En parcourant les onze axes du programme de « Renaissance II », mais aussi ses huit priorités qui consistent à « promouvoir la renaissance culturelle; poursuivre la consolidation des institutions démocratiques ; assurer la sécurité des personnes et des biens; garantir l’accès à l’eau pour tous; assurer la sécurité alimentaire à travers les 3N; développer les infrastructures de communication et énergétiques; développer les secteurs sociaux : éducation et santé; promouvoir l’emploi des jeunes », on se demande, si une des priorité du nigérien moyen, qui est la question d’accès au logement ou la cherté du loyer n’a pas été oubliée.
Peut-être que la Déclaration de Politique Générale du premier ministre attendue dans les prochains jours a pris en compte cette préoccupation fondamentale pour la majorité des Nigériens, qu’est le problème d’accès aux logements ou la cherté des loyers. L’on sait que le président de la République envisage la mise en place d’une banque de l’habitat. Verra-t-elle vraiment le jour cette initiative ? Et, permettra-t-elle aux locataires se libérer du « joug » de la location, et des diktats des propriétaires des maisons ? Jusque-là les programmes de logements sociaux annoncés ou ceux timidement réalisés n’ont pas changé la situation.
Aujourd’hui, trouver un logement dans les villes nigériennes s’apparente à un véritable parcours de combattant. Et, lorsqu’on en trouve les prix des loyers sont difficiles à supporter. En effet, dans les centres urbains où la demande en logement est de plus en plus forte, les prix des loyers ont atteint des cimes du fait du désir effréné des « marchands du sommeil » de faire beaucoup de profit. À Niamey, des maisons dont les frais de location étaient de 60.000 francs CFA il y a trois ou deux ans, sont louées aujourd’hui presque au double de ce montant. Certains bailleurs exigent jusqu’à 150.000 francs CFA de loyers pour une maison de trois pièces. Les chambres appelées communément appelées « célibatérium (NDLR, chambre + salon), dont la location était de 15.000 francs CFA ont vu aussi leur prix monter du simple au double, voire plus. Et, pour un prétexte ou un autre les propriétaires de ces maisons de location peuvent mettre le locataire dehors sans préavis au détriment de ses droits.
Même les locataires qui sont dans ce qu’on appelle « les logements sociaux », ne sont pas à l’abri des augmentations unilatérales des prix de loyers. Il y a quelques mois, le président de Réseau des Associations des Consommateurs du Niger(RASCONI), M. Moustapha Kadi Oumani rapportait qu’il a été saisi par les clients d’une Société de la place qui se plaignent d’une augmentation de frais de loyers. « J’ai officiellement écrit au ministère en charge de l’urbanisme pour l’informer du problème relatif à une forte augmentation des frais de loyers qui oppose des locataires à la société en question, pour que des discussions soient ouvertes en présence du RASCONI afin d’aboutir à une solution consensuelle », a témoigné le président du RASCONI.
Les nombreuses associations de la société civile, sont très peu actives face à cette situation de plus en plus intenable, qui concerne pourtant la majorité des nigériens vivant dans les villes les problèmes auxquels sont confrontés les locataires. Dans leur désarroi, les locataires ont l’impression d’être seuls face à leur sort. Certains défenseurs des droits des consommateurs reconnaissent n’avoir pas assez de pouvoir face à la situation. Pourtant, le Niger dispose d’une politique nationale en matière d’habitat adoptée par la loi 98 – 54 du 29 décembre 1998, et une stratégie nationale de développement urbain adoptée par le gouvernement en octobre 2004. Il y a eu aussi depuis 1996 l’adoption de l’ordonnance portant code des baux à loyers qui a pour objectif de codifier les rapports entre bailleurs et locataires. Cette loi donne certaines garanties aux locataires, mais elle n’a pas pour vocation de fixer de façon unilatérale les coûts des loyers.
Cependant, d’un point de vue pratique ces dispositions, ne sont pas d’un grand secours, pour les locataires des maisons. C’est justement concernant cette question des prix que le président du RASCONI estime qu’il est urgent de mettre en place la commission nationale devant statuer sur les frais des loyers conformément à la loi. Peut-être que le nouveau gouvernement de « Renaissance II », répondra à cet appel. Un défi pour le ministre des domaines et de l’habitat, son homologue de la Ville et de la Salubrité Urbaine, l’ensemble du gouvernement, et aussi les députés nationaux. Des mesures concrètes face aux problèmes de logement et de loyers pourraient avoir autant ou plus d’effets bénéfiques pour la majorité des nigériens que l’opération « mai boulala », cette démarche d’assainissement des affaires publiques qui marque le début du deuxième mandat du président Issoufou Mahamadou.
Abou Saïd