Le Niger serait-il un pays de paradoxes ? La notion de temps et sa gestion n’est pas un souci chez nous. Une cérémonie ou un rendez-vous qu’il soit officiel ou non, les gens prennent gout à venir 30 minutes à une heure après l’heure convenue.
L’entretien de notre environnement immédiat devient de plus en plus un casse-tête, une préoccupation nationale tant l’indifférence et l’insouciance caractérisent nos comportements. Du fait de l’irresponsabilité, l’insalubrité de nos centres urbains engloutit nos ressources sans succès en menaçant notre santé et cadre de vie.
Face aux biens publics, la gabegie, la mal gouvernance, la corruption tirent vers le bas le pays entier où pourtant tout est prioritaire. Au niveau de l’administration centrale, le gaspillage, les abus et usages privés des moyens de l’état constituent une criarde réalité. La tendance c’est que tout le monde attend tout de l’Etat. L’entretien des routes dans les quartiers, nos écoles et centres de santé, c’est une affaire de l’Etat. Le nigérien devient de plus en plus indifférent et défaitiste.
Il est question récemment d’audité les Organisations non gouvernementales (ONGs) de développement où semble-t-il aussi avec la complicité des nôtres les fonds mobilisés ne parviennent guère aux populations cibles au nom desquels les TDR (Termes de référence) des projets ont été élaborés et soumis aux bailleurs.
Sur le plan politique, être à l’Opposition est synonyme de nihilisme tant les mauvaises attitudes des opposants sont contre productives. Ne rien voir et peindre tout en noir est la règle de l’Autre, qui n’attend que l’échec de l’adversaire aux commandes pour le remplacer. Le sens de l’Etat n’est pas la norme la mieux partagée chez certains qui prétendent pourtant diriger le Niger au sommet.
S’agissant du monde associatif ou corporatiste, le patriotisme et le sens de l’intérêt général désertent également les consciences. L’enseignant, l’agent des impôts, le douanier ou le médecin mettent en avant plus leurs prébendes à eux au détriment des intérêts du pays donc des populations qu’ils sont censés servir.
Sur les réseaux sociaux, cette merveille du siècle, les nigériens au lieu d’être proactifs, passent leur temps à s’autodétruire par joutes et invectives via des plateformes interposées. La même tendance s’observe au niveau des médias traditionnels : une presse essentiellement d’opinion qui fait peu de cas des vraies questions de développement du Niger.
On le voit, les défis de notre pays sont énormes mais sur toute la ligne tout se passe comme si des tares congénitales nous empêchent d’avoir la pleine conscience pour agir et ainsi inverser la tendance. Et pourtant personne ne fera notre bonheur à notre place.
Au bilan du premier quinquennat du président Issoufou, l’on comprend aisément pourquoi la renaissance culturelle vient en tête de ses priorités : « En effet, on constate que notre pays s’enfonce dans une situation d’arriération prononcée comme l’illustrent le recul de l’éthique du travail notamment dans la fonction publique, le développement d’une mentalité d’assistés, notre rapport avec le temps, notre comportement par rapport aux biens publics, aux questions démographiques et à l’école, particulièrement s’agissant de la scolarisation des filles », a diagnostiqué le chef de l’Etat alors candidat à sa propre succession.
Pour surmonter ces obstacles, ‘’il faut créer les conditions d’une renaissance culturelle qui passe par la réhabilitation de certaines de nos valeurs sociales et par l’emprunt à d’autres sociétés des valeurs qui y ont fait leur preuve’’, avait pronostiqué le candidat Issoufou. Cette révolution culturelle ou du moins ce changement de mentalité que le président Issoufou préconise pour le Niger s’avère nécessaire. Et c’est là une approche essentielle qui attaque le mal à la racine afin de l’extirper définitivement. Cela exige synergie et convergence de tous les citoyens. Sur ce chapitre, il n’y a rien à redire. Il faut simplement aider Issoufou. Pour la RENAISSANCE du Niger.
Elh. Mahamadou Souleymane
(Niger Inter Magazine N°004)