Point de presse du ministre d’Etat en charge de l’Intérieur suite à la marche du 29 octobre : « Tous ceux qui ont eu des responsabilités à un titre ou à un autre dans les événements de dimanche matin, répondront de leurs responsabilités devant la justice ».
Certaines associations membres de la société civile ont appelé leurs militants à une marche dimanche 29 octobre dernier, en guise de protestation contre certaines dispositions contenues dans la loi de finances 2018. La marche sensée être pacifique a tourné vite à l’affrontement avec les forces de l’ordre, occasionnant ainsi des blessés et des dégâts matériels énormes. Réagissant promptement à ces événements, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique, de la Décentralisation et des Affaires coutumières et religieuses, M. Bazoum Mohamed a dans un point de presse souligné que les responsables et auteurs de ces forfaits répondront de leurs actes devant les tribunaux.
Dans son point de presse, et faisant la genèse de cette marche, le ministre d’Etat en charge de l’Intérieur a rappelé que depuis le 18 octobre, une association dite de défense des droits des consommateurs de Technologie de l’information, de la communication et de l’énergie a déposé une demande d’autorisation de marche pour le 29 octobre. « Compte tenu des informations en possession du président de la Délégation Spéciale de la ville de Niamey relativement aux intentions d’un certain nombre de personnes projetées pour le 29 octobre, et qui visaient notamment à brûler l’Assemblée Nationale, celui-ci a suggéré que la marche se tienne à partir du Terrain musulman jusqu’à la place Toumo, et que le meeting projeté ait lieu à la place Toumo », a dit le ministre d’Etat. Aussitôt qu’il a notifié cela aux responsables de cette association, le lendemain, ils lui ont retourné une autre lettre pour dire qu’ils maintiennent leur marche conformément à l’itinéraire qu’ils avaient envisagé au départ.
« Puis dans l’après-midi du 27 octobre, une réunion d’un certain nombre de responsables des associations qui se réclament de la société civile s’est tenue, et ils ont décidé d’obtempérer à la suggestion du Maire et qu’un meeting tout simplement aura lieu à la place Toumo plutôt qu’une marche et un meeting », a indiqué M. Bazoum Mohamed.
Mais à la surprise générale, a-t-il ajouté, un certain nombre de personnes se sont dirigées du terrain musulman vers l’Assemblée Nationale. Et c’est là que les échauffourées ont commencé, selon le ministre d’Etat. Faisant le parallèle avec les manifestations intervenues au Niger consécutivement à l’affaire Charlie Hebdo, et qui avaient causé sur l’ensemble du pays une quinzaine de morts, avec beaucoup de dégâts enregistrés, le ministre d’Etat a souligné qu’un parti politique avait un agenda à dérouler en faisant de l’amalgame, et en instrumentalisant les questions religieuses.
«Là, nous sommes en train d’assister au même phénomène avec la loi des finances. A peine avait elle été diffusée, qu’un certain nombre de personnes, peut être même des cadres du service des impôts, ont pu se rendre compte qu’il ya eu une modification du Code général des impôts dans une de ses dispositions relatives au droit de succession après décès. Cette disposition existe dans tous les Codes des impôts des pays musulmans, sans exception. Et elle ne concerne pas comme ils le disent »la part des orphelins dont veut s’approprier l’Etat ». Elle ne concerne que les personnes qui ont des avoirs importants dans le cadre d’activités économiques formelles.
Lorsqu’une personne qui détient des avoirs importants de ce genre décède, on procède au partage de son héritage et sur la part nette du revenu des ayant droits, un certain pourcentage est prélevé dans le cadre de ce qu’on appelle le droit de mutation. C’est une opération qui se passe uniquement pour les personnes de ce genre là. Eux, ils le savent, ce qui ont inondé les réseaux sociaux et qui ont abusé de la crédulité d’un certain nombre de musulmans », a dit M. Bazoum Mohamed, avant d’ajouter que dans la nouvelle disposition cela revient à 4% au lieu de 7%.
Le ministre d’Etat a souligné que l’autre opération qui est prévue consiste à ce que désormais lorsqu’une personne décède, toutes les dettes à sa charge seront prélevées dans les biens qu’elle laisse surtout vis-à-vis du fisc. «Ils pensent qu’en faisant cet amalgame avec l’héritage, le régime va forcément tomber ; parce qu’ils font des clins d’œil aux marabouts, aux associations islamiques. Ils veulent les forcer à se mobiliser à leurs côtés pour leur apporter les renforts dont ils ont besoin. Tout comme ils avaient mobilisé ces badauds là de 2015 et qui sont aujourd’hui encore en prison. Je voudrais dire à certains marabouts : ne vous laissez pas instrumentaliser, ne vous laisser pas manipuler » a dit le ministre d’Etat. Il a indiqué que les mesures prises dans la loi de finances, sont pour ce qui concerne la TVA, une application d’une directive de l’UEMOA qui date de décembre 1998 et appliquée par tous les pays membres de l’UEMOA sauf le Niger.
«C’est une mesure nécessaire parce que nous avons besoin d’améliorer nos recettes, nous avons besoin d’améliorer notre économie ; nous avons besoin de faire des recettes qui nous permettent de nous passer d’une certaine assistance qui se raréfie de toute les façons ; nous avons besoin d’avoir un Etat viable et il n’ya que par l’impôt qu’on peut avoir un Etat viable qui peut faire face à ses obligations en matière de délivrance de services sociaux, en matière de maintien de la sécurité de la paix et de la stabilité du pays. Ces ressources ne peuvent provenir que des Nigériens sur la base des taxes intelligentes modérées, justes, équitables et nécessaires» a souligné le ministre d’Etat.
Evoquant le lourd bilan de cette marche, le ministre d’Etat a dit que 23 policiers ont été blessés dont 4 graves ; 14 véhicules détruits dont 10 pour la Police et 4 pour des personnes privées dont une ambassade de la place, et des grands dégâts causés aux routes.
« Leur combat était relayé par les réseaux sociaux en direct. C’est ainsi que, y ont pris part un certain nombre de personnes. Une à New York, qui dit s’appeler Lumana New York Unity ; c’est certainement l’escadron de Lumana New York ; il ya les amis de Ali Téra qui ont appelé d’un peu partout au moment des événements, et qui encourageaient leurs militants de Lumana à continuer ce combat et à ne pas battre en retraite ; il ya un certain Hassoumi Noma de Lumana de Bruxelles. Ce parti est en train de connaître depuis trois ans une dérive qui risque de le perdre totalement ; et ceux de la société civile qui lui ont toujours servi de cheval de Troie, eux ne se sont jamais cachés de leurs intentions insurrectionnelles. Vous avez d’autres acteurs de la société civile qui ont compris qu’on a abusé d’eux. Il ya un agenda du parti Lumana pour instrumentaliser la loi de finances et en cela il veut mettre à contribution ce qu’il appelle la société civile, mais surtout les marabouts», a dit M. Bazoum
Mohamed.
En conclusion, a assuré le ministre d’Etat, «tous ceux qui ont eu des responsabilités à un titre ou à un autre dans les événements de dimanche matin, répondront de leurs responsabilités devant la justice».
(onep)