En marge de la fête tournante Maradi Kolliya, le ministère du Tourisme vient d’inaugurer le village touristique de Madarounfa. Cette initiative vise à promouvoir le tourisme religieux. Cet article se veut un survol sur Madarounfa et ses potentialités touristiques.
Madarounfa. La cité des saints. Cette agglomération de 449 906 habitants, située à 35 km au Sud de la région de Maradi et faisant frontière avec le Nigeria est un centre on ne peut plus historique. Etendue sur 3 773 km2, le département de Madarounfa est une zone très propice à l’agriculture, l’élevage, la pêche et l’artisanat. Madarounfa dispose sans conteste des potentialités touristiques inexplorées.
Cette cité de 99 saints vient de bénéficier de la construction d’un village touristique grâce à l’initiative du programme Maradi Kolliya. Ce village érigé au bord du lac se compose de deux mosquées, 30 Bungalows et un restaurant d’une capacité de 50 places au bord du Lac Madarounfa, intarissable de Janvier à Décembre.
Le lac Madarounfa et ses 99 saints
Entre la légende et l’histoire autour du Lac Madarounfa, il y a bien de quoi émerveiller l’esprit. Selon la légende, l’histoire du lac de Madarounfa remonterait du vivant du prophète de l’islam qui aurait indiqué à un groupe de ses compagnons la destination de leur lieu de périple.
Rabe Garba, un sage de Madarounfa raconte : « Les saints de Madarounfa viennent des lieux saints de l’islam en mission commandée par le prophète Mohamed SAW. A leur arrivée, un jour avant la prière d’asr, une sainte jeune fille du nom de Saâdatou fut envoyée pour chercher de l’eau pour les ablutions dans un contexte de pénurie d’eau. Lorsque Saâdatou entendit le muezzin appelé à la prière, elle demanda à Allah de la pourvoir d’eau pour permettre aux saints de se purifier et prier. C’est ainsi que miraculeusement Saâdatou a vu cette eau jaillir à cette place sur le lit du lac actuel de Madarounfa. »
Quant au nom Madarounfa, composé de Mada et de Rounfa, dériverait selon Rabe Garba à un couple de chasseurs. Le mari s’appellerait Mada et chaque fois qu’on demande d’après lui, sa femme répond qu’il serait sur le rounfa (hangar en paillote). D’aucuns racontent que Rounfa serait même le nom de la femme de Mada ce qui donnerait MADAROUNFA. »
L’imam de la grande mosquée de Madarounfa, Aboubacar Sani dans son récit confirme l’origine islamique de certains faits. Il soutient rigoureusement qu’il n’y a aucun doute que les premiers saints étaient des compagnons du prophète de l’islam.
On peut lire sur un aperçu de l’histoire de 99 saints : « Pour l’histoire, les tombeaux des saints remonterait à l’époque du prophète de Mohamed (PSL). Les trois principaux parmi les saints sont : Jajikarka Ouma, Maaroufoul Kalfi et Sabitoul Banani. Dans leur périple, ils s’installèrent au Nord du Lac. Le maître s’appelle Jajikarka Ouma, il habitait dans la ville de Médine et aimait voyager à travers le monde. Il quitta Médine pour des années. Avant que le prophète Mohamed ne décède, il laissa une consigne à sayidina Aboubacar (compagnon du prophète) : « voici 1000 dinars à remettre à Jajikarka Ouma une fois de retour pour qu’il prie Dieu afin que le monde reste en paix 1000 ans après ma mort. Ces trois saints cités ci-haut donnèrent la descendance des 99 saints du département de Madarounfa à l’image des 99 grains du chapelet » (extrait du Dossier de presse Maradi Kolliya).
Madarounfa, point inaugural du tourisme religieux
L’initiative des autorités en créant le village touristique de Madarounfa consiste à promouvoir le tourisme religieux à travers le pays. Il s’agit entre autres objectifs spécifiques : accroitre la visibilité du Lac et tombeaux des saints du département de Madarounfa ; promouvoir pour la première fois au Niger le tourisme religieux ; contribuer à la modernisation du département ; développer les activités touristiques ainsi que connexes (artisanat, transport, restauration, commerce, micro-finance) etc.
Le département de Madarounfa présente un environnement touristique assez attachant. Il dispose en plus du Lac et les tombeaux des saints, des forêts classées, des potentialités pour la pêche, l’artisanat et un éventail d’activités culturelles. Au bord du lac Madarounfa, à l’inauguration du village touristique, des pêcheurs à l’image des sorkos du fleuve Niger, des chasseurs et autres « Yan takai » avaient fait des démonstrations culturelles mettant en évidence la très riche culture du terroir.
Les participants de Maradi Kolliya avaient observé ces maîtres de l’eau du Lac Madarounfa : piroguiers, conducteurs du « gora » ou simples nageurs s’amuser dans ce lac en pleine crue. Les chasseurs n’étaient pas également en reste avec leurs instruments de chasse et accoutrements comme pour rappeler le rôle joué par leur ancêtre Mada dans l’histoire du Lac.
L’inauguration du tourisme religieux est une idée assez originale. Un village touristique est né à Madarounfa. Une réalité. Les nigériens aimeraient voir l’érection un peu partout des sites touristiques à caractère religieux. De Kiota à Agadez en passant par Kaoura. Et aussi booster le tourisme traditionnel.
Que mille villages touristiques éclosent pour le bien de notre pays à l’image de ce joyau offert aux habitants de Madarounfa. Que les fêtes tournantes continuent au grand bonheur des populations nigériennes !
Elh. Mahamadou Souleymane