MARCHE INTERDITE DU FPR: La violence comme mode d’action politique !

La différence fondamentale qui existe entre les partis politiques et les autres organisations sociales, c’est que les premiers, de par leur objet qui est la conquête et l’exercice du pouvoir, doivent toujours inscrire dans leur démarche la culture de la paix, de l’unité et de la cohésion nationale et bannir toutes formes d’accession au pouvoir autrement que par les urnes.

C’est parce qu’ils ne sont pas comme les autres groupements humains que les partis ont un régime légal spé- cial qui est la charte des partis politiques. Il ne s’agit pas ici d’un cours sur le phénomène partisan proprement dit, mais bien de mener une réflexion féconde sur ce que devrait être l’attitude responsable de tout parti politique dans un pays donné. Malheureusement, au Niger, il nous a été donné de constater qu’il existe des partis politiques dont le comportement varie selon qu’ils sont au pouvoir ou à l’opposition.

Du contrat de sous-traitance du FPR avec la rue

Comme vous le savez, le week-end écoulé, l’opposition réunie au sein du Front Patriotique et Républicain (FPR) avait projeté d’organiser une manifestation publique à Niamey. Suite aux dernières sorties violentes des scolaires dans la capitale, les autorités publiques, par mesures de précaution, avaient jugé utile d’interdire purement et simplement cette sortie inopportune en attendant que le calme et la sérénité revinssent dans la ville. Cette intransigeance de l’opposition de tenir à tout prix cette manifestation étaitelle simplement le fruit du hasard, c’est-à-dire une manifestation spontanée, ou, bien au contraire, une stratégie mûrement réfléchie ?

Rappelez-vous, chers lecteurs, les journées sanglantes du 16,17 et 18 janvier 2015, où, en dépit des tensions extrêmes que vivait le pays, l’ARDR avait maintenu, mordicus, son mot d‘ordre de sortie pour le 18 janvier. Pendant que le pays entier pleurait ses morts (une dizaine de victimes et d’importants dégâts maté- riels), les comploteurs de l’ARDR, contre toute attente, n’avaient trouvé mieux que de maintenir une sortie publique ! Quel acte antipatriotique !

Aujourd’hui, comme si l’histoire se répétait, le FPR, fils immature de l’ARDR, enjambe les pas de son géniteur l’ARDR pour maintenir coûte que coûte son meeting au lendemain des violentes manifestations des scolaires ! Que faisait le FPR pendant tout ce temps pour manquer d’organiser des manifestations publiques en l’absence de tous troubles visibles à l’horizon ? Pourquoi, à chaque fois qu’elle veut manifester, l’opposition attend que quelque chose pouvant atteindre l’ordre public se produise ?

Il faut avouer que cela donne l’image du malfrat qui essaie toujours de tirer parti d’une situation qui peut occuper les gens pendant qu’il commet son forfait ! Si l’opposition n’a pas partie liée avec ces évènements, comme elle veut s’en défendre, pourquoi alors ses mots d’ordre coïncident toujours avec des faits constitutifs d’atteinte à l’ordre public ? Lorsque les faits se produisent de façon itérative, on n’est plus alors dans l’hypothèse de la coïncidence, mais bien en présence d’un plan savamment échafaudé de déstabilisation du pays afin d’amener l’armée à faire irruption sur la scène politique nationale pour écourter l’actuel mandat présidentiel.

En effet, en proie à des dissensions internes, les principaux partis du FPR (MNSD, Lumana et Mahamane Ousmane) ne sont pas, visiblement, prêts à aller aux élections générales de 2016, de crainte d’être laminés au regard de l’éloquent bilan de la renaissance. Cette attitude nous amène à nous interroger, fondamentalement, sur la teneur démocratique de l’opposition politique nigérienne actuelle, tant son comportement et les actes qu’elle pose au quotidien en disent long sur sa nature véritable.

De la posture putschiste du FPR

Les anciens Athéniens ne s’étaient pas trompés dans leurs convictions politiques selon lesquelles, tôt ou tard, l’avenir de l’humanité serait démocratique, tout comme pour les rationalistes, la raison serait le moteur de l’histoire. Aujourd’hui, en ce début du troisième millénaire, force est de constater l’étendue grandissante du terrain conquis par les valeurs démocratiques dans le monde avec l’apparition de partis politiques de masses, de sociétés civiles avantgardistes, d’une presse indépendante et pluraliste et enfin d’une sacralisation des droits de l’homme.

On peut dire de nos jours que la démocratie semble être la rè- gle dans le monde et la dictature l’exception. Cependant, la construction d’un Etat démocratique est une tâche de tous les jours, car les risques de remise en cause du processus démocratique demeurent, hélas, grands. Les expériences malheureuses vécues par le Niger avec le Renouveau démocratique du général Baré en 96 et le Tazarché de Tandja Mamadou de 2009 sont-là pour rappeler que la démocratie n’est ou ne sera viable qu’à la condition qu’il existe des démocrates dans l’âme et non des démocrates de façade qui ne font que profiter de la démocratie lorsque celle-ci sert leurs intérêts personnels.

Ils sont aujourd’hui légion ces faux démocrates charriés par le courant de l’histoire et qui sont venus échouer aux rivages électoraux à leur corps défendant. En effet, lorsque la manœuvre l’emporte sur la conviction, alors triomphe l’équivoque et la politique passe à côté de son objet premier qui est de servir l’intérêt général. Il en est ainsi des animateurs du FPR, ces pseudo-démocrates qui n’ont jamais eu, véritablement, l’âme de démocrates sincères pour porter plus haut les valeurs humanistes de liberté et d’égalité de tous que prône la démocratie.

On ne se comporte pas en véritable démocrate quand on est seulement au pouvoir, mais même à l’opposition, on doit le demeurer. Ce n’est pas, visiblement, le cas des subversifs du FPR, dont le comportement au quotidien ne cesse de troubler les gens, tant ils semblent inscrire leur stratégique politique dans la négativité démocratique en faisant bon marché des principes démocratiques qui ne valent pour eux que quand ils sont aux affaires.

Aujourd’hui, à l’épreuve des faits, on découvre qu’ils sont seulement couverts d’oripeaux démocratiques et ils sont trahis par leur incapacité à se montrer dignes dans l’épreuve de l’opposition. Le PNDS/Tarayya avait passé environ 15 ans à l’opposition, mais jamais, ses dirigeants et ses militants n’avaient perdu la raison et l’espoir pour s’inscrire dans une logique putschiste dans le but d’accéder au pouvoir. Bien au contraire, à chaque fois que le processus démocratique était en péril, le parti rose fut-là pour prendre la tête du mouvement de revendication du retour à l’ordre constitutionnel.

Ce fut déjà le cas sous le général Baré et récemment à l’occasion du Tazarché de Tandja. Le PNDS a toujours eu l’intime conviction que son salut et son avenir résidaient dans l’épanouissement de la démocratie au Niger, et c’est pourquoi ce parti met autant d’énergie pour combattre toutes tentatives de remise en cause de l’ordre démocratique.

Il avait su patienter durant une décennie en portant son combat politique sur le terrain, auprès des masses populaires, en axant son discours politique sur la bonne gouvernance, la démocratie, l’Etat de droit, la lutte contre les inégalités sociales et économiques, bref en développant des thématiques très porteuses pour élargir sa base électorale. C’est par-là qu’était passé le PNDS pour atteindre aujourd’hui les sommets que lui envient ses rivaux dé- chus de l’ARDR et autres frustrés politiques.

Ce parti n’est donc pas sorti de terre du jour au lendemain, comme certains voudraient le laisser entendre, mais il est bien le ré- sultat final d’un long et lent processus arrivé à maturation au prix d’énormes efforts et autres sacrifices qui auront forgé son identité dans le roc. En seulement quatre années d’opposition, l’ARDR est très certainement à bout de souffle, car ses membres avaient appris à vivre de rentes de situation lorsqu’ils étaient aux affaires, dont ils sont aujourd’hui sevrés. Tout son drame actuel est peut-être-là !

ZAK (OPINIONS N° 276 DU 27 OCTOBRE 2015)