La campagne électorale pour le premier tour de l’élection présidentielle couplée aux législatives s’est achevée hier Vendredi à 11 h 59 mn heure de Niamey. Mais les partisans des différents candidats et formations politiques continuent de “jouer les prolongations” sur les réseaux sociaux, notamment Facebook, Twitter et Whatsapp . On s’ attend à suivre en direct demain le déroulement du vote dans les différents coins du pays et à coup sûr la proclamation des résultats via les médias sociaux.
Pour la première fois dans l’histoire démocratique de notre pays, les réseaux sociaux ont joué un rôle très important dans l’amélioration de l’image de marque des différents candidats et partis politiques. Et on a quasiment assisté en direct à la dispersion par les forces de l’ordre du meeting au siège du FA Lumana, à l’arrestation à Maradi de l’homme d’affaire et responsable du MPN-Kiishin Kassa M. Sani Atiya et au gigantesque méga meeting du président Mahamadou Issoufou au Stade Général Seyni Kountche de Niamey.
C’est aussi grâce aux médias sociaux qu’on a découvert le jet privé de campagne, frappé du sigle MNRD-Hankouri de l’ancien président M. Mahamane Ousmane. Jamais, les médias sociaux n’ont aussi été utilisés dans une campagne électorale au Niger comme en cette année 2016. A voir comment la bataille des publications fait rage sur les réseaux sociaux, on a l’impression que tout se joue sur le web.
Pour les journalistes et hommes de médias, les différentes publications ont été de véritables mines d’informations. Tout ou presque est au bout du clic. Mais quel est l’impact de tous ces postings ?
”L’impact est réel et serait plus sensible au niveau de la diaspora éduquée et au profit des candidats actifs sur les réseaux sociaux principalement M. Issoufou Mahamadou, M. Hama Amadou et Ibrahim Yacouba. Malheureusement les jeunes et citadins qui en sont grands utilisateurs sont abstentionnistes. Je pense franchement que ça ne va pas impacter pour plus de 2% les votes” a expliqué M. Adamou Mahaman Laouali, ancien responsable d’Airtel-Niger et Sahelcom, actuellement Président Directeur Général pour le Niger et le Burkina de EATON TOWERS (une société d’infrastructures de télécommunications anglaise créée par les fondateurs de Celtel) basée à Ouaga
“Seulement les réseaux peuvent servir de relais pour animer les contestations ou troubles car même 5000 personnes déterminées peuvent bousculer une autorité” précise-t-il, contact par Kakakiniger.net.
Il y a quelque mois, les autorités nigériennes avaient justement interrompu les réseaux sociaux durant quelque jours pour tuer dans l’œuf les manifestations des partisans de l’ancien président de l’Assemblée Nationale M. Hama Amadou, arrêté à Niamey dès son retour d’exil parisien.
”Whatsapp en particulier a joué un rôle déterminant dans la coordination, l’échange de l’information et de la rumeur en temps réel entre les structures des partis politiques.C’est l’outil de prédilection des nigériens car on n’a pas besoin de savoir lire ou écrire pour l’utiliser. Les messages sont principalement vocaux, images ou vidéo” indique pour sa part Ali Dan-Bouzoua , fonctionnaire internationale et spécialiste dans l’internet qui estime que cet outil va servir d’outil de monitoring des élections sous réserve que les autorités ne le censure pas encore une fois.
“Facebook par contre a permis un dialogue de haut niveau, argumenté et documenté entre les nigériens d’horizons divers d’une part et d’autre part entre adversaires politiques, ce qui n’est pas possible ailleurs à cause du clivage politique. Il sert probablement aussi de baromètre à nos gouvernants, certains discours politiques légers n’ont pas tenu la route” ajoute-t-il
“Facebook permet en fin à nos dirigeants d’avoir un aperçu de ce que la presse internationale en particulier pense de ces élections. On remarque que nos gouvernants sont sous-informés, peut être que leurs conseillers filtrent les articles qui leurs paraissent très critiques, mais largement diffusés sur internet” conclut M. Dan-Bouzoua.
Au total, il est désormais clair qu’entre les nigériens et les médias sociaux, il y a une véritable histoire d’amour qui n’est pas prête de s’achever de si tôt, surtout pas en période eélectorale.
Maaroupi Elhadji Sani