Des érudits islamiques, regroupés au sein de la Ligue des Oulémas, Prêcheurs et Imams des pays du Sahel (LOPIS), sont réunis, depuis Mercredi à Alger, en vue d’échanger des expériences, en matière d’éducation religieuse dans les écoles.
La rencontre, qui regroupe les érudits religieux d’Algérie, du Burkina Faso, de la Cote d’Ivoire, de la Guinée, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal et du Tchad, est intitulée : Atelier régional sur « l’enseignement de l’éducation religieuse dans les écoles des pays du processus de Nouakchott ». Elle intervient après un constat que l’éducation religieuse se transmet de génération en génération et ses principes varient peu, car ils ont une base divine, puisée dans les livres saints et dans le comportement des prophètes. Cette éducation vise autant la formation de l’âme que l’acquisition du savoir, dans le but de former l’être humain à la fois soumis à Dieu et à ses lois et dotés des compétences nécessaires pour accomplir sa mission sur terre, à savoir : l’édification d’une société régie par les valeurs nobles de la tolérance, du respect et du vivre ensemble.
Toute l’éducation doit suivre l’évolution de l’enfant et doit être adaptée à son degré de mutation, comme le stipule, à titre d’exemple, le verset tiré du Saint Coran : « Allah ne charge nulle âme au-dessus de ses capacités ». A cet effet, l’enseignement de l’éducation religieuse dans les écoles, devrait être une démarche fondamentale dans la consolidation de l’identité des générations futures.
Par ailleurs, l’action de la communauté internationale à travers la Conférence mondiale sur l’éducation pour tous (EPT) de Jomtien, en 1990 et du Forum de Dakar en 2000, en faveur de l’appui et de la coordination de l’action des écoles, incluant les écoles coraniques et les médersas, visait à mettre en place les processus les plus efficients, permettant la coordination de l’enseignement religieux, notamment l’éducation islamique, avec les plans éducatifs mondiaux, spécialement en Afrique.
Certes, l’intérêt accordé aux écoles coraniques traditionnelles relève du fait que ces dernières jouent, en Afrique, un rôle prépondérant dans la lutte contre l’analphabétisme et la promotion de la scolarisation des enfants. Cependant, en Afrique, la généralisation de l’enseignement fondamental et l’encadrement des jeunes passent en majeure partie, par les structures de l’enseignement religieux.
Toutefois, aujourd’hui l’Afrique fait face aux affres de l’idéologie extrémiste qui ne cesse de se propager à cause, entres autres, de la méconnaissance des préceptes de l’Islam et du projet de civilisation auquel il appelle. Ces jeunes, malheureusement se limitent, à cause de leur ignorance, aux exégèses superficielles et orientées, des versets et des traditions du Prophète (PSL), sorties de leur contexte et employées pour servir des intérêts calculés, qui vont à l’encontre des enseignements originels de l’Islam.
Les participants sont unanimes à reconnaitre que l’encadrement et le renforcement de l’enseignement de l’éducation religieuse dans les écoles, constituent une action hautement stratégique pour l’ensemble des pays de la région du Sahel, car l’enseignement de cette matière est le prélude pour le renforcement du référent religieux parmi les jeunes.
Accorder une attention particulière pour renforcer l’enseignement de cette discipline et lui consacrer tous les moyens nécessaires pour promouvoir les valeurs de paix et de tolérance de l’Islam, permettra à terme de prémunir les jeunes de la menace de l’idéologie « radicaliste » et de l’extrémisme violent.
Cette rencontre de haut niveau des érudits, est organisée par le Centre Africain d’Etudes et de Recherches sur le Terrorisme (CAERT ; une institution de l’Union Africaine ), et l’Unité de Fusion et de Liaison (UFL ; un mécanisme de mutualisation de renseignements des pays du Sahel.
Le Niger assure la présidence en exercice du l’UFL, à travers le Directeur Général de la DGSE, le Général Lawel Chékou Koré. C’est pourquoi, dans son discours à l’ouverture officielle de cet Atelier, la Coordonnatrice de l’UFL, Mme Zainab Ali Kotoko a souhaité la « chaleureuse » bienvenue aux participants, au nom du Directeur Général de la Documentation et de la Sécurité Extérieure du Niger et président en exercice de l’Unité de Fusion et de Liaison.
Abordant le thème de cette rencontre, la Coordinatrice a indiqué qu’il est important que les participants se penchent particulièrement sur l’ignorance et la méconnaissance des préceptes de l’Islam qui font partie intégrante des causes profondes de la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel.
« Le Sahel vit sous la menace d’une progression dangereuse du radicalisme religieux. Des mouvements islamistes réformateurs viennent avec leurs propres projets de société, de civilisation et une stratégie insidieuse et installent des institutions d’enseignement parallèles à celles de l’Etat », a-t-elle déploré.
Mme Zainab a également relevé que des formateurs, dotés des grands moyens, investissent en priorité dans divers secteurs sociaux, notamment dans l’école, encadrement des jeunes pour une citoyenneté islamique et la moralisation ; c’est-à-dire que là où l’état éprouve des difficultés à remplir son rôle.
« C’est là une tendance très inquiétante, du point de vue sécuritaire, et qui constitue la menace la plus grave à l’existence même de tout état démocratique », a averti la Coordonnatrice de l’UFL.
L’Ambassadeur du Niger en Algérie, M Ali Marou prend part à cette rencontre des Oulémas des pays du Sahel.
Dalatou Malam Mamane
Envoyé spécial