SEM ISSOUFOU MAHAMADOU, Président de la République, Chef de l’État

Discours de SEM ISSOUFOU MAHAMADOU , à la table ronde du PDES 2017 – 2021 de Paris

Discours de Son Excellence Monsieur ISSOUFOU MAHAMADOU,
Président de la République du Niger,
Table Ronde pour la mobilisation de financements pour la mise en œuvre du Plan de Développement Economique et Social du Niger (PDES 2017 – 2021)

Paris les 13 et 14 Décembre 2017

Excellence, Monsieur Idriss Deby, Président de la République du Tchad,
Excellence, Monsieur Mohamed Ould Abdelaziz, Président de la République Islamique de Mauritanie,
Monsieur le Représentant du Gouvernement français, pays hôte de nos présentes assises,
Mesdames et Messieurs les dirigeants des institutions partenaires du développement du Niger,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les partenaires techniques et financiers du Niger,
Mesdames et Messieurs les investisseurs, Représentants du secteur privé et du monde des Affaires,
Mesdames et Messieurs les leaders et Représentants de la société Civile

Mesdames et Messieurs,
Je tiens à adresser mes remerciements aux Chefs d’Etat et de Gouvernement qui ont bien voulu marquer de leur présence la présente table ronde sur le financement du plan de développement économique et social du Niger pour la période 2017-2021.Nous sommes sensibles à l’attention et à l’amitié que vous manifestez ainsi à l’endroit du Niger, et de son peuple.
Je voudrais aussi exprimer mes sentiments de gratitude aux autorités Françaises pour le soutien constant de la France à l’endroit du Niger. Le choix de Paris pour abriter la présente table ronde témoigne de la qualité exceptionnelle des relations qui existent entre nos deux pays.
Je tiens enfin à renouveler mes remerciements aux dirigeants des organisations et institutions partenaires du développement du Niger, aux représentants du secteur privé, de la société civile et à tous les amis du Niger ici présents, pour l’intérêt et le soutien qu’ils portent au développement économique et social du Niger.

Mesdames et Messieurs,
Il vous souviendra que nous avions présenté, ici même à Paris, en novembre 2012, le plan de développement économique et social du Niger pour la période 2012-2016.
Je suis heureux de constater que la mise en œuvre de ce plan a été un succès, en dépit des obstacles qui se sont dressés sur notre chemin. Ce succès, nous le devons au soutien de nos partenaires dont l’amitié me rappelle ce mot d’Albert Camus : « L’amitié n’est pas une simple formule, c’est le devoir d’assistance dans la peine. » Ce succès nous le devons aussi à la résilience, au courage face à l’adversité, à l’attachement à la paix et à l’engagement du peuple Nigérien. En effet, dans la mise en œuvre du Plan 2012-2016, nous avons dû affronter quatre (4) chocs majeurs : le choc sécuritaire, celui de la baisse des prix des matières premières (uranium et pétrole), celui de la récession qu’a connue notre premier partenaire commercial, le Nigeria et enfin le choc du changement climatique. À ces chocs s’ajoute le défi démographique dont la complexité est bien connue.

Oui, la mise en œuvre du Plan économique et social 2012-2016 a été un franc succès. Ainsi, sur le plan financier, il a été exécuté à hauteur de 93% et les dépenses qui lui sont consacrées ont été couvertes à hauteur de 73% par les ressources internes. Le taux de croissance économique annuel moyen a été de 6,7% sur la période alors que l’inflation a été limitée en moyenne annuelle à 0,6%. Le déficit budgétaire global s’est, quant à, lui malheureusement dégradé et atteint 6,1% en 2016.

Les dépenses exécutées pendant la période du plan ont effectivement servi à en financer les priorités : la sécurité(15% des ressources budgétaires) , la consolidation des institutions démocratiques, les infrastructures (routières, énergétiques, ferroviaires, urbaines et des télécommunications), l’agriculture à travers l’initiative 3N <<les Nigériens Nourrissent les Nigériens >>, le capital humain (éducation, formation professionnelle et technique, santé, eau et assainissement) et la création d’emploi notamment pour les jeunes. Dans ces secteurs des progrès sans précédent ont été réalisés. En particulier la pauvreté a reculé et la classe moyenne s’est renforcée. Des réformes structurelles importantes ont été réalisées notamment dans le secteur des finances publiques et celui du climat des affaires. Elles seront poursuivies dans le cadre de la mise en œuvre du nouveau Plan dont la couverture des besoins de financement nous rassemble aujourd’hui.

Mesdames et Messieurs,
Le nouveau plan de la renaissance du Niger est bâti sur les hypothèses suivantes: un taux de croissance économique annuel moyen de 5, 9% pour le scénario de base et de 7,3%pour le scénario optimiste ; un taux d’inflation inférieur à 3%,un déficit budgétaire global de 4% en 2020; un taux de pression fiscale, en 2021, de 18,2% pour le scénario de base et 20,3% pour le scénario optimiste. Le gouvernement portera une attention particulière à la viabilité de la dette intérieure comme extérieure. La stabilité macro-économique du pays sera donc consolidée.
La croissance dont le plan de la renaissance est porteur sera inclusive. Il profitera aux couches sociales les plus défavorisées. Il contribuera à l’éradication de la faim ainsi qu’à la réduction de la pauvreté et des inégalités. La pauvreté étant rurale (3 pauvres sur 4 vivent en milieu rural) et féminine (3 pauvres sur 5 sont des femmes) l’accent est mis sur la transformation du monde rural et sur l’autonomisation des femmes.

Promouvoir l’électrification rurale, développer les infrastructures et les services ruraux, créer des villages intelligents, améliorer les rendements des cultures pluviales, promouvoir l’irrigation à travers la maîtrise de l’eau, protéger le premier capital de production que constitue la terre, moderniser l’élevage, développer les chaînes de valeurs, promouvoir l’alphabétisation fonctionnelle sont autant d’actions de transformation rurale envisagée.Par ailleurs la réalisation du projet structurant de Kandadji, en permettant l’accès à l’énergie à faible coût ainsi que l’irrigation des vastes terres fertiles le long du fleuve Niger contribuera très fortement à la réduction de la pauvreté.

Néanmoins il serait illusoire de penser que toutes ces actions et la mise en œuvre de toutes les autres priorités du Plan de la renaissance permettront de réduire la pauvreté sans l’autonomisation des femmes et/ou sans la création d’une transition démographique. C’est pourquoi, nous attachons du prix à la réduction des inégalités de genre, au renforcement des capacités des femmes et des filles, à la capture de leur dividende démographique notamment à travers la scolarisation de la jeune fille et à l’alphabétisation des femmes, leur formation professionnelle et technique, leur accès aux emplois et aux responsabilités à tous les niveaux et bien sûr l’éradication des mariages et des grossesses précoces.

Mesdames et Messieurs,

Sur le tableau de bord du suivi de la mise en œuvre du Plan de la renaissance, l’évolution de l’indice de Développement humain est la 1ère cible à surveiller.
Résultante de l’ensemble de nos actions cet indice permettra de refléter les résultats obtenus dans la mise en œuvre de l’initiative 3N, dans la réalisation des infrastructures, dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’eau et de l’assainissement. Quant à la gouvernance et à la sécurité, elles feront l’objet d’un suivi notamment au moyen de l’indice de gouvernance de la banque mondiale.

Les ressources financières nécessaires à la réalisation de ces priorités sont estimées selon le scénario de base à environ 21 milliards d’euros dont 12,5 milliards pour les dépenses publiques et 8,5 milliards d’euros pour les investissements privés. Pour le scénario optimiste ces montants sont respectivement de 23 milliards d’euros, 14 milliards d’euros et 9 milliards d’euros.
Les ressources internes permettent de couvrir 60% des dépenses publiques. Je fonde l’espoir que la présente table ronde nous permettra d’en mobiliser le solde. Je fonde l’espoir aussi d’un accroissement substantiel des investissements privés dans notre pays parce qu’il est l’un des moteurs de la croissance, le secteur privé a une place de choix au Niger. C’est pour lui que nous continuerons l’amélioration du climat des affaires. C’est pour lui que nous avons élaboré un code des investissements, un code fiscal, un code minier et un code pétrolier incitatifs.  C’est pour lui que nous avons mis en place un cadre solide de partenariat public-privé. Nous invitons les investisseurs à venir partager, avec nous, la croissance dont le plan de la renaissance est porteur. Des opportunités certaines existent dans les domaines miniers et pétroliers, dans celui des infrastructures notamment ferroviaire, énergétique et des télécommunications, dans le domaine agro-pastoral et   agro-industriel, ainsi que dans le domaine de l’hôtellerie et les logements sociaux.

En mobilisant l’ensemble des ressources avec les partenaires et le secteur privé, nous créerons les conditions d’une renaissance culturelle en vue de la modernisation sociale politique et économique du pays, nous créerons les conditions d’une transition démographique, nous disposerons d’institutions démocratiques fortes, nous équiperons le pays en infrastructures, nous éradiquerons la faim et nous combattrons la pauvreté, nous éduquerons, formerons et soignerons les Nigériens, nous leur assurerons l’accès à l’eau et l’assainissement, nous offrirons de nombreux emplois notamment aux jeunes.

Notre peuple si courageux et si résilient mérite bien de tels résultats.
En renouvelant mes sincères remerciements à tous ceux qui nous ont fait l’honneur de leur présence, je déclare ouverts les travaux de la table ronde sur le financement du plan de la renaissance du Niger 2017-2021.

VIVE LE NIGER,

VIVE LA COOPÉRATION INTERNATIONALE.
Je vous remercie de votre aimable attention.