Il faut préciser de prime abord que la fête de sacrifice est une fête particulière aux pèlerins dans la mesure où le sacrifice fait partie du rituel du Hadj pour celui qui a opté pour le rite de Tamattou’ou (Oumra + vie normale + Hadj) ou Qirân (Oumra suivie du Hadj).
Les autres musulmans (non pèlerins) ont été associés au sacrifice de la fête par extension de la miséricorde d’Allah.
Une fête intervient normalement après une épreuve qu’on a affrontée avec succès et c’est ce qu’on appelle aujourd’hui l’arrosage dans le langage académique ou scolaire.
Les pèlerins ont affronté l’épreuve du Hadj:
– voyage de chez soi à la Mecque,
– accomplissement de la Oumra,
– déplacement entre les différents lieux saints de l’Islam:
* de la Mecque à Mina,
* de Mina à Arafa,
* d’Arafa à Mouzdalifa,
* de Mouzdalifa à Mina
* et de Mina à la Mecque…
Chacune de ces étapes constitue une épreuve sur les différents plans: physique, moral, spirituel, financier, comportemental…
Il est donc normal et logique pour le pèlerin ayant traversé avec succès ces différentes épreuves, de fêter c’est-à-dire de manifester sa joie et sa gratitude envers son Seigneur d’où la fête de sacrifice qui intervient le 10 Zoul-Hidjah (le douzième mois du calendrier islamique) de chaque année après le retour de Mouzdalifa à Mina.
Parmi les actes qu’accomplit ce jour-là le pèlerin, il y a le fait de se raser et d’immoler une bête pour Allah pour en manger et en faire aumône. Le sacrifice intervient après la prière de la fête (Id) et se poursuit jusqu’au coucher du soleil du 13e jour de Zoul-Hidjah autrement dit, il est permis de sacrifier le 10, le 11, le 12 et le 13 Zoul-Hidjah.
Cette fête de Tabaski doit être célébrée mondialement le même jour dans le monde musulman car elle intervient au lendemain de la station des pèlerins à Arafa et il n’y a qu’un seul Arafa dans le monde. Cette station a lieu aujourd’hui en direct grâce aux nouveaux moyens de communication à travers le monde entier.
Dans le passé où les gens n’avaient pas d’information précise sur la station à Arafa, chaque pays ou entité géopolitique tenait compte de sa vision de la lune de Zoul-Hidjah pour fêter le dixième jour. La Ligue Islamique Mondiale avait même l’habitude d’informer les pays du monde musulman sur le Jour d’Arafa afin que les musulmans non-pèlerins de par le monde puissent jeûner ce jour-là et avoir la récompense dudit jeûne.
Je ne connais pas personnellement un autre argument qui permet de retarder la fête de la Tabaski deux jours après Arafa à part cette considération de la vision de la lune qui ne tient plus aujourd’hui puisque le jour d’Arafa est déterminé par la vision du pays dans lequel se trouve Arafa c’est-à-dire l’Arabie Saoudite.
Les musulmans non pèlerins, subissent eux aussi une épreuve: celle du jeûne du Jour d’Arafa, ce qui leur permet de fêter à leur tour par association aux pèlerins et donc de sacrifier des animaux, d’en manger et d’en donner une partie aux nécessiteux.
Il en va de même pour la fête de Ramadan, elle intervient après une épreuve que subissent les musulmans à savoir le jeûne du mois de Ramadan et elle est sanctionnée par la Zakatou-Fitr (Aumône de Rupture Finale) qui est prélevée non seulement pour les jeûneurs mais aussi pour tous les autres musulmans par extension de la miséricorde divine.
En principe, la célébration de la fête de Tabaski doit refléter l’unité des musulmans non seulement au niveau national mais également au niveau mondial.
Mais quand cette fête devient un objet de division entre les musulmans puisque certains veulent fêter le lendemain d’Arafa et d’autres veulent se baser sur leur vision de la lune, il appartient à l’Autorité politique de prendre les mesures qui s’imposent afin de garantir l’unité des musulmans. C’est ce qui s’est passé il y a quelques années au Burkina Faso quand certains musulmans ont fêté le lendemain d’Arafa et d’autres deux jours après; l’Etat en tant que Garant de l’unité nationale a non seulement envoyé la sécurité pour protéger ceux qui ont fêté le lendemain d’Arafa mais il a aussi tranché la question en déclarant que désormais la fête de Tabaski intervient après la station à Arafa.
Je pense personnellement que nos autorités politiques à la tête desquelles se trouvent des musulmans doivent réfléchir à la question pour éviter toutes ces polémiques qui ne font qu’enfoncer et remuer le couteau dans la plaie de la division et de la haine réciproque qui prévalent au niveau de certaines couches sociales.
En attendant cette décision de l’Autorité politique, je demande aux musulmans de faire preuve de patience et de fêter le jour fixé par le Conseil Islamique si celui-ci ne peut pas revenir sur sa décision. Je ne vois pas à qui profitera une division des musulmans jusque dans leur culte qui devrait les unir et les souder comme un seul corps.
Qu’Allah nous éclaire et nous guide davantage! Qu’Il nous bénisse et nous conforme davantage à ce qu’Il aime et agrée! Qu’Il aide nos autorités à prendre la mesure qui fera l’unanimité et l’unité de la communauté! Qu’Allah bénisse le Niger et son peuple!
Cheikh Boureima Abdou Daouda
La Mecque, le 26 août 2017
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