SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l’État

Message à la Nation de SEM Issoufou Mahamadou, Président de la République, Chef de l’État à l’occasion du 58è anniversaire de la proclamation de la République

Nigériennes, Nigériens ;

Mes Chers Concitoyens ;

Cette année, c’est au tour de la ville d’Agadez d’accueillir la fête tournante du 18 Décembre. Il s’agit du 58e anniversaire de la proclamation de la République. Cette date coïncide aussi avec la journée internationale des migrants, dont Agadez est devenue le plus important centre de transit pour l’Afrique au Sud du Sahara.

En effet, Agadez, ville récemment classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, ville considérée jadis comme le cœur de l’industrie touristique du pays, s’est peu à peu vidée de ses touristes, venant des quatre coins du monde, tous attirés par les merveilles culturelles de la région notamment par la beauté du désert du Ténéré.

Malheureusement, ce joyau du désert attire aujourd’hui un autre type de visiteurs, venus cette fois ci, non pas pour admirer les merveilles de la région, mais pour participer au vaste trafic de migrants qui s’y est développé au fil des années. Agadez est à présent plus connue pour les milliers de migrants en provenance de toute l’Afrique sub-saharienne qui y transitent, que pour son patrimoine culturel.

Le Niger étant devenu, par la force des choses, à travers Agadez, un pays de transit pour de nombreux jeunes candidats à l’immigration illégale vers l’Europe, via la Libye et l’Algérie, c’est l’occasion ici, d’avoir une pensée pour toutes celles et ceux qui ont perdu la vie dans cette périlleuse aventure.

Face à ce phénomène, qui a pris une ampleur exceptionnelle ces dernières années, ampleur illustrée par un nombre inconnu de morts dans le désert et par plus de 6500 morts sur 2 ans entre 2015 et 2016 dans la méditerranée, nous ne pouvons rester insensibles. Le gouvernement, sur mes instructions, a engagé un combat résolu contre le trafic des migrants. Ce combat, nous le menons pour des raisons à la fois morales et sécuritaires. Pour des raisons morales, car les réseaux de trafics des migrants exposent ces derniers à des dangers graves tout au long de leur périple périlleux. Ainsi, combien de fois n’avons-nous découvert, en plein Sahara, des cadavres nombreux de jeunes mais aussi de femmes et d’enfants morts de soif, victimes de pannes de véhicules ou abandonnés par des passeurs sans foi ni loi pour qui la vie humaine n’a aucune valeur face à leur cupidité.

Nous combattons aussi ce trafic car nous savons qu’il est indissociable des autres trafics et de leur lien matriciel avec le terrorisme. En effet, le véhicule qui part d’Agadez transportant des migrants clandestins et qui les dépose dans le sud libyen revient toujours chargé d’armes. Ces armes sont introduites dans les circuits du trafic des armes qui servent à entretenir tous les conflits affectant l’espace sahélo-saharien. Il est également établi que le jeune chauffeur de véhicule transportant des migrants par les voies contournant les contrôles, s’aguerrit dans ce métier dangereux et acquiert une expertise qui en fait un bon candidat pour le transport de la drogue. Ainsi les trafiquants de migrants se convertissent naturellement dans le convoyage de la drogue. L’économie criminelle qui s’est développée ces dernières années dans l’espace sahélo-saharien se fonde, nous le voyons bien, sur un enchevêtrement de tous les trafics et sert de base pour la prévalence du terrorisme dans nos pays, ainsi que de la menace qu’il constitue pour notre sécurité, notre stabilité, notre économie et l’existence même de nos États. C’est pourquoi combattre le trafic clandestin des migrants est pour nous un impératif tout simplement de sécurité.

Je voudrais à cet égard rendre hommage au travail qui a été accompli dans ce cadre par nos forces de défense et de sécurité surtout dans la région d’Agadez.

Cependant, nous ne pouvons pas ignorer que c’est pour la plupart, des motifs économiques qui poussent ces jeunes à l’exil. Nous devons, par conséquent, attaquer le problème à sa source. C’est pourquoi, le gouvernement a conçu un plan en vue de la maîtrise des flux migratoires non seulement à travers le contrôle sécuritaire mais aussi à travers les actions de développement. J’ai soumis ce plan à l’Union Européenne à l’occasion de ma récente visite à Bruxelles le 15 Décembre dernier. Je me félicite de l’accueil que l’Union Européenne a réservé à ce plan, qui prévoit entre autres la réalisation de projets destinés à proposer de nouvelles perspectives économiques et à renforcer la résilience des populations vulnérables.

C’est ainsi que, pour les populations d’Agadez, la relance de l’industrie du tourisme et de l’artisanat constituera une activité de substitution à l’économie criminelle, notamment celle relative au trafic de migrants. Par ailleurs, les investissements réalisés dans les infrastructures à l’occasion d’Agadez Sokni, serviront de base au grand retour de cette ville historique sur la scène du tourisme international.

Mes Chers Concitoyens ;

Pour qu’Agadez retrouve sa vocation touristique d’antan, il est nécessaire que la sécurité soit rétablie partout dans le pays. Le gouvernement poursuivra donc la mise en œuvre du programme de montée en puissance des forces de défense et de sécurité à travers l’accroissement de leurs effectifs, leur formation, leur équipement, ainsi que la création et l’implantation de nouvelles casernes. Le gouvernement se félicite des résultats obtenus dans le contrôle de la zone frontalière avec la Libye en rapport avec l’opération Barkhane, ainsi que des progrès réalisés par la Force Mixte Multinationale, dans le bassin du Lac Tchad dans la lutte contre Boko Haram. Par contre, la situation au Mali continue d’être une source de graves préoccupations pour nous. En effet, au mois d’Octobre dernier, trois attaques ont été perpétrées contre le Niger à partir du territoire Malien : l’attaque de Tezalit, celles de Koutoukalé et de Banibangou. La réévaluation en cours de l’opération Zarmaganda et la mise en œuvre récente de l’opération Chara, permettront sûrement de mieux sécuriser notre frontière avec le Mali.

C’est le lieu de renouveler nos condoléances aux familles des soldats tombés sur le champ d’honneur.

 C’est aussi le lieu de me féliciter de la toute récente formation du gouvernement d’union nationale qui permet de renforcer notre cohésion face aux menaces sécuritaires auxquelles le pays est exposé. Mon ambition étant de passer le témoin à un Président démocratiquement élu en 2021 après des élections démocratiques libres et transparentes, une des tâches confiées à ce gouvernement porte sur l’élaboration d’un fichier biométrique permettant d’organiser les futures élections, locales, comme générales dans des conditions qui puissent consolider la stabilité et la cohésion dont le pays a besoin.

Mes Chers Concitoyens ;

Le nouveau gouvernement, s’attèle naturellement à la mise en œuvre des autres priorités du programme de Renaissance. En particulier il est à pied d’œuvre dans l’élaboration du Programme de Développement Economique et Social 2016-2021 qui très prochainement fera l’objet d’une table ronde des bailleurs de fonds. Les ressources internes représentant une part substantielle des besoins de financement de ce plan, le gouvernement est instruit en vue du renforcement de leur mobilisation.

On s’en souvient, au cours des cinq dernières années, le Gouvernement a mis en œuvre des politiques économiques et sociales ayant permis de renforcer la stabilité de notre cadre macroéconomique et budgétaire, malgré les chocs multiformes auxquels notre pays a été exposé. Les réformes engagées en vue de la modernisation de l’économie vont se poursuivre dans le cadre du Programme de Renaissance acte II.

Ces réformes visent la modernisation des administrations, des régies financières, de leur gouvernance et des procédures ainsi que le renforcement de la mobilisation des ressources et l’amélioration de la qualité et de l’efficacité de la dépense publique.

Mes Chers Concitoyens ;

Ce vaste programme de réformes concernera notamment l’Administration des Douanes, la Direction Générale des Impôts, et la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique.

Au niveau de l’Administration des Douanes, les premières actions de réforme ont déjà permis l’adoption d’un nouveau système de comptabilisation des opérations conforme aux derniers standards internationaux, l’interconnexion informatisée de tous les principaux bureaux de douane, la mise en concession des magasins sous-douane et la création d’un guichet unique pour les formalités de mise en consommation des véhicules.

Dès 2017, il sera lancé un système de suivi automatisé des camions de transport de marchandises par tracking électronique, la connexion informatisée de la douane nigérienne avec celle des principaux pays d’accès au commerce international (Bénin et Togo) et le renforcement des capacités humaines et matérielles, ainsi que l’extension et la modernisation de certains grands bureaux, notamment celui de Maradi, afin de contribuer à une meilleure maîtrise des opérations de dédouanement des marchandises.

Par ailleurs, des instructions ont été données, afin qu’il soit mis fin à certaines pratiques et habitudes observées au niveau de l’administration des douanes qui, des années durant, ont sévèrement ralenti la mobilisation des ressources internes, privant ainsi l’Etat de recettes précieuses, qui auraient permis la construction de plus d’hôpitaux, plus d’écoles, plus de routes et plus de points d’eau, pour nos populations.

S’agissant de la Direction Générale des Impôts, les réformes porteront sur la mise en place d’un système informatisé de suivi des impôts et des contribuables (SISIC), le rapprochement de l’administration des contribuables par l’ouverture de nouveaux centres, l’extension, au niveau national, du champ des compétences de la direction des grandes entreprises et celle du contrôle, le renforcement du dispositif interne de contrôle et d’audit fiscal. De même, le Comité Arbitral de Recours Fiscaux (CARFI) entrera dans une phase active pour permettre un dénouement diligent des recours fiscaux émis par les contribuables.

Toutes ces actions seront appuyées par un renforcement des effectifs de ces administrations afin d’élargir l’assiette fiscale, notamment au niveau de la taxe immobilière.

Relativement à celle-ci, le recrutement de 300 agents d’exécution permettra de conduire de manière résolue l’indentification et le recensement de toutes les propriétés immobilières, dont l’essor est fulgurant à travers tout le pays, pour faire rentrer l’État dans ses droits.

J’en appelle à votre sens de responsabilité pour un sursaut patriotique à travers la transmission spontanée des déclarations fiscales aussi bien par les propriétaires que par les locataires.

Au niveau de la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique, les mesures visent le renforcement des procédures comptables, la mise en place d’un système informatisé de traitements des opérations, la connexion du Trésor aux systèmes de paiement modernes de la BCEAO, pour lui donner les moyens d’opérer comme une véritable banque, et la mise en place effective du Compte Unique du Trésor. Cette dernière mesure, dont le Niger est parmi les pays à l’avant-garde en la matière, vise à rationaliser la gestion de la trésorerie et contrôler l’utilisation des ressources publiques, qui sont éparpillées à travers plusieurs centaines de comptes. Elle contribuera également à donner une plus grande célérité dans le traitement des opérations financières de l’Etat.

À travers ces réformes, je suis convaincu que le gouvernement pourra assurer une meilleure mobilisation des ressources internes, ainsi qu’une meilleure efficacité de la dépense. À l’avenir, ces reformes aideront aussi l’Etat à éviter les retards dans le règlement de ses nombreux engagements. Je voudrais d’ailleurs, saisir cette occasion pour rassurer les agents de l’éducation, que des instructions ont été données afin que tous leurs arriérés de salaires soient réglés conformément aux engagements pris.

Mes Chers Concitoyens,

L’élargissement de l’assiette fiscale et l’optimisation du rendement des impôts et taxes seront accompagnés d’une gestion plus efficace et efficiente de la dépense publique.

À cet effet, le Gouvernement finalisera au cours de l’année 2017 le processus de mise en œuvre de la Loi organique relative aux lois de finances, notamment dans ses dispositions consacrant le passage au budget-programme, l’amélioration de la programmation et la budgétisation des investissements à travers la mise en place du dispositif et des techniques de budgétisation en Autorisation d’Engagement et Crédits de Paiement.

Cette modernisation de la gestion budgétaire nous permettra de rendre la politique budgétaire plus compatible et plus cohérente avec le cadre de politique de développement économique et social à moyen terme.

Elle sera également appuyée par l’élaboration de plans de passation de marchés, de plans d’engagements et de plans de trésorerie aussi bien au niveau global que sectoriel ainsi que par le renforcement de la gestion de la dette publique, à travers la modernisation des procédures et la surveillance de la soutenabilité budgétaire de la dette, et des Partenariats-Publics-Privés.

De manière spécifique, le Gouvernement s’attèle à la mise en place d’un fichier biométrique, relatif à la gestion des agents de l’Etat, des salaires, des pécules des contractuels et des bourses et allocations, afin de mettre fin à toutes les pratiques non conformes dans la gestion de ces secteurs vitaux pour notre développement. La gestion et le contrôle des marchés publics seront renforcés et modernisés à travers l’opérationnalisation du Système d’information et de gestion électronique des marchés publics (SIGMAP).

Afin de consolider les ressorts d’un développement harmonieux du secteur privé et parapublic, la mise en œuvre de la Stratégie de Développement du Secteur Financier et de la Stratégie Nationale de la Finance Inclusive sera accélérée et la gestion et le contrôle des Entreprises et Etablissements Publics seront renforcés.

Vous l’aurez compris, les réformes envisagées font une place importante à la lutte contre la corruption et au détournement des deniers publics.

S’agissant justement de la lutte contre la corruption, vous le savez, mais je ne le répéterai jamais assez, elle est pour moi une préoccupation majeure en ce qu’elle est l’indispensable levier du développement que j’ai promis au peuple nigérien. Depuis 2011, je me suis attelé à ce combat et notre pays connaît des progrès relatifs dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International. Bien qu’ayant gagné 35 rangs depuis 2011 dans ce classement, notre pays ne peut pas se contenter de la 99e place qu’il occupe actuellement. C’est pourquoi le gouvernement a soumis à l’assemblée Nationale qui l’a récemment adoptée, la loi contre la corruption, dispositif qui offre à la HALCIA un arsenal qui permettra de réaliser plus efficacement nos objectifs. J’engage donc la HALCIA, à l’utilisation de ce dispositif pour des résultats immédiats. Pour une efficacité totale du combat, particulièrement attendu par le peuple Nigérien, le gouvernement a déjà, à travers d’autres reformes, impulsé une politique pénale qui prône la tolérance zéro. En effet, le gouvernement a déjà mis en place on s’en souvient, d’autres mesures législatives et institutionnelles pour contribuer à la lutte contre la corruption. Il en est ainsi de la mise en place du Bureau Informations-Réclamations, Lutte contre la Corruption et le Trafic d’Influence dans le secteur judiciaire, de la mise en place du pole judicaire et des chambres spécialisées en matière économique et financière, de la modification de la loi portant code pénal, de la modification de la loi portant code de procédure pénal. Toutes ces réformes mettent un accent particulier sur la répression des détournements des deniers publics en alourdissant aussi bien les peines d’emprisonnement que les peines d’amende.

Mes Chers Concitoyens ;

La migration, la sécurité, le renforcement des institutions démocratiques et républicaines, les réformes économiques et financières, le rétablissement du monopole fiscal de l’État et de l’efficacité de la dépense, la lutte contre la corruption, tels sont les thèmes sur lesquels j’ai voulu vous entretenir à l’occasion du 58ème anniversaire de la proclamation de la République.  Tout en vous souhaitant bonne fête, je vous donne rendez-vous, plaise à Dieu, pour le 59ème anniversaire à Tahoua, le 18 Décembre 2017 et pour le 60ème anniversaire à Zinder, le 18 Décembre 2018.

Joyeuse fête de la République à toutes et à tous.

Je vous remercie