient dans une illusion de perspective. La relève en panne de stratégies avait sans succès voulu maintenir le statu quo ante. La seconde relève avait osé revenir aux manifestations de 9h à 13h mais sans tenir compte de la détermination du pouvoir à rétablir l’ordre et la discipline dans le pays. De proche en proche, aujourd’hui l’Opposition et société civile sont dans une posture inconfortable. Le mouvement social essoufflé et l’Opposition désaxée avec le revers judiciaire de son gourou, on observe une atmosphère de désenchantement. Les JAC sont en passe d’être muées en prières. Ce ne sont pas les actes de désespoir et les lamentations d’un maitre Lirwana qui frisent le suicident qui pourraient changer le rapport de forces. En effet, apprend-on, Me Lirwana avait engagé une ‘’grêve de respiration entrecoupée’’, un modèle chilien face au dictateur Pinochet. Dans une lettre écrite du fond de sa cellule, dit-il, il avait notifié à la CNDH (Commission nationale des droits humains) cette grève assez spécieuse et innovante dans les annales de l’histoire des mouvements sociaux ou syndicaux nigériens. Dans sa lettre Me Lirwana a osé mettre en avant une sorte d’immunité inhérente à son statut d’avocat feignant d’ignorant la gravité de son acte sur la télévision Labari où il appelé les citoyens à la sédition en les renseignant que la police serait ‘’fatiguée’’ avant même le début des hostilités !

On le voit, la société civile ne doit pas se tromper de vocation tout comme l’Opposition politique doit inscrire son combat dans le cadre purement démocratique. Autrement, l’autorité de l’Etat sera restaurée car rien de grand ne peut se construire…dans l’anarchie.

Tiemago Bizo