Une autre lecture du dispositif ‘’sécurocrate’’ du président Issoufou

La formation du premier gouvernement de la 2ème législature de la 7ème République continue de susciter encore surprise et intrigue au Niger comme à l’extérieur. « Mahamadou Issoufou mise sur le tout-sécuritaire », c’est le titre de ce confidentiel de la Lettre du Continent que Niger Inter reprend ici. No comment.

Fort de l’essoufflement de la Coalition pour l’alternance 2016 (COPA), le chef de l’Etat continue de durcir sa politique. Réélu en mars au terme d’un scrutin contesté et craignant toujours des débordements, Mahamadou Issoufou a recomposé son staff sécuritaire. Le 17 mai, la direction de son cabinet militaire a été attribuée au général de brigade Ibrah Boulama Issa. Spécialiste des transmissions et des écoutes – utile dans le contexte actuel –, celui-ci travaillera en tant que chef d’état-major particulier en binôme avec le patron de la garde présidentielle, le colonel-major Abdourahmane Tchiani. Aide de camp du président nigérien depuis l’arrivée au pouvoir de ce dernier en 2011, Ibrah Boulama Issa a été promu général de brigade fin avril. Derrière ce premier cordon sécuritaire, Mahamadou Issoufou qui s’est offert une superbe Lexus blindée a confié le ministère de la défense à Massoudou Hassoumi, fidèle parmi les fidèles, et au général Ibrahim Waly Garinkama, son ancien chef d’état-major particulier.

Autre signe de raidissement, le ministère de l’intérieur a été confié à Mohamed Bazoum. Patron du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir), ce dernier est réputé pour son intransigeance à l’égard de certains opposants, dont Hama Amadou, exilé à Paris la veille du second tour de la présidentielle (LC nº725). Ce dispositif est chapeauté par le directeur de cabinet civil depuis 2015, Mahamadou Ouhoumoudou, originaire de Tahoua (nord-ouest) comme le chef de l’Etat.

A peine installée, cette nouvelle équipe a déjà sévi. Trois interdictions de manifester à Niamey ont déjà été décrétées en avril contre le collectif Résistance citoyenne. Celui-ci regroupe une quarantaine de structures issues de la société civile. Il est emmené par Moussa Tchangari et par Ali Idrissa. Mahamadou Issoufou maintient la pression en matière de lutte anti-terroriste. L’état d’urgence a été reconduit jusqu’au 28 juillet dans la région de Diffa, périmètre où sévit toujours le mouvement Boko Haram. En collaboration avec ses partenaires, la présidence a aussi décidé de renforcer la présence des troupes étrangères actuellement déployées sur le sol nigérien, à commencer par les forces françaises et américaines, au grand dam de l’opposition.

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