Leçons du babygate…

Le procès des bébés importés a eu lieu. C’est un fait. Ce scandale considéré comme une affaire politique par les uns et un crime par les autres. Franchement en vivant ce procès, en tant que citoyen l’on peut réaliser combien l’esprit partisan mal assumé pourrait être source de blocage pour un pays. A l’épreuve des faits, l’on se rend compte que si Hama Amadou n’était pas dans cette affaire, elle aurait passé, peut-être inaperçue. Du moins avec moins de passions comme tous les crimes et délits jugés au quotidien dans nos tribunaux.

L’on peut réaliser également combien des personnes de bonne foi et de bon sens peuvent être aveuglées par leur appartenance politique face à certaines turpitudes. A l’évidence, l’on est loin de s’imaginer que les faits étaient assez flagrants avant de voir les prévenus à la barre et surtout d’entendre comment ces personnes avaient glissé en s’octroyant des jumeaux bafouant ainsi leur foi qui est pourtant stricte en matière de filiation.

Le procureur disait en face à M. Abdou Labo qu’il était bien informé de l’activisme de son épouse dans ce malheureux trafic sans rien faire pour l’en empêcher. Bien au contraire. Il aurait peut-être dit à M. Hama Amadou, s’il était là, qu’il aurait délibérément choisi Dr Barkiré pour le besoin de sa cause et instruit son secrétaire particulier à faire les actes d’état civil à ses bébés litigieux !

Lorsqu’une dame prévenue témoignait dans les détails de son processus avorté d’achat des bébés, nous avons vécu des scènes assez parlantes dans la salle d’audience. Il est assez regrettable qu’il ne soit pas  permis à la presse de filmer même lorsque le procès est public. Des images des prévenus (es) revivant certainement leur crime à l’évocation des lieux du crime et leurs partenaires auraient permis aux psychanalystes de nous dire un peu plus sur certaines postures et gestes des accusés présents.

Il n’y a rien d’abusif de parler d’achat ou trafic en ce sens que la dame disait qu’elle payait régulièrement les prestations des intermédiaires et leur réseau sur la voie d’acquisition de son ou ses bébés. Le travail abattu par la commission rogatoire au Nigeria atteste amplement l’effectivité du trafic. A la fin du récit de la bonne dame, le président du jury avait montré à l’assistance un bidon qui contenant un échantillon de cette décoction magique censée donner à la femme des signes de grossesse.

La première leçon du babygate c’est le triomphe du principe républicain clairement affirmé à travers ce procès à savoir que nul n’est au-dessus de la loi et que comme diraient les juristes ‘’nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude’’.

La deuxième leçon c’est que la mauvaise foi conjuguée à l’esprit partisan mal assumé est un poison susceptible de provoquer ‘’la guerre de tous contre tous’’. En effet, même à l’épreuve des faits des esprits continuent à raconter des inepties aux antipodes de toute rationalité. Cette attitude n’est pas seulement le propre de nous autres sous les tropiques. Récemment en France, une partisane de François Fillon disait sans gêne sur RFI que son leader serait le plus en phase avec ‘’l’éthique et les valeurs’’ !

La troisième leçon c’est que lorsque les avocats font plus de la politique que du droit, cela est de nature à envenimer l’atmosphère comme dans notre pays où si les juges avaient suivi ces ‘’sophistes’’  passés maîtres dans le dilatoire, le jugement au fond de cette affaire n’aurait jamais lieu. Le seul remède à l’impasse dans ce genre d’affaires c’est que les hommes politiques au pouvoir comme à l’opposition puissent être assez dignes pour s’assumer face à leurs forfaitures ou manquements. Ce n’est pas autrement qu’on peut prétendre diriger au sommet tout un peuple avec des attitudes et comportements qui jurent avec  l’esprit de ce peuple.

EMS