Comme dans tous les pays de la sous-région, c’est de l’écœurement que nous inspire l’affluence des sexagénaires, certains arrivés dès l’aube, se bousculant devant les guichets des paieries pour percevoir leurs pensions. Pour améliorer la prestation de ces paieries et dans le cadre de la réforme administrative, le régime actuel a décidé de la création d’une caisse providentielle, la Caisse Autonome des Retraites du Niger (CARENI) à laquelle seront transférées les attributions de l’actuel Fonds National des Retraites et qui viendra pallier le système pas très performant et aux antipodes des normes modernes.
Cette décision n’est pas seulement une manifestation de la volonté des autorités en vue d’améliorer les conditions de vie de nos aînés mais c’est qu’il s’agit surtout d’un acte hautement social. Mais pour ne pas bâtir sans édifier au préalable une solide fondation, l’Etat a initié des voyages d’études à l’extérieur pour se référer aux expériences des autres, et des missions à l’intérieur du pays pour faire l’état des lieux. Les résultats se sont avérés très concluants pour un changement du plateau existant. Les causes de cette sorte de précarité rendant très peu reluisante la vie des retraités sont liées au bas niveau des retenues pour pension auquel s’ajoutent le mode de calcul, l’insuffisance des guichets et surtout la trimestrialisation des pensions. La nouvelle méthode, renforcera la protection sociale des sexagénaires civils, militaires ou paramilitaires et permettra, au cours de l’évolution de l’institution, la mensualisation des pensions dont le principe a été demandé et obtenu par les travailleurs à travers leurs centrales syndicales. Quand ce ne sont pas des avances sur pensions qui viennent réduire leur pouvoir d’achat, c’est la lenteur dans le traitement des dossiers qui s’invite dans la dance et plombe ainsi leur progression. Ces dossiers qui, une fois déposés après tous les gros ennuis qui les entourent (les frais de taxi, la montée des escaliers dans les services concernés, la fatigue), se heurtent au délai de délivrance des livrets, un nouveau parcours du combattant pour des hommes et des femmes qui se battent contre les rhumatismes, le diabète, l’hypertension et j’en passe.
Or, le Statut général de la Fonction publique laisse entrevoir qu’aucun agent n’aura plus à se démener comme un beau diable pour fournir un dossier. L’Administration se fait le devoir de lui ouvrir un dossier individuel qui doit contenir toutes les pièces intéressant sa situation administrative et matrimoniale et que ces pièces doivent être inventoriées, numérotées et classées sans discontinuer. Une mise à jour générale, ou tout au moins pour ceux qui sentent le moment du repos mérité arriver à grands pas, s’avère nécessaire par le Ministère concerné.
Si nous sommes actuellement en plein dans la période de mise à jour, nous nous permettons de faire un coup de chapeau donc au service chargé de cette lourde tâche ; dans le cas contraire, ce service logé dans le sous-sol de l’ancien Ministère de l’Elevage doit se mettre à la tâche pour rattraper le chemin perdu parce que le soulagement tant attendu devait commencer par-là.
Chacun s’est donc permis de croire à cette assurance puisque l’article 15 la loi No 2012-69 du 31 décembre 2012 créant la CARENI stipule que dans un délai de transition n’excédant pas trois ans, et en attendant la mise en place effective des organes d’administration de l’établissement et l’adoption d’une nouvelle réglementation, la pension des fonctionnaires visés à l’alinéa premier de l’article 3 est concédée , liquidée et payée conformément aux textes antérieurs.
Le programme étant connu, pas besoin donc de bousculer les autorités afin qu’elle commence par désintéresser ceux-là qui ont trimé des années durant et pour qui la certitude renaquit à lors de l’installation en grande pompe du Directeur Général, mais dont l’impatience s’est amplifiée depuis l’adoption du Décret No 2014-490/PRN/MFP/RA/MF du 22 juillet 2014, portant approbation de ses Statuts .
Patience, donc pour nos anciens ! Il ne leur reste plus que quelques longs mois pour sortir de cette position de victimes à vie, aider l’Etat à couper l’herbe sous le pied de leurs impitoyables usuriers, et s’arracher définitivement des griffes de ces ogres insatiables.
Le suspens trouvera son épilogue et ils diront bientôt adieu à ces prêts en espèces ou en nature, à très fort taux de remboursement et qui leur sont dédaigneusement remis sous prétexte d’avoir pitié d’eux, après avoir hypothéqué leurs livrets. Ce ne sera plus qu’un lointain souvenir dont ils parleront avec cette profonde douleur d’avoir été spoliés des années durant par des gens qui ne devaient avoir aucun contact avec ce qu’ils gagnent. L’Etat a décidé de protéger les personnes âgées et il le fait du mieux qu’il peut, cette institution sera à coup sûr d’un apport considérable dans ce sens.
Après la revalorisation de la pension, peuvent espérer vivre de nombreuses années encore en se faisant du sang neuf. Nous voudrions nous convaincre de fait que la Direction Générale est en train de préparer activement la viabilité de l’institution pour renflouer ses caisses avant le démarrage effectif de ses activités, par un fonds de démarrage versé par l’Etat ou toutes autres ressources prévues par la loi. Mais avant, elle doit communiquer, quitter le clair-obscur actuel pour informer de temps en temps les vieux partis et ceux en instance de départ ainsi que les syndicats, de l’évolution régulière de la situation.
Ce qui nous intéresse le plus est de savoir si le renflouement de la caisse et le transfert des attributions ont effectivement débuté pour ne pas donner raison à ceux qui n’y avaient pas cru. Il va falloir jouer aussi transparent que possible pour la concrétisation d’une si importante œuvre que certains qui n’ont aucune envie de voir réussir, tout comme ils n’ont pas le souci de voir les réformes progresser dans le sens d’une modernisation de l’Etat. Le vœu le plus cher de ces irrécupérables qui interprètent tout de travers, étant de voir tout sombrer et rire sous cape.
Augmenter ainsi la chance de ceux qui en rajoutent de manière intempestive de ravaler leur déroutante réputation de souffleur sur les braises. Et ne pas faire face à la grogne et aux cannes des papis et des mamies parce que lorsqu’ils se fâchent… On pourra, en se basant sur l’espérance de vie du nigérien en nette hausse, lorgner une nouvelle fois sur une augmentation de l’âge légal de départ à la retraite actuellement de 60 ans ou, pourquoi pas, instituer un nombre d’années de cotisations effective d’au moins 40 ans pour prétendre aller à la retraite. Les agents ayant fait de longues études seront peut-être pénalisés, mais il y aura toujours un moyen pour équilibrer. C’est tentant de cotiser sur une plus longue durée ou de verser une cotisation plus élevée pour gagner une pension plus consistante !
Pour faire oublier les tensions de trésorerie, la nouvelle réglementation se doit de privilégier une sensibilisation des agents à travers leurs représentants que sont les centrales syndicales en vue d’un rehaussement des retenues pour pension concernant les agents et de la contribution de l’employeur versée par l’Etat. Il nous semble que ce rehaussement s’est déjà concrétisé à la CNSS. Nous devons y croire fermement et aider au succès de la CARENI puisque tout agent ira tôt ou tard grossir les rangs. La panacée étant disponible, l’espoir ne doit pas s’amenuiser, les jalons étant posés pour que la psychose de la retraite se transforme en plaisir de bien vouloir céder les postes aux enfants et aux petits-fils.
Innocent Raphael (Le Républicain No 2082)