Le dimanche 10 Mars dernier, la déclaration des Associations islamiques sur la situation socio-politique était au centre de la déclaration des Organisations de la société civile (OSC) qui manifestent contre la loi de finances 2018. Retour sur ce procès d’intention à l’encontre des leaders religieux auteurs de la déclaration du 10 Mars.
La déclaration des Associations islamiques avait préoccupé les OSC de sorte qu’elle constitue un pan important de l’ossature de la déclaration de la société civile du 11 Mars dernier. Malgré l’indépendance de cette réaction des oulémas, les organisations de la société civile qui contestent la loi de finances 2018 ont trouvé à redire. Très engagés dans leur posture subversive, certains acteurs de la société sont en passe de devenir sourds muets et aveugles. Sinon comment comprendre la hargne de la société civile contre l’offre du dialogue des leaders religieux ? Comment comprendre cette arrogance de certains illuminés face aux arguments des savants musulmans tirés du coran et de la sunna ?
A la vérité, c’est un indicateur majeur d’une crise de valeurs de notre société. Lorsque les gens ont tendance à se fier à leurs ego et prétentions, c’est la voie la plus sûre pour basculer vers l’anarchie. L’exégèse de la situation socio-politique du pays par ces oulémas est assez rigoureuse et respecte les références islamiques. Mieux, cette herméneutique de nos oulémas s’adresse rigoureusement à tous : gouvernés comme gouvernés. « La controverse sur la loi de finance 2018 est hélas, en train de tourner en une discorde qui a de quoi inquiéter toute personne douée de bon sens et soucieuse de promouvoir un dialogue franc et constructif sur les questions d’intérêt national. On a comme l’impression que notre pays perd chaque jour en maturité, la moindre question prenant l’allure de drame, engageant les citoyens à des bras de fer qui franchissent le cap des arguments pour désormais investir la rue. A ce jeu puéril et dégradant pour l’image de notre nation, la société civile et la classe politique, tous bords confondus au demeurant, semblent oublier l’essentiel qui demeure le génie collectif pour repenser le développement », déclarent les leaders religieux.
Mais il est aisé de comprendre pourquoi certains leaders de la société civile adeptes de la subversion ne sauraient cautionner la voie de la sagesse en ce sens que leur agenda et celui des leaders de la communauté musulmane ne se recoupent pas sur toute la ligne. Les leaders religieux rappellent selon les textes islamiques la posture de ceux qui voudraient réveiller la ‘’fitnah’’. Et justement comme ceux qui se sont morveux se mouchent, dit-on, les partisans de la fitnah ( la turpitude) n’ont pas supporté la remontrance des religieux.
« C’est l’occasion de rappeler quelques principes essentiels islamiques de rapport entre dirigeants et administrés, à savoir :
Aux dirigeants, il incombe : la gestion du pouvoir avec justice et éviter l’injustice ; l’exercice du pouvoir en ne recherchant que l’agrément d’Allah ; l’auto-interdiction de l’injustice dans l’administration de leurs sujets et en ce qui concerne leurs biens, leur sang et leur dignité ; le rejet de la passion dans la gestion des affaires publiques ; l’observance de la justice sociale envers tous les administrés sans discrimination.
Aux administrés, il incombe : l’écoute et obéissance aux dirigeants dans ce qu’ils ordonnent tant que cela ne désobéit pas à l’ordre du Créateur ; l’interdiction de rébellion aux dirigeants même s’ils sont injustes ou refusent d’accorder les droits à leurs administrés ; les bons conseils à prodiguer aux dirigeants dans la discrétion et le respect ; les prières et invocations positives aux dirigeants et éviter de les maudire », ont martelé les oulémas avec un sens de la répartie incontestable.
Dans une démarche proactive, après avoir interpelé la classe politique et la société civile, ces leaders religieux demandent aux uns et aux autres : « De revenir à Allah SWT par une repentance sincère et de multiplier les Istigfars ; de continuer à implorer Allah SWT pour la quiétude et la stabilité du pays et de la Oummah islamique en général ; d’éviter la fitnah car celle-ci sommeille dans chacun d’entre nous ! Maudit soit celui qui la réveille ! »
Maudit soit celui qui réveille la fitnah, ce bout de phrase se trouve en porte à faux avec la posture de rébellion de la société civile. Ceci expliquant cela, l’on comprend aisément pourquoi les oulémas ne peuvent pas ne pas être dans la ligne de mire des insurgés contre la loi de finances 2018. Et à lire entre les lignes, la place consacrée dans la déclaration des OSC du 11 Mars en dit long sur l’optique non dialogique de certains leaders qui dès la veille ont déjà osé vilipender les associations islamiques à travers les réseaux sociaux.
Mais il faudrait franchement qu’on se le dise : on ne peut vouloir une chose et son contraire. Les Associations islamiques constituent bel et bien une partie de la société civile et par conséquent autant la société civile laïque peut user et abuser de la liberté d’expression autant ces associations islamiques ont droit à cet acquis que la loi fondamentale accorde à tous. Même si vos agendas ne coïncident pas, la moindre des choses c’est d’abord le respect de l’opinion de l’autre. Il n’y a pas de démocratie sans démocrates. Si ceux qui sont à l’avant-garde du mouvement actuel des OSC affichent des tares de ce genre alors autant dire qu’ils sont loin d’être des acteurs d’une force alternative et crédible. Ils donnent plutôt l’impression d’être des adeptes de la pensée unique. Nous disons tout simplement aux leaders des OSC de se reprendre. Rejeter sans discernement la voie de la sagesse est une antivaleur à déplorer par tous. Autrement les OSC donnent raison à ce leader religieux contacté par nos soins qui voit en la réaction de la société civile comme un signe des temps où les gens ont tendance à tourner le dos à la sagesse. En un mot comme en mille, nous disons simplement que le procès d’intention fait par les OSC aux leaders religieux est anachronique. Un ratage de la communication de la faction insurgée contre la loi de finances 2018.
Elh. M. Souleymane