Déclaration de l’Opposition politique nigérienne, Collectif de la société civile, Partis politiques non affiliés

Nigériennes, Nigériens,

Chers Compatriotes.

Du 29 juillet au 03 Novembre 1990 la Conférence Nationale Souveraine se réunissait afin de jeter un regard rétrospectif sur l’évolution politique, économique et sociale de notre pays. Après un diagnostic lucide elle a dégagé les grandes orientations des politiques publiques futures.

A cette occasion, elle a défini les cadres juridiques et institutionnels qui doivent désormais régir le fonctionnement de l’Etat, des institutions, et des relations entre l’Etat et les citoyens.

Dès lors, en dépit de quelques turpitudes, les orientations essentielles ont été maintenues.

Il s’agit de :

bâtir un Etat de droit garantissant d’une part l’exercice de droits collectifs et individuels, la liberté, la justice, la dignité, l’égalité, la sureté et le bien-être comme valeur fondamentale de notre société, et d’autre part, l’alternance démocratique et la bonne gouvernance ;

Construire une nation unie, digne, pacifique, industrieuse et prospère ;

Ces prescriptions ont toutes été reprises et réaffirmées dans les différentes lois fondamentales qui ont eu cours dans notre pays.

Qu’en est-il depuis 2011 ?

Il est aisé aujourd’hui de constater que depuis la prise de fonction de Issoufou Mahamadou, le 07 Avril 2011, la caractéristique dominante de sa gouvernance est le déni de droit, l’injustice, l’arbitraire, le népotisme, la corruption, et le trafic en tous genres. Toutes choses aux antipodes de l’Etat de droit, des valeurs républicaines et démocratiques.

Ainsi :

Les citoyens nigériens vivent dans le fond de leur âme, dans leur chair et de tout leur être physique, l’injustice et l’arbitraire au point où le recourt aux services publics de la justice leur paraît une torture ;

Le favoritisme et le népotisme ont droit de cité, comme l’atteste les différents concours et autres recrutements dans les différents services publics ;

Les libertés publiques d’expression, d’association, de pensée et de mouvement, ont toutes, été bâillonnées à telle point que la détention et les négations de droit, sont de nos jours une banalité.

Les services publics de l’éducation et de la santé sont aujourd’hui en phases finale de dégradation ;

L’affairisme, le trafic prospèrent dans nos aéroports, les cabinets, et autres officines à l’instar des différentes affaires Uraniumgate Africard, Wallgate, le riz pakistanais, les affaires Mont Bagazane et Mont Gréboun, à telle enseigne que la seule évocation du nom du Niger à l’extérieur provoque sourires et railleries, tant ce nom est devenu synonyme d’Etat voyou.

La sécurité et la cohésion sociale sont au plus mal.

Le constat général est une exaspération populaire et la peur du lendemain ! Le pays, le Niger, va mal ! Disons-le, très mal !

Mahamadou Issoufou constamment dans les airs, n’a pas les pieds sur terre pour regarder et constater que le pays se meurt ! Le gouvernement pléthorique est truffé d’hommes incompétents et inconséquents engagés dans la compétition de qui engrangera le plus de milliards.

L’administration et ses démembrements dépourvus de tout, sont plongés dans un sommeil sans fin. L’Etat lui-même est absent !

Cette situation a conduit les institutions de la République à une paralysie générale. Nous savons déjà le sort fait au Conseil de la République, au Conseil Supérieur de la Magistrature, et au Conseil National du dialogue politique. Le CSC et le CNDH se taisent ! L’Assemblée Nationale plus qu’une simple chambre d’enregistrement, est aujourd’hui confisquée par le fait majoritaire. Les voix minoritaires sont étouffées au quotidien ; c’est le diktat que subit dans l’humiliation et la rancœur, les groupe de l’opposition. Ainsi, les commissions ad ’hoc d’information ou d’enquêtes parlementaires travaillent sur commande. La dernière commission d’enquête parlementaire relative aux 200 milliards spoliés en est un exemple patent. Plus grave, est ce projet de loi relatif à la révision de la Constitution.

L’Assemblée Nationale est saisie selon la procédure d’urgence, pour l’adoption d’un projet de loi portant révision des articles 47, 48, 53, 59, 85, 99 et 100 de la Constitution. Englué dans ses habituelles méthodes autocratiques et misant sur la servilité d’une majorité parlementaire à ses ordres, le Gouvernement hérétique du Gury System ne s’est embarrassé d’aucun formalisme politique et juridique pour faire passer de force ce projet de révision.

En effet, aux termes de l’article 173 de la Constitution, « L’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au Président de la République et aux membres de l’Assemblée nationale ».

Or, de toute évidence, jusqu’à ce jour, rien, ni dans le projet de révision contesté ni dans les actes ou documents préparatoires, ni même dans l’exposé des motifs qui l’accompagnent, ne permet d’y déceler une initiative présidentielle. Dans le même ordre d’idées, il ne s’agit pas non plus d’une proposition de loi portée par des députés ?

En tout état de cause, pour le FRDDR, le Collectif de la Société Civile, et les Partis politiques non affiliés, ce projet d’amendement de la Constitution dépourvu de toute base légale n’est rien d’autre qu’une déstabilisation de notre ordonnancement constitutionnel.

C’est pourquoi, ils engagent tous les députés de l’Opposition à ne prendre part à aucune séance de l’Assemblée Nationale qui viendrait à être convoquée à l’effet d’examiner et d’adopter un quelconque projet de loi de révision de la Constitution et des lois électorales initié dans l’illégalité et au mépris des usages en matière de consensus politique .

Nigériennes, Nigériens,

Chers Compatriotes.

La situation de notre pays exige de la part de chacun de nous, un engagement citoyen qui transcende tous les clivages afin que dans un sursaut commun, nous puissions sauver ce qui peut encore l’être, et redonner espoir et crédibilité au Niger et à son peuple.

C’est l’occasion pour nous d’appeler à nouveau, les filles et les fils de ce pays chargés de la mission de rendre justice et de dire le droit, au ressaisissement pour une justice juste, égale pour tous.

C’est l’occasion de rappeler également aux agents publics, de tout grade et de tout corps ; chargés du maintien de l’ordre, sur la responsabilité individuelle de chacun quant à l’exécution d’un ordre manifestement illégal. Comme l’histoire récente nous l’enseigne, chacun aura à répondre tôt ou tard des actes qu’il aura posés dans l’exercice de sa fonction.

Nous, Opposition politique nigérienne, Collectif de la société civile, Partis politiques non affiliés, soucieux de la préservation des valeurs démocratiques et républicaines :

Exigeons la libération immédiate et sans condition de ElHadji Amadou Djibo Ali, Président du FRDDR ;

En appelons à tous les citoyens, de se joindre à nous pour le combat de la liberté, de la dignité, et pour la restauration de la cohésion, de l’unité de notre peuple et la sauvegarde de l’Etat de droit, de la démocratie et de la République ;

Exigeons, la démission immédiate de l’usurpateur Issoufou Mahamadou pour incapacité à assumer les charges de chef d’Etat !

Vive la démocratie,

Vive la République !

Je vous remercie !

Fait à Niamey le 22 Mai 2017