Tous les civils impliqués dans la tentative du putch manqué du 15 décembre 2015 sont mis en liberté provisoire. La nouvelle fait le buzz sur les réseaux sociaux nigériens comme dans les fadas. Un non-lieu serait sans conteste un camouflet pour le régime d’Issoufou au regard des déclarations fracassantes du président lui-même comme de ses lieutenants.
Même si pour le moment l’on parle ‘’d’abandon partiel des charges’’ par le tribunal militaire à l’encontre des prévenus, il faut dire que le juge d’instruction vient d’apporter de l’eau au moulin de ceux qui ont toujours clamé une machination du pouvoir dans cette affaire. Ceux-là qui viennent de mettre en doute la crédibilité de notre justice, il y a quelques jours, se délectent aujourd’hui de la prouesse de la même justice !
Il faut dire que les faits tels que présentés par le pouvoir étaient accablants. En effet, le 13 janvier 2016, face à la presse, le ministre de la défense d’alors M. Karidio Mahamadou informait l’opinion qu’au total : 13 personnes dont 10 militaires des forces armées nationales (FAN), 2 gardes nationaux et un civil sont impliqués. Dix (10) autres militaires sont poursuivis afin d’établir leur responsabilité. La liste de ces derniers avait été retrouvée chez le meneur du putsch, a-t-il martelé.
A la question d’un journaliste de savoir qu’en est-il des aveux dont on dit que certains prévenus auraient proférés, le ministre Karidio a dit sans ambages : « Je peux vous affirmer sur l’honneur, au moins quatre (4) personnes ont reconnu à commencer par leur chef et elles ont demandé clémence ».
Dans la même affaire 10 civils et 3 douaniers sont aussi prévenus pour le besoin d’enquête pour établir également leur responsabilité dans ce putsch manqué, a affirmé le ministre Karidio.
« Je suis convaincu, et je pense que cette procédure devrait être menée à son terme et qu’un procès devrait avoir lieu pour l’exemple, pour que notre pays sorte définitivement de ce va-et-vient et pour que nous nous engagions définitivement dans un processus démocratique permettant de garantir la stabilité des institutions légitimes que le peuple s’est données », a annoncé le ministre de la Défense nationale par intérim, M. Hassoumi Massoudou.
Certes comme nous l’annoncions en amont, ce n’est pas encore le procès et la liberté provisoire ne signifie jamais liberté définitive (cas récent des prévenus des bébés importés) mais l’essentiel est de savoir que s’est-il réellement passé ? Le président de la République a-t-il été induit en erreur ? Quelle est la pertinence des faits prétendument accablants contre les accusés ?
A ce questionnement seul la justice pourrait nous éclairer. Dans ce sens, le tribunal militaire est vivement attendu pour éclairer nos lanternes. Pour le reste, nul doute que la liberté provisoire obtenue par les prévenus civils participe non seulement de l’apaisement du climat social mais aussi prouve à suffisance que la justice nigérienne n’est pas une justice aux ordres contrairement à la stratégie du petit jeu de certains à savoir la victimisation et l’attitude du mauvais perdant. Dans un procès c’est pile ou face : soit on gagne soit on perd. Et un républicain doit savoir perdre.
Elh. M. Souleymane