Roukaiyatou Ali Hamani ou l’appel à la jeunesse africaine au Panafricanisme

« Le problème de l’Afrique, c’est qu’elle est devenue un mythe que chacun reconstruit pour les besoins de sa cause »  

Ce sont là les paroles de Roukaiyatou ALI HAMANI, plus connue sous le nom de Rouki Sarkiss, jeune femme extraordinaire d’origine nigérienne dont RHA-Magazine a choisi de vous présenter le portrait.

Leader et activiste, elle se dit « Nigérienne de père et de mère mais Africaine de sang et Africaniste par idéologie ». A 25 ans à peine, Rouki Sarkiss possède un parcours des plus étonnants: ancienne Députée Junior, 1ere vice présidente du parlement des jeunes du Niger (PJN), membre du parlement francophones des jeunes (PFJ) et observatrice, membre du réseau des jeunes filles leaders de l’espace CEDEAO (ROAJELF), membre fondatrice de l’association des anciens députés juniors du Niger (AAPJN), membre de l’association des résidents Nigériens en France (ANRF), membre de l’union des leaders Africains, responsable genre adjointe du bureau exécutif national du Afrinytype/Niger et Vice présidente de l’Association d’aide aux enfants en situation difficile et de l’espoir pour l’humanité ( AVESIDEH). Diplômée en Droit Public International puis en Sciences Politiques, dans la branche du droit de Coopération et Solidarité internationale, à l’Université d’Evry Val d’Essonne à Paris, Rouki fait partie de cette génération africaine au regard plein d’optimisme et décidée à participer activement à la renaissance de son continent.

A travers ses nombreuses prises de position, elle peut être considérée comme une activiste engagée, luttant corps et âme pour une citoyenneté active et responsable. A ce jour, elle reste un modèle et une fierté pour la jeunesse nigérienne, mais également un espoir pour l’Afrique puisque la jeune femme croit fermement aux valeurs du panafricanisme.  Si la jeunesse nigérienne, patriote et républicaine, fut restée trop longtemps silencieuse, elle aura trouvé en Rouki une voix nouvelle dans le débat public, une voix qui lui soit propre et qui puisse constituer une véritable force de réflexion critique et de proposition constructive. Roukaiyatou veut convaincre et veut redonner un espoir nouveau à cette même jeunesse sous sa plume et son engagement personnel. Et cela, elle l’exprimera à la perfection dans un discours qu’elle tiendra en novembre 2016 à Tunis, au Congrès sur le Leadership Panafricain, organisé par l’Union des Leaders Panafricains, dont elle sera l’une des panélistes, aux côtés de l’orateur principal, l’activiste, écrivain et chroniqueur géopolitique Kemi Seba.

rouki2En voici un extrait:

» Je veux, par cette occasion, m’adresser à tous mes frères et sœurs d’Afrique qui sont si différents les uns des autres, qui n’ont pas la même langue, qui n’ont pas la même religion, qui n’ont pas les mêmes coutumes, qui n’ont pas la même culture, qui n’ont pas non plus la même histoire et qui pourtant se reconnaissent les uns les autres comme des Africains. Là réside le premier mystère de l’Afrique. Croyez-le que c’est cela le trésor d’espoir et d’estime de l’Afrique pendant que le bradage, la négligence, le somnambulisme et l’assoupissement aient pris un temps fou pour retarder l’intelligentsia et les jeunes que nous sommes de vivre l’avenir si lointain que nous et certains de nos ancêtres ont voulu pour ce si beau continent. Par ce thème voyez-y l’expression d’une jeunesse motivée, voyez-y une Afrique renaissante, un leadership à point nommé et un développement prenant la forme d’une durabilité certaine qui s’installe de lui-même.

Jeunes d’Afrique, ma voix n’est pas seulement celle qui convie à l’éveil et au service des discours continus, mais que ma voix, si affectueuse soit-elle, vous invite à nous aimer les unes les autres et les uns les autres, une des conditions sine qua none pour faire bloc contre une belligérance livrée à nous et à notre continent, néanmoins qui retient en elle les germes de la néo colonisation et de la nouvelle forme de servitude par un ENNEMI qui ne nous a jamais aimé. Par vous ici, j’oserais croire que le passé était un pont pour nous ouvrir les yeux et que nous apprenons à apprécier le destin que nous enchanterions pour nous et pour notre Afrique.

Un thème aussi riche que significatif, il me plait donc de vous ramener à certaines réalités d’Afrique pour comprendre par où allons-nous commencer non seulement pour sa renaissance mais surtout pour son redressement socioéconomique et la culture d’un leadership modèle qui doit être le nôtre.

Ainsi, dès lors que vous regarderiez bien en face la réalité de l’Afrique et que vous la prendriez à bras le corps, alors commencera la Renaissance africaine. Car le problème de l’Afrique, c’est qu’elle est devenue un mythe que chacun reconstruit pour les besoins de sa cause. Et ce mythe empêche de regarder en face la réalité de l’Afrique.

La réalité de l’Afrique, c’est une démographie trop forte pour une croissance économique trop faible.

La réalité de l’Afrique, c’est encore trop de famine, trop de misère.

La réalité de l’Afrique, c’est la rareté qui suscite la violence.

La réalité de l’Afrique, c’est le développement qui ne va pas assez vite, c’est l’agriculture qui ne produit pas assez, c’est le manque de routes, c’est le manque d’écoles, c’est le manque d’hôpitaux.

La réalité de l’Afrique, c’est un grand gaspillage d’énergie, de courage, de talents, d’intelligence parce que nous sommes intelligents chers amis.

La réalité de l’Afrique, c’est celle d’un grand continent qui a tout pour réussir et qui ne réussit pas parce qu’il n’arrive pas à se libérer de ses mythes. La Renaissance dont l’Afrique a besoin, vous seuls, Jeunes d’Afrique, vous pouvez l’accomplir parce que vous seuls en aurez la force. Cette Renaissance, je suis venue vous la proposer. Je suis venue vous la proposer pour que nous l’accomplissions ensemble parce que de la Renaissance de l’Afrique dépend pour une large part de la volonté de la vieille école et de l’autre de la jeunesse sur qui repose son avenir.

Nous avons des valeurs mystiques incroyables c’est l’Afrique et nous en sommes fiers, nous avons des trésors tels que le sens de l’amitié sincère, l’esprit de famille, les cultures extraordinaires qui font que malgré tout nous nous en servons pour faire revenir la paix lorsqu’une frange de terre tremble de colère par les armes. Valorisons-les, acceptons-nous et aimons nous, c’est enfin par ici que la jeunesse trouvera ses lettres d’espoir et que le leadership s’écrira en lettres d’or et le développement s’installera à l’échelle dans les tentacules de l’Afrique tout entière.

Toutefois, j’ai aimé vous ramener à cette belle manière de transmettre de mon père qui disait : ’’ cen’est pas sans appréhension que les adolescents envisagent leur entrée dans un monde qui n’est plus celui de l’enfance, de l’école, de la communauté familiale, un monde qui paraît fermé et inaccessible. Cependant, la jeunesse, c’est la période du passage entre l’enfance et l’âge adulte. Cette période a un caractère transitoire. Avant, la classe privilégiée vivait sa jeunesse, ce qui facilitait la transition. Aujourd’hui, cette phase dure peu, car les Jeunes souhaitent devenir vite adultes. Ils sont… « L’homme qui se fait ». La jeunesse est un aspect de la réalité sociale et politique d’un pays, d’une période de la vie de celui-ci. Les jeunes aujourd’hui que nous sommes vivons dans des conditions que les générations précédentes n’ont pas connues. Les relations avec les adultes, avec la société, revêtent des formes nouvelles. L’accélération de l’histoire a entraîné une évolution telle que les adultes ont du mal à suivre le rythme, alors que les jeunes s’adaptent plus rapidement aux situations nouvelles.

L’emploi des jeunes c’est la concrétisation de leur insertion sociale.Il y a une nécessité de la prise de conscience collective du problème. La grande entreprise à laquelle nous devons tous nous consacrer répond à une attente, celle des jeunes qui sont impatients d’entrer dans la cour des grands, de participer avec les adultes à la construction de la société moderne, une société fondée sur l’enracinement dans les cultures de nos pères et les acquisitions nouvelles apportées par le brassage des civilisations.

Cette attente des jeunes est aussi celle des parents, des hommes politiques et de l’administration, des cadres des mouvements de jeunesse et des associations, lesquels sont animés de l’immense désir d’aider les Jeunes. Ce grand rendez-vous est un symbole dématérialisé qui a pour tâche de satisfaire les besoins et aspirations des jeunes dans toute leur diversité afin d’asseoir au pluriel un avenir commun de l’Afrique et de ses fils.

Cette initiative chers amis, oui, a une conception dynamique et fonctionnelle qui s’oppose à la conception intellectuelle traditionnelle. Elle part du terrain de l’homme pour arriver, par la participation active aux actes liés, donc communautaires, pour arriver par l’humanisme à l’universel.

Pour finir, et si l’Afrique refusait le développement ? A vrai dire, autant cette question d’Axelle KABOU m’a fait réfléchir à outrance, autant elle m’est apparue, en dernière analyse, d’une radicalité et d’une sévérité quelque peu exagérées. Sans rien enlever à la pertinence et à l’originalité d’approche de l’ouvrage de cette éminente sociologue camerounaise, j’ose toutefois lui reprocher son apparent manque de confiance en une jeunesse africaine qui, parce qu’héritière d’idéologies et de mentalités fixistes, résignées, fatalistes et passéistes, serait dans l’incapacité de faire mouvoir le continent vers un développement durable. Alors disons oui, nous sommes là pour relever le défi et pour promouvoir la volonté et le leadership africain;  c’est aussi cela l’AFRIQUE.

J’ai aucun doute que le meilleur est à venir.

Vive la jeunesse !

Vive le retour aux valeurs positives !

Vive le développement !

Et Vive le renouveau de l’Afrique !

Je vous remercie.

Melle Roukaiyatou ALI HAMANI »

A la lumière d’un tel discours, que RHA-Magazine a tenu à saluer, on peut clairement affirmer que par sa lutte en faveur du panafricanisme, Rouki demeure  la figure tutélaire de la jeunesse nigérienne et certainement l’une des clés de voûte de la renaissance africaine au féminin.

Sources: Extrait du discours tenu lors du Congrès des Leaders Panafricains à Tunis, le 5 novembre 2016)

Ndlr: Portrait de Rouki selon les éléments apportés par messieurs Abass Nassirou et Mohammed Elhadji Attaher

Natou Pedro Sakombi, rédactrice en Chef

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