L’équipe gouvernementale « Brigi 2 » est connue depuis le début de la semaine, soit exactement dix jours après l’investiture du Président Issoufou pour un second mandat à la tête du Niger. Elle compte 40 membres et peu de surprises : le PNDS Tarayya et le MPR Jamhuriya en constituent l’ossature ; les fidèles compagnons de lutte du président (Bazoum, Foumakoye, Massoudou, Ouhoumoudou, Sidibé, Mme Kané) y occupent le premier rang ; les partis nouveaux et alliés y sont représentés d’abord par leurs chefs (Albadé Abouba, Ibrahim Yacouba, Laouan Magagi, Mohamed Ben Omar, Omar Hamidou Tchana, Salissou Habi,) ; une quinzaine de membres de l’ancienne équipe, dont de vieux ténors de la vie politique, comme Wassalké Boukary et Alma Oumarou, reviennent une énième fois « aux affaires ».
C’est donc un gouvernement très politique qui vient de (re)voir le jour, une option dictée par les péripéties de la vie politique de ces dernières années, marquées -paradoxalement sur fond de volonté de réunir du président- par la rupture en 2013 avec le parti MODEN FA Lumana, l’éclatement de cette même formation et du MNSD, ayant donné naissance à de nouveaux partis (MPR Jamhuriya, AMEN Amin, ADN Fusaha), qui ont pu tirer leur épingle du jeu lors du scrutin législatif du 21 février 2016 ; l’ancrage politique du gouvernement est renforcé par l’arrivée sur la scène de « jeunes loups aux dents longues », qui se sont émancipés de leurs anciennes structures pour ne plus avoir à acheter le poisson pêché dans leur rivière : Kassoum Moctar (CPR Inganci), Ibrahim Yacouba (MPN Kishin Kassa) et Mohamed Ben Omar (PSD Bassira) sont de ceux-là.
Avec 40 ministres, le gouvernement « Brigi 2 » est considéré comme pléthorique par nombre d’observateurs ayant l’œil sur nos voisins, beaucoup plus mesurés dans la taille du gouvernement. Mais, c’est aussi cela la rançon des alliances multiples et de la volonté de réunir. Malgré tout, et c’est peut-être cela un de ses points forts, ce gouvernement fait appel à du sang neuf, en comptant une dizaine de « plus ou moins » jeunes.
Et l’efficacité dans tout cela ? Si elle ne transparaît pas de l’ensemble de l’équipe (attendons de les voir à l’œuvre), il reste que certains ministres ont déjà eu l’occasion de faire la preuve de leur loyauté et de leur compétence ; si l’on ne s’explique pas par exemple que les domaines de l’Etat soient confiés à quelqu’un qui est « mouillé » dans ce…domaine au point d‘avoir sé- journé en prison, ou encore la nuance entre le ministère de la Ville et celui de l’Urbanisme, il n’y a par contre aucun problème à considérer que l’ensemble se tient ; si quelques bons militants et technocrates engagés doivent encore ronger leurs freins parce que leur parti a de sérieuses difficultés à renouveler sa classe « ministérielle », ce n’est qu’une question de temps. Et si le gouvernement semble beaucoup plus politique que technique, c’est sans doute parce que les prochaines années seront très politiques : en effet, on ne sait quelle mauvaise surprise prépare l’opposition politique, qui a déjà annoncé durement les couleurs, en disant ne pas reconnaître les résultats des élections passées et les institutions qui en sont issues.
Les cinq prochaines années seront encore très politiques, avec le départ prévisible de la scène publique des grosses pointures que sont Brigi Rafini, Seyni Omar, Hama Amadou, Mahamane Ousmane, Cheffou Amadou, Hamid Algabit, Akoli Daouel, Moussa Moumouni Djermakoye, Sanoussi Jackou et Issoufou Assoumane. Last but not least, ces années seront celles qui verront s’engager les manœuvres pour la succession de Issoufou Mahamadou, tant à la Présidence de la République qu’à l’investiture du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS).
Maï Riga ( Le Républicain du 14 Avril 2016)