Le feuilleton politico-judiciaire du MNSD Nassara débuté il y a presque deux ans, suite à la formation du gouvernement d’union Nationale, vient peut-être de connaitre son épilogue final, à l’issue de la décision de la Cour d’Appel (CA) de Niamey en son audience du 05 octobre 2015. Au terme donc de cet arrêt, la CA a fait droit à la demande du camp Seini Oumarou qui consistait à faire prévaloir la légitimité de son congrès ainsi que les décisions disciplinaires prises à l’encontre de neuf membres du Bureau Politique du MNSD. Ainsi, en termes plus clairs, la légitimité et la légalité du parti reviennent à Seini Oumarou et à ses partisans. Il est bien vrai que le camp Albadé n’a point épuisé toutes les voies de recours en matière de justice, car, il pourrait se pourvoir en Cassation, seulement voilà, le temps pressant, tout dilatoire arrangerait le camp Seini à moins de cinq mois de la tenue des élections générales. Maintenant, la seule question qui vaille d’être posée pourrait être la suivante : enfin de compte, qu’est-ceque Seini aura gagné dans tout cela et quelles sont les perspectives pour le camp des pseudos perdants ? Tels seront les deux axes majeurs de notre dissertation du jour.
Que récolte, en réalité, Seini Oumarou ?
Il est bien vrai qu’à court terme, cette décision de justice apporte une satisfaction morale à Seini Oumarou et ses partisans qui sortent ainsi victorieux d’un long et épique combat judiciaire qui aura duré un peu plus de deux (2) ans et ce, à quelques encablures des élections de 2016. Mais à brève ou longue échéance, cette victoire à la Pyrrhus pourrait s’avérer un fruit quelque peu amer et surtout indigeste pour la consommation.
Enfin de compte, qu’a, réellement, gagné Seini en termes de dividendes politiques mise à part la symbolique de la victoire et le droit d’estampiller le sceau du parti sur la coquille ? Déjà exsangue après le départ de Hama Amadou et ses affidés pour le Lumana, le MNSD Nassara avait beaucoup perdu de sa superbe et n’avait pu se hisser au second tour de l’élection présidentielle que très difficilement, ne dépassant le Lumana, un parti qui venait à peine de naitre, que d’une centaine de mille de voix. A cela était venue s’ajouter cette fracture née de la formation du gouvernement d’union nationale et qui consomme aujourd’hui avec cette décision de justice une deuxième fracture au sein du parti.
Au finish, le MNSD aura perdu beaucoup de plumes dans ces différentes épreuves qu’il a traversées et on peut, légitimement, se demander ce que vaut réellement ce parti après tant de saignée. Le drame dans tout cela, en plus de l’érosion de la base du parti, on assiste également à ce que l’on pourrait appeler ‘’une fuite de cerveaux’’, c’est le départ de la majorité des cadres historiques qui avaient fait, jadis, la renommée du parti dans toutes les contrées du pays. L’hémorragie du départ des cadres s’était déjà sentie sous l’ère Hama, Premier Ministre, pendant les grandes purges que ce dernier avait opérées pour hamiser le MNSD. Cette crise des cadres va s’accentuer avec la création du Lumana et surtout après sa décision de rejoindre la mouvance pour le pouvoir afin, de pouvoir bénéficier d’une impunité pour leur mauvaise gestion passée. Le cas de Tidjani Abdoul-Karim, l’actuel président du groupe parlementaire du MNSD à l’Assemblée nationale, un parfait inconnu au bataillon MNSD il y a cinq ans, est révélateur de cette désertification intellectuelle qui avait frappé le MNSD.
C’est donc de ce MNSD, éclopé, dépourvu de phares politiques, presqu’à terre que Seini Oumarou se prépare à hériter dans quelques jours. Que lui apportera ce MNSD de va-nu-pieds en 2016 aux élections générales ? Sûrement guère beaucoup, car on peut déjà acter, sans risque de se tromper qu’à partir de cette décision de justice, le parti, jadis considéré comme le baobab du Sahel aura vécu.
A présent, quelles perspectives pour le camp des perdants ?
Pour l’instant, on imagine aisément le sérieux coup porté par cette décision au moral du camp Albadé, car perdre un procès est toujours ennuyeux. Mais un grand écrivain du XXème siècle n’écrivait-il pas que le plus dur n’était pas de tomber, mais de pouvoir se relever ? En fait, comme nous l’avions dit plus haut, il ne servirait à rien de s’éterniser dans un interminable procès au regard du temps qui passe et aussi à cause de l’incertitude liée à la résolution judiciaire d’une affaire quelle qu’elle soit.
Aussi, la simple sagesse doublée d’un bon sens élevé recommanderait de regarder à présent dans une nouvelle direction, c’est à dire prospecter de nouvelles pistes en vue de rebondir rapidement sur la scène politique nationale. Cela passe nécessairement, soit par la création d’une nouvelle structure politique, soit en rejoignant des formations politiques déjà existantes. Mais aux dernières nouvelles, nous apprenons que l’option de la création d’une nouvelle structure politique serait la plus privilégiée.
En effet, au cours d’une réunion extraordinaire tenue juste après le délibéré, réunion au cours de laquelle auraient assisté les huit présidents de sections du MNSD, camp Albadé, plus une dizaine de députés de ce bord, l’idée de création d’un nouveau parti politique aurait été examinée. Les prochains jours nous édifieront sans doute davantage sur cette question. Mais quoiqu’il en soit, Albadé et ses partisans disposent d’atouts hyper importants pour ne point appréhender cette nouvelle aventure humaine, car, en règle générale, les gens rechignent à créer un parti de peur que leur électorat traditionnel ne les trahisse.
Pour le camp Albadé, point d’inquiétudes, il est aux affaires et dispose donc de solides moyens financiers, d’autorité morale et surtout un vécu politique pour espérer l’emporter devant ses rivaux. Bon vent donc, chers amis, quel que soit votre choix définitif !
Zak ( OPINIONS N° 273 DU 06 OCTOBRE 2015 )