Dimanche à partir de 21 heures, le député Soumana Sanda a fait un show médiatique en langue zarma. Cet entretien annoncé par le journal Enquêteur quelques jours plus tôt, a eu finalement lieu. Initialement selon l’Enquêteur cette intervention de Soumana était destinée à annoncer le retour de Hama Amadou à Niamey. Mais à l’épreuve des faits, le député Soumana Sanda a plutôt exprimé le ‘’rejet obsessionnel de la réalité par son obédience politique qui semble à bout de souffle’’. Retour sur une phraséologie d’un combat d’arrière-garde.
Le choix du canal et la date pour livrer ce message assez spécieux n’était pas fortuits. L’introduction abusivement tendancieuse du présentateur du jour en dit long sur le décor et la teneur du message. C’est en écoutant la substance de ce message que le téléspectateur se rendra à l’évidence que Soumana Sanda reste et demeure toujours dans cette mauvaise posture de mauvais perdant qui croit avec ‘’un vocabulaire excessivement plaintif se faire bonne conscience’’.
A la vérité, celui qui s’affiche de plus en plus comme le leader incontesté de Lumana FA de la région de Niamey n’avait pas d’annonce particulière à faire puisque c’est à la fin de son intervention qu’il a répondu à la question du journaliste par un lieu commun en disant à ses auditeurs que Hama Amadou reviendra à Niamey tout comme chacun est sûr qu’il va mourir ! Mais quand et comment ? C’est le flou artistique. Il faut donner l’espoir aux militants car l’espoir fait vivre, dit-on. Pour amuser la galerie, Soumana Sanda a soutenu que personne ne pourra empêcher à Hama Amadou d’être candidat aux élections de 2021. Même pas ses déboires judiciaires, à en croire Soumana Sanda. Son postulat : soit son mentor est candidat aux élections de 2021 soit alors il n’y aura pas d’élections du tout. Pourtant chose curieuse, l’opinion publique se demande pourquoi voudrait-on faire du retour de Hama Amadou un événement du moment où chacun sait qu’il a quitté la prison de Filingué pour se faire soigner. Son retour serait normalement une banale affaire. Mais l’intervention de Soumana Sanda a le mérite d’informer l’opinion que cette évacuation sanitaire est devenue le prolongement de l’exil parisien du plus célèbre fugitif de notre histoire récente.
Le reste du discours du député Sanda, ce n’est que du nihilisme et la mauvaise foi dont lui seul et son parti ont le secret. Un exemple ? Dès l’entame de son speech, il a affirmé que les 7 ans d’Issoufou Mahamadou au pouvoir constituent 7 ans de souffrance pour le peuple nigérien feignant d’ignorer que Lumana était allié du PNDS durant les trois premières années.
Une partie du discours de Soumana Sanda traduit sa lecture très biaisée de la loi de finances 2018 dans le seul but d’ameuter les populations. C’est en cela le choix de la date n’était pas fortuit car il fallait procéder à la récupération de la manifestation de la société civile. A propos justement de la loi de finances, Soumana Sanda a fait des commentaires très abusifs qui frisent des appels à la révolte. Il a par exemple dit aux populations que le transport serait tellement élevé avec la mise en œuvre de la loi de finances 2018 que les populations des campagnes ne pourront plus venir dans les centres urbains. Et à l’endroit des populations des centres urbains, il prétend que les frais des taxis vont grimper.
Il a également évoqué les 3N, l’affaire Mallah Bagalé, la Nigelec, l’hôpital de référence avec une lecture on ne peut plus subjective. Mais du retour de Hama, Soumana Sanda en a fait une abstraction. Hama Amadou arrive ! Une belle manchette d’un journal. Pour le reste, les militants du FA Lumana ne verront que du vent. N’est-ce pas d’ailleurs le même Soumana Sanda qui avait promis l’impunité à Hama Amadou une fois de retour à Niamey ? Les Nigériens savent que Hama Amadou sait prendre des risques mesurés. Il sait se mettre à l’abri dans sa zone de confort. Un manipulateur narcissique qui veut le beurre et l’argent du beurre, comme qui dirait.
Abdoulaziz Moussa