Trait d’esprit : une pensée pour le Niger et le Mali

Le Rwanda, la Guinée, le Sénégal, la Côte d’Ivoire se développent. Alhamdulillah. On voudrait bien faire comme eux. On se demande comment font-ils ?

À mon humble avis, le secret se trouve dans ce hadith du Prophète (PSL) qui dit que  » le commerce représente neuf dixième de la richesse ». Ce hadith est non seulement une incitation à l’entreprenariat (par opposition au salariat) mais si on le ramène à l’échelle d’un pays cela veut dire que 9/10ème de la création de richesse doit être assurée par le secteur privé.

Le public ne devrait assurer que le dernier dixième du bien-être. Ça c’est le niveau optimum. Il convient de remarquer que dans tous ces pays qui réussissent, l’État s’est attelé à assurer ses fonctions régaliennes ainsi que les grandes infrastructures de bases (aéroports, routes, autoroutes, énergie etc.) souvent en PPP (Partenariat Public Privé) et a laissé le reste de l’initiative au secteur privé tout en rendant l’environnement des affaires le plus attractif possible. Le Sénégal et le Rwanda sont les meilleurs exemples en matière d’amélioration du climat des affaires et son impact sur l’accroissement exponentiel des investissements privés nationaux et étrangers à travers les rôles qu’ont joué l’Apix (l’Agence de Promotion des Investissements et des Grands Travaux au Sénégal) et le RIPA (Rwanda Investment Promotion Agency).

En réalité, les investisseurs cherchent trois choses : des opportunités (là où ils peuvent faire du gain) et la sécurité pour leurs investissements (comme la protection juridique, l’assurance de pouvoir rapatrier leurs investissements lors de situation à risque etc.) et bien-sûr des facilités et des mesures incitatives (guichet unique, allègement des procédures administratives, divers exonérations etc.).

 Quand un pays se développe c’est que l’État a pris les dispositions nécessaires pour satisfaire ces trois exigences et les investisseurs privés (nationaux et étrangers) ont pu le vérifier sur le terrain. La règle c’est que dès qu’il y a un qui réussit dans un pays il le fera savoir et attirera d’autres investissements. En Guinée par exemple, dans un seul secteur, l’hôtellerie en l’occurrence a vu l’arrivée successive des hôtels Palm Camayenne, de Millenium Hôtel, des Riviera Royal hôtels, de Noom Hôtel et enfin du Sheraton Grand Conakry, et tout ceci en l’espace de cinq ans. Cet appel d’air a suscité des vocations dans d’autres domaines tel que la construction de centre commerciaux modernes comme Prima Center (par un groupe libanais) et Diamond Plaza (par des privés guinéens et étrangers) pour absorber le pouvoir d’achat grandissant de la classe moyenne qui « s’ennuyait à Conakry » ou qui devait se rendre à Paris, Dubai, Abidjan ou Dakar pour le moindre achat. Tous ces investissements privés créent évidemment beaucoup d’emplois locaux. Le Sheraton qui a ouvert en février 2017 emploie aujourd’hui plus de 300 jeunes guinéens d’un très grand professionnalisme. Prima Center également.

Pour le cas de mes deux chers patries que sont le Niger et le Mali, Il faut non seulement rendre attractif le climat des affaires mais il faut également transformer les grands commerçants de nos marchés en des acteurs plus producteurs de valeur ajoutée au-delà de leur rôle traditionnel de marchands qui consiste à importer des marchandises de basse qualité qui inondent nos marchés tout en envoyant par la même occasion la devise à l’étranger sans créer de la valeur ajoutée localement ni d’emploi. Il faut que l’Etat puisse les sensibiliser à créer ne serait-ce un embryon d’industrie qui couvrirait une partie de la demande nationale des produits de base du contenu du « panier de la ménagère » et créera également quelques emplois, notamment pour les jeunes.

 C’est ce qu’a fait le Sénégal. Ces commerçants qui exercent depuis très longtemps ont pu pour la plupart expérimenter le hadith du Prophète (PSL) puisque beaucoup d’entre eux ont fini par devenir riche grâce au commerce. Il faudra les organiser pour orienter leurs investissements de manière à les rendre complémentaires, en visant par exemple des chaines de valeurs où le pays dispose d’avantages comparatifs.

Parlant  d’avantages, je reste convaincue que la démographie est un avantage réel pour des pays ayant une population jeune comme le Niger et le Mali, pourvu que cette jeunesse acquiert une formation professionnelle et technique adéquate (par opposition au trop plein de diplômés en économie, droit, sociologie etc. soient des formations qui ne nourrissent pas

Khadijah Diallo-Guéro