L’opposition politique regroupée au sein de la COPA 2016 serait-elle enfin visitée par la raison ?
C’est ce que l’on était tenté de croire en entendant lundi soir au sortir d’une rencontre avec le Premier ministre, un de ses porte-flambeaux, Maman Sani Malam Maman. Celui-ci a tenu des propos modérés et apaisants, loin du discours va-t-en guerre auquel nous a habitué Ousseini Salatou, le porte-parole sans militants de partis qui eux en ont.
Maman Sani a parlé de patriotisme et de paix, toutes choses dont son camp s’était éloigné ces derniers mois, en usant de tous les moyens légaux et illégaux pour déstabiliser le régime du président Issoufou, discréditer les institutions de la République, « amalgamer » les dossiers judiciaires de ses ténors avec l’agenda politique national, empêcher la tenue des élections présidentielle et législatives de février et mars 2016 ou ne pas y aller. Comme Dieu aime le Niger plus que l’opposition, toutes les difficultés ont été surmontées :
les élections se sont déroulées dans le calme et leurs résultats proclamés, avec une appréciation générale positive des observateurs du monde entier, dont les Nations unies, l’OIF, l’Union africaine et la CEDEAO. Seule au monde, notre opposition n’était pas satisfaite de ces élections. Mais, ainsi que nous l’écrivons au début de ces lignes, elle semble adopter une attitude plus digne des hautes responsabilités que ses dirigeants ont eues dans ce pays.
Si son ton a semblé conciliant lundi, l’opposition n’en a pas moins fini avec ses contradictions internes et ses divergences profondes car, le même jour, la COPA 2016 a rendu publique une déclaration dans laquelle elle revient sur son exigence d’une période de transition.
Une transition, comment et pourquoi ? Les dirigeants de la COPA étaient parties prenantes à l’organisation des scrutins jusqu’au premier tour, en tant que candidats et membres des instances chargées des élections. Ils ont jusque récemment participé à toutes les discussions au titre du dialogue politique et désigné leurs élus à l’assemblée nationale. De fait, leur seule insatisfaction réside dans leurs résultats à l’élection présidentielle, parce qu’ils ne l’ont pas remportée. Faut-il annuler des élections et ouvrir une période de transition parce que quelqu’un n’a pas gagné ? Quelqu’un qui de surcroît a appelé ses militants à ne pas aller voter ? Plus qu’irréaliste, l’exigence de l’opposition est surréaliste et sort du domaine de la raison.
Souhaitons donc, pour nos compatriotes de la COPA 2016, un retour progressif à la raison. Et la raison, c’est se départir des surenchères politiques et de considérer que le pouvoir auquel l’on aspire se conquiert loyalement par les urnes et non par leur rejet ; c’est accepter que l’on a commis des erreurs tactiques et stratégiques (comme abandonner les militants pendant cinq ans, et s’en souvenir seulement la veille des élections, ne pas faire campagne, ne pas promouvoir un candidat apte à battre campagne, ou encore appeler au boycott du deuxième tour), qui ont probablement profité à l’adversaire.
Malgré les voix quelques fois discordantes de ses propres « coquilles vides » (Ousseini Salatou), l’opposition n’a d‘autres choix que ceux de reconnaître que Issoufou est élu et bien élu, de prendre sa place au sein de l’hémicycle (avant que ses députés l’y contraignent) et d’aller vers le dialogue. Pour elle, c’est l’unique voie de l’honneur (ou ce qui en reste) et du salut. Hors de cette voie, elle ne dispose d’aucun soutien, ni à l’intérieur ni à l’extérieur. Hors de cette voie, elle est vouée à la dislocation et à la disparition.