Confraternité oblige, j’exprime toute ma compassion pour l’état d’esprit dans lequel se trouve notre confrère Abba Seidik. Il y a quelques mois, je l’ai suivi sur Niger Voice, la radio « conférence call » des nigériens aux USA. J’observe simplement que Seidik Abba développe une sorte d’obsession ou panique sur la prétendue surveillance de ses activités en France par les services de renseignement pour le compte des autorités nigériennes.
Abba Seidik joue-t-il à la victimisation ? C’est du moins ce que son propos laisse croire tout lecteur averti : « Rien n’y a fait, une campagne hostile, suscitée par le pouvoir, a dénoncé ma « trahison ». Au fil des semaines, plusieurs de mes contacts dans les cercles du pouvoir ont coupé les ponts. Un officier de police, expert du renseignement, m’a appelé pour me dire que toutes mes communications étaient surveillées par les services français et leur contenu transmis au pouvoir nigérien. »
Ce serait un peu naïf de s’abaisser à ce point lorsqu’on ne se reproche rien et on est droit dans ce que l’on fait. Du moins je ne vois ni d’esprit ni d’élégance dans cette manière de vouloir convaincre l’opinion.
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«Au départ, je n’ai pas pris tout cela très au sérieux. Je croyais qu’il ne s’agissait que d’un phénomène très ponctuel et certes pas de la surveillance régulière de mes appels et de mes e-mails. Puisque tel est le cas, j’ai pris la décision de porter plainte contre X à la fin de ce mois. De même, j’ai l’intention de saisir Reporters sans frontières et le Syndicat national des journalistes, dont je suis adhérent. » N’est-ce pas une mauvaise stratégie lorsqu’on a envie de poursuivre ses inquisiteurs que de se répandre maladroitement sur la presse ?
A la vérité depuis qu’Abba Seidik avait commencé a exprimé son martyr face au régime d’Issoufou, nous étions très curieux de comprendre la situation. En effet, à plusieurs reprises nous avions apostrophé certains responsables à propos de ce confrère qui honore le Niger dans l’hexagone.
Mais aussi nous avions suivi les actes et choix professionnels de Seidik Abba. Et notre constat est très amer : en quittant Jeune Afrique, Seidik Abba est présentement rédacteur en chef de Mondafrique. Il suffit juste pour les curieux d’aller sur ce journal en ligne, parcourir son contenu sur le Niger pour se faire une idée que même si Seidik Abba est innocent, le régime a de bonnes raisons de le soupçonner d’intelligence avec ses pourfendeurs. Qui plus est, l’on ne peut être rédacteur en chef d’un organe de presse et prétendre être irresponsable de son contenu.
Et quoi de plus normal pour un régime de se renseigner sur tout ce qu’il estime nécessaire de surveiller pour la paix et la sécurité intérieure. L’américain Edouard Snowden dont le pays est réputé être une grande démocratie, n’a pas eu droit de cité lorsque les autorités de son pays avaient estimé que ses agissements étaient de nature à mettre en péril les USA.
C’est dire simplement que notre confrère Abba Seidik doit se ressaisir et assumer ses choix. Certes il faut déplorer l’atteinte contre le principe de la liberté d’expression mais ici le débat c’est de savoir si les pays, dont les Occidentaux, sont-ils prêts à renoncer aux renseignements sur des personnes ?
Si en Occident même les chefs d’Etat ou de gouvernement n’échappent pas à la surveillance policière par d’autres pays dans leur quête de renseignement, je me demande qui pourrait être à l’abri ? Autant dire qu’Abba Seidik doit assumer ses choix. La victimisation ne disculpe personne qui essaie de prendre de liberté avec certains principes. Cela est bien connu au Niger. Et notre histoire récente est assez riche d’enseignement dans ce sens.
EMS