Le lundi 18 juillet dernier, opérateurs économiques et transitaires ont engagé une agitation en contestation de la mise en concession des magasins sous douanes par l’Etat à Bolloré ou Niger Terminal. Cette grogne des commerçants et commissionnaires a suscité un grand débat au sein de l’opinion. Comme pour couper court à cette polémique, la Direction générale des douanes avait publié sa version des faits depuis le début de ce processus. Ce qui a permis de lever un coin du voile sur l’opacité qui caractérise ce service et la nécessité de sa modernisation. Tout se passe comme si il y a une sorte d’hostilité voire phobie de cette réforme qui va résolument booster les recettes de l’Etat. Décryptage.
Après juste un mois d’application des mesures envisagées dans le cadre de la modernisation des magasins sous douanes, les recettes de l’Etat passent du simple au double. « La généralisation de ces opérations dans l’ensemble des bureaux des douanes du pays a rendu possible la multiplication par deux des recettes dès le premier mois d’application dans certains bureaux des douanes. La Douane entend les poursuivre et elle reste convaincue que les gestions déléguées des magasins sous douane sont un facteur encore plus favorable à l’exercice.» Cette assertion émane de la direction générale des douanes qui après avoir donné sa version des faits, a bien voulu mettre en évidence le caractère inopérant du statu quo ante. En effet, selon l’exposé apodictique des faits par la direction des douanes l’on a désormais compris comment dans l’ancienne gestion des magasins sous douanes l’Etat était littéralement grugé. Il y avait comme qui dirait un deal entre opérateurs économiques, transitaires et certains douaniers (qui ont intérêt au maintien du statu quo) au détriment de l’Etat. Une preuve ?
« En effet, suite aux instructions données par la Direction Générale des Douanes, courant Juin 2016, les bureaux des douanes ont veillé à la multiplication des déchargements des camions et ils ont enregistré des résultats spectaculaires. Le cas le plus emblématique est celui relevé au Bureau des Douanes de Niamey-Rive Droite où un opérateur a déposé deux (2) déclarations en détail pour deux (2) premiers conteneurs sur les quatorze (14) arrivés au Bureau. Alors que chacune des deux (2) déclarations mentionnait 860 cartons de tomate concentrée devant acquitter 3. 600. 000 FCFA de droits et taxes, le déchargement suivi de l’inspection des conteneurs a permis de dénombrer 3 600 cartons par conteneur, ce qui a abouti à la liquidation de 12. 000. 000 FCFA de droits et taxes par conteneur. Sur les quatorze (14) conteneurs, il a pu être perçu 168. 000. 000 FCFA au lieu des 50. 400. 000 FCFA qui, autrement, auraient été encaissés. »
C’est juste un aperçu de la sale besogne des partisans de la gestion opaque et inopérante pour les caisses de l’Etat. Et comme pour noyer le poisson, ceux qui se servent au détriment du peuple n’ont qu’un seul leitmotiv : le bradage des magasins sous douanes à une société étrangère notamment Bolloré Terminal. Très hostile au changement (pour suivre le rythme du monde), ces opérateurs économiques et transitaires avec la complicité de certains agents des douanes s’enrichissent sur le dos de l’Etat pendant que ce dernier s’appauvrit et par conséquent se voit spolier et détourner des ressources qui lui permettent de faire face à ses charges régaliennes. Pourtant eux (opérateurs économiques, transitaires et leurs complices) se tirent d’affaires. Voilà pourquoi la fonction de transitaire est l’une des plus florissantes. Et voilà pourquoi également les douaniers qui ont le sens des affaires (pardon de l’affairisme) se battent énergiquement, prêts à tout pour se retrouver aux magasins sous douanes. Leurs hauts faits sont désormais connus. Le roi est nu.
L’on a suivi à travers les déclarations des syndicats des commerçants et des transitaires dans des débats contradictoires. Le veut des citoyens est que leurs préoccupations objectives puissent être prises en compte. A l’Etat ou ses représentants de savoir faire respecter les engagements du partenaire Bolloré Terminal sur toute la ligne tout en rassurant ses partenaires naturels que sont les opérateurs économiques et les commissionnaires dans le strict respect l’intérêt de l’intérêt général. Il faut savoir s’arrêter quand ça ne va pas et prendre les mesures idoines. Ce n’est qu’un truisme : durant la première législature de la 7ème République, les recettes douanières étaient décevantes et inconsistantes. C’est justement ce souci d’amélioration continuelle dans l’optique d’atteinte de l’ambitieux programme de la Renaissance que cette modernisation des magasins sous douanes est envisagée.
Et selon les autorités compétentes, notre pays est à la traine : nulle part au monde les services des douanes ne sont gérés de manière hasardeuse et informelle qu’au Niger. On n’arrête pas le progrès, dit-on. Et il faut surtout savoir sacrifier à l’intérêt supérieur de la nation. Autant dire que l’opacité et les passes droits au niveau des magasins sous douanes ont vécus. L’Etat a décidé de mettre un terme au tâtonnement et au gâchis en fixant des objectifs performants à la douane nigérienne qui a un rôle angulaire pour la satisfaction des besoins fondamentaux des nigériens tels que circonscris dans le programme de la Renaissance du Niger.
Et dans ce sens nous disons dans le sillage de Rousseau que l’intérêt d’un individu particulier (ou de quelques-uns) étant presque certainement en contradiction avec l’intérêt général d’où la nécessité de maitriser la démesure pour que triomphe l’intérêt général. Et ce, parce que l’expérience le prouve : il n’y a pas de paix ni de sécurité lorsqu’on bafoue l’intérêt général. En un mot comme en mille, ce principe doit être entendu comme tel par les opérateurs économiques, transitaires et Niger Terminal (Bolloré). Autrement, ce n’est pas pour demain la sortie du Niger de l’ornière.
Elh. M. Souleymane