LUTTE ANTI TABAGISME : Le nécessaire dialogue entre acteurs !

Du 19 au 20 mai dernier, une quarantaine de journalistes africains francophones ont pris part à l’Hôtel Radisson Blu de Bamako au séminaire organisé par le Réseau des Journalistes Observateurs de l’Industrie de la Nicotine et du Tabac (REJOINT) sous le thème : « L’avenir de l’industrie du tabac: un monde sans fumée ».

Ce séminaire de deux jours a consisté à alimenter la réflexion des membres du Réseau sur les enjeux de l’industrie sur les objectifs de Développement Durables (ODD) en faisant notamment ressortir le lien entre l’idée de transformation et l’objectif 3 à savoir ‘’Bonne Santé et Bien Etre Pour Tous’’.

Cette rencontre fait suite à celle du Grand Bassam (Abidjan) il y a un an sous la houlette du Groupe de presse AllAfrica. Les organisateurs de ce séminaire sont partis du constat selon lequel l’industrie du tabac demeure une des plus complexes du fait de sa régulation très stricte mais également de la volonté affichée par certains groupes de la combattre à cause de la nocivité de la cigarette.

Dans un monde où l’espérance de vie ne cesse d’augmenter grâce à l’émergence de nouvelles technologies qui redéfinissent constamment le quotidien des citoyens, quelques acteurs de l’industrie du Tabac se sont engagés dans d’énormes investissements en recherche et développement pour proposer des produits moins nocifs et plus en phase avec notre temps.

Cette approche est notamment celle de Phillip Morris International (PMI), un des leaders mondiaux de l’industrie du tabac, qui vient de lancer un programme de ‘’transformation’’ visant à terme le remplacement de la cigarette combustible par des produits moins nocifs.

Au regard de cette nouvelle donne, il est important que les différents acteurs (PMI), consommateurs, régulateurs, fiscalistes, médias et médecins) engagent un discussion sur les tenants et les aboutissants de l’avenir du tabac. A défaut, l’introduction des nouvelles technologies dans l’industrie –aujourd’hui présentée comme la plus grande opportunité de lutter contre le tabagisme- pourrait être vaine et des centaines de millions de personnes continueront de souffrir voire de mourir du tabac.

C’est pourquoi, estiment les initiateurs de ce séminaire : « Il est urgent de poser ce débat qui est à la fois, de société, de santé publique et d’économie afin que les populations et les Etats prennent la pleine conscience des enjeux du moment et de l’avenir de nos sociétés face au fléau que représente le tabagisme ».
Ainsi deux communications et un panel ont été animés. La première communication était celle M. Harouna Ly de Phillip Morris International sur le thème : ‘’Concevoir un avenir sans fumée de tabac : le cas de Phillip Morris International’’.

Le conférencier a rappelé que l’OMS fixe comme objectif de réduire la prévalence du tabagisme de 30% d’ici 2025 pour atteindre l’objectif global de réduction des maladies non transmissibles. Et également en 2025, l’OMS estime qu’il y aura 1 milliard de fumeurs dans le monde. Pour Harouna Ly un monde sans tabac serait une utopie. C’est donc par réalisme que Phillip Moris International préconise la transformation des produits du tabac en les rendant plus nocifs notamment à travers les cigarettes électroniques qui se démarquent de la combustion comme comme majeure de la nocivité. C’est que le représentant de PMI a bien voulu informer les participants sur les voies et moyens utilisés par son industrie pour contribuer à la réduction de la toxicité du tabac.

Le second conférencier, M. Bunmi Makiwa un fonctionnaire des Nations Unies a partagé son expérience et sa perspective pour l’atteinte des Objectifs du développement durables (ODD). En analysant la situation du Continent africain avec les autres, M. Makiwa a constaté que comment l’Asie est en train de réussir à réduire la croissance de sa population à la différence de l’Afrique. En substance le conférencier avait mis en évidence la nécessité d’agir en Afrique pour bénéficier du dividende démographique. Il a également dénoncé le refus du dialogue de certains acteurs, ce qui est selon lui aux antipodes de notre époque où pour faire face aux défis qui assaillent le monde il faudrait une synergie de tous les acteurs en présence.

Après ces fructueux échanges, le Réseau des Journalistes Observateurs de l’Industrie de la Nicotine et du Tabac (REJOINT) a élaboré son plan d’actions et une ébauche de sa structuration et le mode de financement de ses activités.

Elh. M. Souleymane (Le Républicain N°2131 du 1er juin 2017)