Ingall. Cette localité est chargée d’histoire. En effet, c’est là-bas que l’on retrouve encore des gravures rupestres mais aussi des cimetières de dinosaures datant de plusieurs siècles. Ingall, c’est aussi ses belles palmeraies. Sur le marché, les dattes provenant d’Ingall sont si délicieuses et de bonne qualité qu’elles donnent envie d’en consommer sans retenue. C’est à se demander même pourquoi ces bonnes dattes ne sont pas exportées.
Mais Ingall est plutôt connu du grand public comme la capitale de la cure salée. Chaque année, en effet, à la fin de la saison des pluies, cette bourgade si paisible constitue le point de convergence des éleveurs des régions du Niger et même des pays voisins comme l’Alégrioe, la Libye, le Tchad, le Nigeria, le Mali et même le Cameroun. Normal, car les terres salées d’Ingall renferment une matière salvatrice pour les animaux que l’on ne retrouve certainement nulle part ailleurs.
Cette année, la tradition a été respectée. Les éleveurs étaient venus en grand nombre, les officiels et autres amoureux de la nature aussi. La baraka aussi puisque la veille de l’ouverture, une pluie a arrosé Ingall. Pendant plusieurs jours, des manifestations culturelles sont organisées pendant que les animaux font leur cure. Côté jardin, on peut retenir le concours du chameau le mieux harnaché, de l’âne le mieux harnaché, des courses de chameaux, la fantasia, le concours du bel homme, de la miss cure salée etc. Des réjouissances sont organisées comme des danses des différentes communautés nomades présentes à la cure salée. Des mariages sont aussi scellés notamment dans la communauté des peulhs wodaabé.
Côté cour, il y a les activités officielles comme l’ouverture de la cérémonie, samedi 16 septembre, sous la présidence du Premier ministre, chef du gouvernement, Brigi Rafini qu’accompagnent des présidents d’institutions de la République, des ministres et députés. Cette année, plusieurs ambassadeurs ont fait le déplacement d’Ingall. Cette présence peut être interprétée comme le signe du retour irréversible de la paix et de la sécurité dans cette partie du pays. Dixit le Premier ministre. Il a ainsi été noté la présence des ambassadeurs de l’Union européenne, de la Chine, de la Turquie, des Etats unis, de la France, d’Italie, du Maroc, des chargés d’affaires d’Allemagne, d’Espagne, du représentant résident de la Banque mondiale, du représentant de la coopération technique belge, une délégation de la wilaya de Tamanrasset, en Algérie etc.
Intervenant à la tribune, Brigi Rafini a rappelé les vertus de la cure salée qui est « un grand rassemblement des agropasteurs », « un moment fort de retrouvailles, de fraternité et de solidarité entre éleveurs venant des quatre coins du Niger, et des pays voisins ». Abordant le thème de l’édition 2017 intitulé « Le pastoralisme comme vecteur de paix et de développement au Sahel », Brigi Rafini a indiqué qu’il met en relief la corrélation qui existe entre pratique pastorale et promotion de la paix. Depuis la nuit des temps, le pastoralisme a favorisé la solidarité, les échanges divers entre populations et le sentiment d’appartenance à une même communauté de destin, indépendamment des différences de réalités culturelles ou ethnolinguistiques, at-il dit en substance.
La cure salée, c’est aussi des actions de développement et de résilience des populations nomades. C’est ainsi qu’à la demande d’un compatriote, Abdoul Karim Lansari, l’ONG turque BISEG a procédé à la distribution de 450 chèvres à 150 femmes issues des ménages vulnérables à raison de 3 chèvres par femme. Déjà, l’année dernière, à la même occasion, la même ONG, à la demande du même compatriote, a distribué des kits alimentaires à plusieurs centaines de ménages défavorisés. Un centre d’établissement des pièces d’état civil a aussi été ouvert pour permettre aux pasteurs de disposer de ces documents essentiels pour tout citoyen. A l’hôpital de district rénové, une équipe de chirurgie de la cataracte était à pied d’œuvre pour soigner les malades souffrant de cette maladie. Un centre de vaccination animale a ouvert pour assurer la santé des animaux.
Plusieurs ONG, projets, programmes et sociétés ont installé des stands pour présenter leurs produits et services, qu’il s’agisse des produits agropastoraux, des produits artisanaux, des services des opérateurs de téléphonie ou des messages de sensibilisation sur la santé de la reproduction…
Le Premier ministre, les membres du gouvernement, les députés et diplomates ont visité tous ces sites. Ce qui a apporté une plus-value en termes de disponibilité et de proximité de services publics qui doivent être offerts aux populations surtout celles vivant en zones nomades qui ont une accessibilité limitée à de tels services.
Tiemago Bizo
(Le Républicain N°2143 du jeudi 21 Septembre)