Le budget 2018 soumis à l’examen de l’Assemblée nationale a suscité une vive polémique au sein de l’opinion publique nationale. D’aucuns pensent qu’il contient des mesures anti sociales avec des mesures fiscales qui pourraient grever les budgets des familles. Dans ce sens, certains activistes sont dans la posture de la lutte contre la vie chère comme en 2005. Ils mobilisent leurs adeptes et au-delà des citoyens pour faire front commun contre ces taxes et impôts contenus dans le budget 2018 sans attendre voir quel traitement sera fait par les députés nationaux qui sont censés dans un débat public faire entendre la cause du peuple.
Il n’y a rien à redire que des citoyens s’expriment sur tout ce qui engage la vie de la nation et notamment tout ce qui touche à la qualité de leur vie. Mais il n’en demeure pas moins qu’un gouvernement est également dans sa vocation de chercher à mobiliser les ressources internes et par ricochet honorer ses engagements tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Le gouvernement en choisissant d’imposer plus les fortunes et la classe moyenne dit avoir comme focus l’intérêt général à savoir faciliter l’accès aux biens et services au plus grand nombre. Il en est ainsi de l’électricité où présentement 14% des Nigériens y ont accès alors que le régime en place envisage de booster ce taux à 60% d’ici 2035. Si l’expertise de l’Autorité de Régulation du Secteur de l’Energie (ARSE), une institution de la République a établi qu’il urge de sortir la NIGELEC de l’impasse pour garantir l’accès et la continuité du service, il y a lieu de prendre très au sérieux cette alerte. Du moins, pour ne pas jeter le bébé avec le bain, il importe de dépassionner le débat.
Qui faut-il croire entre le gouvernement qui prétend garantir l’accès à l’électricité au plus grand nombre ou quelques-uns qui voudraient rester dans leur zone de confort (se connecter aux satellites et aux commodités de la vie moderne) au détriment du monde rural qui vit encore au stade antique? Où est passé cet élan patriotique appelant au respect de notre souveraineté lorsqu’on refuse aux fortunés et la classe moyenne de consentir l’impôt pour l’intérêt général ? Faut-il que le régime en place congédie ces milliers de jeunes recrues depuis son installation pour satisfaire une certaine vision politicienne tendant à condamner le gouvernement d’avoir opéré un mauvais choix en accordant des numéros matricules aux enfants des pauvres grevant ainsi le budget de l’Etat ? Comment focaliser le débat sur le budget au seul volet sécurité du président ?
Il faut dépassionner le débat en bannissant la désinformation et l’intoxication de l’opinion publique pour le bien de notre peuple. En pareille circonstance, une contribution proactive consisterait à bien s’informer avant de se prononcer pour éviter les préjugés. La tendance de voir tout le monde s’afficher ‘’expert’’ en budget ou fiscalité est pernicieuse pour un débat sain sur un instrument essentiel pour un Etat comme le budget.
Nul doute, ne serait-ce que pour prêcher la vertu par l’exemple, le gouvernement aurait commencé par réduire le train de vie de l’Etat. Dans ce sens, réduire la taille du gouvernement, le renoncement de certains privilèges par les dignitaires du régime entre autres pourraient rassurer l’opinion publique à consentir des sacrifices. Car comme disait Voltaire dans ses Dialogues et entretiens philosophiques : « L’impôt ne doit être prélevé que sur les riches ; vous ne pouvez pas demander au pauvre une partie de son pain qu’il gagne, et du lait que les mamelles de sa femme donnent à ses enfants. Ce n’est pas sur le pauvre, sur le manœuvre, qu’il faut imposer une taxe ; il faut, en le faisant travailler, lui faire espérer d’être un jour assez heureux pour payer ses impôts ».
EMS