Le week-end dernier, nos yeux étaient rivés vers le Sénégal qui inaugurait le plus grand site de production indépendante d’énergie solaire en Afrique de l’ouest. Cette centrale d’une puissance de 20 mégawatts permettra de fournir l’électricité à quelques 160 000 personnes. L’Etat pourra ainsi réaliser une économie de 3 milliards de francs CFA par an. En tout et pour tout, cette centrale a coûté 25 millions d’euros et a été réalisée en 7 mois.
Le Sénégal a compris qu’il faut profiter de son ensoleillement, de produire une énergie propre et disponible. Comme tant d’autres pays. Le Sénégal construira d’autres centrales solaires pour assurer son indépendance énergétique. Qu’en est-il chez nous au Niger, pays pionnier en matière de solaire dans la sous-région ? Paradoxalement, malgré son ensoleillement exceptionnel, le Niger semble abandonner cette perspective solaire. Même le centre national d’énergie solaire (CNES, ex ONERSOL) est aujourd’hui méconnu du grand public. Seule évolution, une chaire « énergie solaire » a été créée à la faculté des sciences et techniques de l’université Abdou Moumouni, du nom du père de l’énergie solaire au Niger.
Dans la pratique, on constate un certain manque d’intérêt au solaire tant de la part des dirigeants que de leurs techniciens. Sinon comment comprendre la construction de la centrale thermique de Gorou Banda à hauteur de plusieurs dizaines de milliards FCFA, pour servir de réserve froide c’est-à-dire seulement utile en cas de coupure de l’énergie à partir du Nigeria ? En d’autres termes, tant qu’il n’y a pas de coupure au Nigeria, Gorou Banda n’est pas utile. Gorou Banda, qui a pris du temps pour sa construction et sa mise en service, a coûté cher et continuera à coûter cher au regard de la quantité de gasoil qu’il faut utiliser chaque fois qu’on voudra la démarrer. On reste malheureusement dans les vieux schémas. Les plus avertis disent que c’est un gouffre à sous pour l’Etat mais pas pour ceux qui ont conseillé de la faire. Apparemment, ils ont trouvé leur compte.
T. Bizo